LEVOTHYROX«On nous a fait passer pour des affabulatrices» s'insurgent les plaignantes

Affaire Levothyrox: «On nous a fait passer pour des hystériques ou des affabulatrices», le cri de colère des plaignantes déboutées par la justice

LEVOTHYROXLe Tribunal d’instance de Lyon a donné raison à Merck estimant qu’il avait œuvré dans les règles et écartant « tout défaut d’information »
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • Le tribunal d’instance de Lyon a débouté mardi les 4.115 plaignants qui attaquaient Merck pour défaut d’information au sujet de la mise sur le marché de la nouvelle formule du Levothyrox.
  • Il a estimé que le géant pharmaceutique avait œuvré dans les règles.
  • Les malades, en colère, ont fait savoir qu’ils allaient continuer le combat.

Une surprise ? « Non, on savait que le risque existait », concède Christophe Leguevaques. L’avocat des 4.115 plaignants ayant attaqué Merck pour « défaut d’information », avoue toutefois sa « déception » et « son sentiment de frustration ». Mardi, le tribunal d'instance de Lyon a débouté les malades de la thyroïde.

Ces derniers estimaient que le géant pharmaceutique avait manqué à son devoir en omettant de les informer du changement de formule de son médicament, le Levothyrox. Le tribunal en a décidé autrement, au grand regret d’Elizabeth, l’une des plaignantes.

La possibilité de faire appel

« Cela fait 30 ans que je prends du Levothyrox le matin. Si vous pensez que je regarde chaque jour la notice pour vérifier que la composition a changé. Ils auraient pu mettre une étiquette sur les boîtes stipulant : Nouvelle Formule », s’agace-t-elle. Un détail qui aurait pu lui changer la vie. Au lieu de cela, la sexagénaire a souffert pendant huit mois des effets du nouveau médicament : crampes, malaise, perte de mémoire, perte des mots, fatigue…

«On savait très bien d'après les précédents cas observés dans d’autres pays que 300.000 personnes n’allaient pas supporter le changement de formule mais la justice répond : Circulez, il n’y a rien à voir. Ce n’est pas tolérable », s’insurge Christophe Leguevaques qui hésite entre la possibilité de faire appel ou de porter cette fois, l’affaire devant le tribunal de grande instance.

« On a l’impression que les pouvoirs publics tentent de minimiser la gravité de la crise »

« On a l’impression que les pouvoirs publics tentent de minimiser la gravité de la crise. Au lieu de retirer le médicament, rien ne se passe. On a laissé les malades face à leur destin, face à leurs maux », déplore-t-il avant d’ajouter : « Nous avons perdu la première bataille mais pas la guerre. Aujourd’hui, nous attendons que le cri et la souffrance des malades soient entendus ».

Dominique est prête à se battre encore. « La vérité dérange », assène-t-elle, persuadée que « dans vingt ans », elle sera « reconnue en tant que victime, comme pour le médiator ». En attendant, elle déplore la décision des juges lyonnais. « Merck a mis du poison sur le marché », s’énerve-t-elle.

« C’est tout simplement honteux », ajoute Brigitte, qui redoute déjà de devoir continuer son traitement avec la formule actuelle. Son stock d’anciens médicaments est bientôt épuisé. « Je n’ai pas envie de retomber plus bas que terre. Mes enfants ne m’ont pas toujours compris. Mon médecin a même pensé à une dépression au départ. Puis à la maladie d’Alzheimer. J’ai été une loque pendant plusieurs mois », raconte-t-elle. « On nous a fait passer pour des hystériques ou des affabulatrices. Aujourd’hui, on nous dénigre tout simplement », regrette Elizabeth, déterminée à « aller jusqu’au bout ».