Après avoir menacé de faire «grève des IVG», le syndicat des gynécologues de France fait marche arrière
RETROPEDALAGE•Le syndicat avait invité ses 1.600 adhérents à « être prêts à arrêter la pratique des IVG » pour pousser le gouvernement à régler le cas de 15 médecins condamnés pour erreur médicale20 Minutes avec AFP
Après avoir brandi la menace d'une grève des interruptions volontaires de grossesse (IVG) pour faire pression sur le ministère de la Santé, le syndicat des gynécologues obstétriciens de France (Syngof) a fait marche arrière, ce jeudi, assurant qu’il « n’arrêterait pas la pratique des IVG ».
« Les gynécologues du Syngof soutiennent sans réserve le droit à l'IVG (interruption volontaire de grossesse) », a indiqué le syndicat dans un communiqué. « Il est malheureux de constater » que « le seul moyen aujourd’hui de se faire entendre est de générer une fausse polémique sur les réseaux sociaux dont on n’ignore pas l’impact négatif sur l’image » de la profession « et du Syngof », a-t-il déploré.
« Une prise en otage des femmes » pour Agnès Buzyn
Dans un mail, le syndicat avait invité ses 1.600 adhérents à « être prêts à arrêter la pratique des IVG » pour pousser le gouvernement à régler le cas de 15 médecins condamnés à de lourds dommages pour erreur médicale, non couverts par le fonds de garantie censé prendre le relais des assurances professionnelles au-delà d’un certain plafond. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, avait alors dénoncé « une prise en otage des femmes » ne pouvant servir en « aucun cas » de « levier de négociation » sur un dossier qu’elle suit « de très près ».
L’Ordre des médecins avait également « fermement » condamné une menace « totalement contraire à la déontologie médicale » et pointé les « conséquences potentiellement dramatiques » d’un passage à l’acte.
La secrétaire d’État chargée de l’Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, et des associations féministes sont aussi montées au créneau. Des courriers ont par ailleurs été envoyés à l’Ordre des médecins pour lui demander de sévir.
Des « mesures concrètes à l’encontre de celles et ceux qui sont à l’origine » de la grève
La militante féministe Anaïs Leleux revendiquait ainsi plus de 2.300 mails envoyés jeudi à la mi-journée, via un formulaire en ligne, demandant « les sanctions qui s’imposent » selon elle notamment contre le président du Syngof, le Dr Bertrand de Rochambeau, déjà à l'origine d'une vive polémique en septembre lorsqu'il avait assimilé l'IVG à un «homicide».
aDe même, le collectif interassociatif autour de la naissance a invité l’Ordre à prendre des « mesures concrètes à l’encontre de celles et ceux qui sont à l’origine » de la menace de grève des IVG. De son côté, le Syngof assure qu’il « ne faiblira pas devant le problème de couverture assurantielle » qu’il dénonce « depuis de nombreuses années ». Il réclame sa résolution via la loi santé actuellement examinée par les députés en commission ou un rendez-vous avec Agnès Buzyn.