La grève des éboueurs de la métropole de Lyon se poursuit, les poubelles s'entassent
GROGNE•Les agents d’entretien de la métropole de Lyon sont en grève depuis le 19 mars. Un mouvement social né à l’initiative d’un collectif d’éboueursElisa Frisullo
L'essentiel
- La grève des éboueurs de la métropole de Lyon, entamée le 19 mars, se poursuit.
- Une trentaine de communes situées en périphérie de Lyon sont concernées par le mouvement initié par un collectif d’éboueurs, hors syndicat.
- Ils dénoncent notamment une baisse de leur pouvoir d’achat et réclament une revalorisation salariale.
Dans les rues d’Oullins, les poubelles s’amoncellent sur les trottoirs. Dans cette commune comme dans une trentaine d’autres villes de la métropole, situées en périphérie de Lyon, les ordures ne sont plus ramassées depuis le 19 mars, date à laquelle a débuté la grève des éboueurs. « Cela va nous attirer des rats. Regardez les rues ! On ne voit que des ordures qui débordent des poubelles », peste cette habitante, contrainte ce lundi soir d’abandonner son sac de déchets sur le sol faute de place dans les bacs.
Une semaine après le début du mouvement social, la situation n’est toujours pas débloquée. Et les négociations, entamées entre la métropole et l’intersyndicale (Unsa, CGT, Unicat, Sud), n’ont pour l’heure pas suffit à dénouer la crise. Il faut dire que ce mouvement social est quelque peu inhabituel puisqu’il a été initié par la base, à savoir un collectif d’éboueurs, encadrement compris, hors syndicat. Dans l’urgence du débrayage, une intersyndicale a déposé un préavis la semaine dernière pour encadrer la grève mais tous les agents grévistes ne la jugent pas légitime.
« Cela me fait penser au mouvement des gilets jaunes »
« Cela me fait vraiment penser au mouvement des gilets jaunes. Les agents sont très remontés. Nous sommes donc à leurs côtés pour les accompagner dans ce mouvement et faire remonter leurs revendications mais nous ne sommes pas dans l’intersyndicale. Notamment car nous voulions respecter leur volonté. Ils ne voulaient pas de syndicat », indique Mohammed Messai, secrétaire général adjoint de Force ouvrière à la métropole.
C’est pourtant bien l’intersyndicale, accompagnée par des membres du collectif, qui a été reçue mardi à la métropole pour une réunion de négociations, tandis que dehors, une centaine de « gilets orange » était rassemblée. Les agents, dont la dernière mobilisation avait duré plusieurs semaines en 2012, réclament une augmentation de 200 euros mensuelle, le maintien d’une prime d’intéressement et s’oppose au projet de mono ripeur.
« A force de ne pas remplacer les départs à la retraite, il est envisagé qu’il n’y ait qu’un agent à l’arrière du camion. En termes de sécurité et de charge de travail, ce n’est pas acceptable pour les agents qui ont toujours tourné à deux. Tout seul, ils ne feraient que courir pour suivre la cadence », ajoute Azzedine Touati, secrétaire général FO à la métropole.
Une perte sèche du pouvoir d’achat
L’intersyndicale, qui rappelle que depuis des mois « la direction de la collecte a été alertée d’un risque de conflit », souligne également que la colère des éboueurs fait suite à une « perte sèche de leur pouvoir d’achat ». Une prime d’optimisation de la collecte aurait notamment été supprimée sans concertation.
Si les discussions de ce mardi n’ont pas abouti, la métropole organise ce mercredi une réunion de négociations sur le régime indemnitaire de tous les agents. « Nous n’allons pas traiter la rémunération des agents de la collecte indépendamment de la rémunération des 8.500 autres agents de la métropole. Nous travaillons depuis plusieurs mois pour supprimer les inégalités entre les personnels. Mais cela ne peut se faire que de manière globale », indique à 20 Minutes un porte-parole de la métropole. Lors de cette réunion, «des propositions concrètes seront faites aux organisations syndicales, notamment pour réduire les iniquités des rémunérations.»
D’ici là, les grévistes pourraient de nouveau bloquer l’incinérateur de Gerland mercredi matin. Dès ce mardi soir, des vérifications sont prévues par la métropole sur les sites les plus sensible. «Si des risques sanitaires et liés à la sécurité sont relevés, les ordures seront retirées dès demain», précisent les services.