COMMERCEUtopi'hall, ferme urbaine et magasin de producteurs sous le même toit

Angers: Utopi'hall, une ferme urbaine et un magasin de producteurs sous le même toit

COMMERCEUn hall alimentaire local a été créé très récemment près du MIN (marché d'intérêt national) d'Angers, la même chose pourrait s'installer à Nantes prochainement
David Phelippeau

David Phelippeau

L'essentiel

  • Mi-mars, Victor et Sébastien ont lancé à Angers un magasin de producteurs locaux dans lequel se trouve une ferme urbaine.
  • Le concept est unique en France.
  • Ce même type de hall pourrait voir le jour dans les mois à venir à Nantes.

L’endroit est aéré, lumineux, chaleureux. D’un côté, un piano attend son virtuose. De l’autre, des banquettes encerclent un petit ensemble table et chaises cosy. Bienvenue à Utopi’hall, juste à côté du MIN (marché d’intérêt national) d’ Angers. Ce magasin alimentaire local a ouvert le 15 mars. L’aboutissement d’un projet qui a germé il y a 5 ans dans la tête de Victor Flomont, un des deux associés d’ Utopi’hall. « J’avais pour objectif d’implanter des fermes urbaines dans les endroits disponibles, raconte cet ancien salarié d’une boîte de cosmétique. Ça a commencé sur le toit du théâtre Le Quai à Angers… » Techniquement trop compliqué. La ville lui a alors proposé l’ancien centre de tri laissé à l’abandon. Un bâtiment de près de 270 m2 idéal pour créer « une ferme urbaine accompagnée d’un magasin de producteurs locaux ».

Un double concept unique en France

Un concept unique au niveau national ? « Il existe déjà en France des fermes verticales [cultiver des quantités significatives de produits alimentaires dans des tours, parois ou structures verticales] et des magasins de produits locaux, mais pas les deux ensemble », affirme Victor, 32 ans.

Utopi’hall est donc né. Le nom du magasin angevin n’a pas été trouvé au hasard. « "Utopie" parce que je pense qu’on est dans un concept un peu utopiste, très différenciant et novateur dans sa conception, poursuit Victor. "Hall" car la première fois que je suis rentré dans ce bâtiment, il m’a fait penser à un hall de gare. » On vous rassure la décoration, les odeurs qui s’entremêlent et les matériaux utilisés rendent l’endroit plus avenant qu’un hall de gare… « On veut redonner aux gens l’envie de faire leurs courses alimentaires, insiste Sébastien, 28 ans, l’autre associé de ce projet. Les drives sont très voire trop présents à moins goût. En un clic, vous faites vos courses… »

Caddie en bois, conseils, présence des producteurs

La vraie spécificité de ce magasin se trouve au fond. Deux clientes sont attirées par les couleurs un peu irréelles de la ferme verticale, gérée et exploitée par la société Florentaise, de Saint-Mars-du-Désert en Loire-Atlantique. Des herbes aromatiques poussent derrière les vitres teintées de rose, avec de l’eau recyclée et de la lumière artificielle. Basilic citronné, roquette moutardé, moutarde de Chine etc. Chaque année, sur 130 m2 de ferme au sol, il y a une capacité de production de près d'1 million de plantes aromatiques. « On ne souhaite pas faire pousser des fruits et légumes car on ne veut pas dénaturer le marché local », avoue Sébastien.

Ici, les clients, qui poussent un caddie tout en bois et fabriqué de manière artisanale, prennent leur temps, les responsables et employés du magasin aussi. Dans le « hall du producteur », Victor conseille deux jeunes femmes devant les étals de légumes. Lucie et Agathe découvrent le nouveau magasin angevin. « Moi, je suis attiré par le circuit court, estime Lucie. Là, on est sûrs de la provenance des produits… »

Victor en discussion avec des clientes dans le hall du producteur.
Victor en discussion avec des clientes dans le hall du producteur. - D.P. / 20 minutes

Tout à gauche quand on pénètre dans Utopi’hall, le « hall des curieux » est lui dédié aux associations porteuses de projets novateurs. Des ateliers et animations sont mis en place régulièrement.

Bientôt à Nantes

Valérie, une autre cliente, se dit emballée par ce nouveau lieu. « J’aime tout ce qui est bio… » Victor réfute néanmoins ce terme utilisé selon lui à toutes les sauces. « Le bio se noie un peu en ce moment. Pour nous, il vaut mieux consommer local avec des bons producteurs, plutôt qu’un bio qui vient de je ne sais où. » 60 producteurs, majoritairement du Maine-et-Loire, sont ainsi référencés ici. Victor et Sébastien les ont triés sur le volet. Avec toujours cette même question : « Comment vous travaillez plutôt que combien on va acheter votre marchandise ? Le producteur doit avoir un réel engagement écologique. »

Le concept devrait être décliné ailleurs dans quelques mois. « On va s’installer à Nantes, promet Sébastien, originaire de la cité des ducs. Avec le même concept et on pourrait même aller plus loin. »