VIDEO. Lyon: Pourquoi les trottinettes fleurissent par centaines sans règle encadrant leur déploiement ?
MOBILITES•La mairie de Lyon évoque un vide juridique entourant la place des trottinettes électriques en libre-service en ville et limitant les règles pour encadrer leur usage et leur déploiementElisa Frisullo
L'essentiel
- A Lyon, cinq opérateurs ont déployé des trottinettes électriques en free floating (sans station).
- Mais contrairement à d’autres villes de France, leur déploiement et leur usage ne sont pas réglementés.
- En cause selon la mairie : Le flou juridique qui encadre ces engins.
Lorsque les premiers engins ont débarqué fin septembre, ils n’ont pas manqué de susciter la curiosité des Lyonnais et de réjouir les adeptes de nouvelles mobilités. A l’engouement des débuts sont venus s’ajouter ces derniers temps les interrogations et les doléances de nombreux habitants, agacés de voir les trottinettes déposées partout en ville en beau milieu d’une rue ou d’un trottoir.
Après Lime, la première société à avoir installé ses trottinettes électriques en free floating (sans station), quatre autres opérateurs ont déployé leurs engins en libre-service ces dernières semaines à Lyon. Et ce, sans véritable règle.
D’autres villes ont pris des dispositions
Dans plusieurs autres grandes villes de France, les municipalités ont pris des mesures pour éviter l’envahissement de l’espace public et réglementer l’usage des trottinettes. A Nice, où deux opérateurs doivent débarquer sous peu, le maire a prévenu que « le déploiement sera strictement encadré ainsi que l’utilisation de ces engins ».
A Strasbourg, pour installer leurs trottinettes, les sociétés devront signer une charte avec la mairie et payer une redevance. Et à Marseille, une convention d’occupation temporaire de l’espace public régit l’installation et l’usage de ces engins en free floating. Alors, pourquoi pas à Lyon ?
« On ne peut pas faire une convention d’occupation commerciale du domaine public ni faire sanctionner par la police municipale un engin qui n’existe pas au niveau de la réglementation. Si un opérateur veut installer des trottinettes électriques, une ville n’a pas à dire oui ou non. On s’exposerait à des recours devant le tribunal administratif », indique à 20 Minutes Jean-Yves Sécheresse, adjoint lyonnais en charge de la sécurité et de la tranquillité publique.
« Il va falloir que la ministre se réveille »
Ce dernier, favorable au développement de nouvelles mobilités, fait référence au vide juridique qui entoure le déploiement et l’usage du free floating et notamment des trottinettes à assistance électrique. Un flou qui permet, selon la mairie, aux opérateurs de se déployer sans avoir à demander une quelconque autorisation tant que la loi d’orientation des mobilités ne sera pas passée.
a« Il va falloir que la ministre se réveille à ce sujet et accélère les choses. Elle aurait très bien pu prendre des décisions pour encadrer ces engins et les intégrer ensuite dans la loi. Là, elle laisse les collectivités gérer », s'agace Jean-Yves Sécheresse, prêt à réagir dès que la réglementation aura évolué.
Une redevance prévue après la loi
La mairie de Lyon prévoit notamment la mise en place d’une redevance et d’une convention d’occupation temporaire de l’espace public. D’ici là, elle a demandé aux opérateurs qui sont venus se présenter à elle, à l’instar de Lime, de respecter la charte pour les vélos en libre-service sans station, récemment instaurée. La start-up joue le jeu, pour l’heure, et a notamment retiré ses trottinettes les jours de mobilisation des « gilets jaunes ».
La société devrait participer à une formation et une opération prévues prochainement par la ville pour sensibiliser le public au bon usage de ces engins. « Nous avons des messages de respect et de partage de l’espace public à faire passer. Ce n’est pas normal que des usagers laissent leur trottinette n’importe où dans la rue ou sur le trottoir », souligne l’adjoint. Des casques seront aussi distribués à cette occasion pour rappeler la nécessité de se protéger en cas d’incidents.