Blagues, insultes, gestes déplacés... A l'Assemblée, le harcèlement sexiste et sexuel est encore très répandu
SEXISME•Interrogés sur les auteurs de ces faits, 60% répondent un député ou un autre collaborateur, et 12% le député employeur20 Minutes avec AFP
Des blagues de mauvais goût ou des gestes déplacés. Des collaboratrices parlementaires ont répondu à une enquête sur le « harcèlement sexiste et sexuel » à l’Assemblée nationale lancé par le collectif « Chair collaboratrice ». Les chiffres montrent des actes encore très répandus.
Ce collectif a envoyé le 8 mars un questionnaire sur le « harcèlement sexiste et sexuel » par mail, qui a recueilli 137 réponses, pour deux tiers de femmes (sur quelque 2.000 collaborateurs, à Paris et en circonscription), selon ses résultats publiés mercredi. Sur cet échantillon, une collaboratrice sur deux déclare avoir été « victime de blagues sexistes ou sexuelles » sur son lieu de travail ou lors de missions professionnelles, ou de propos sur son « apparence » ou sa « vie personnelle » dans le même cadre.
30 % n’en ont parlé à personne
Une sur trois dit avoir été « victime d’injures sexistes » ou « d’attitudes insistantes et gênantes » comme des « regards » ou le mime d'« actes sexuels ». Une sur cinq a été victime « d’avances sexuelles » non souhaitées, et une sur six déclare qu’on lui a touché « seins, fesses ou cuisses » contre son gré. Interrogés sur les auteurs de ces faits, 60 % répondent un député ou un autre collaborateur, et 12 % le député employeur. Un tiers des collaboratrices disent n’en avoir parlé à personne.
« C’est révélateur d’une certaine omerta », a déclaré une membre du collectif à l’AFP, estimant que ces faits, touchant « tous les groupes politiques », sont « au même niveau sous cette législature » que sous la précédente. « Les femmes victimes peuvent craindre pour leur emploi », a aussi souligné Andréa Khoshkhou, auditionnée mercredi par le groupe de travail dédié au statut des collaborateurs. Le niveau de harcèlement paraît « sous-évalué », selon Brune Seban, également du collectif.
Une « clause de loyauté »
Elle a évoqué les « particularités » du métier, avec une « clause de loyauté » au député employeur, du travail de nuit et encore « des bureaux qui font office de chambres » autour du Palais Bourbon. Le collectif demande « le gel de la clause de loyauté en cas de dénonciation de situation de harcèlement », « la mise en place d’une cellule d’écoute indépendante » à l’Assemblée, et « la possibilité de saisine du procureur par cette cellule dès accord de la victime ».
La déontologue de l’Assemblée a également préconisé en janvier la création d’une cellule d’écoute, jugeant « insuffisant » le dispositif de prévention et de lutte contre le harcèlement moral et sexuel.