VIDEO. Loire-Atlantique : Une vague de protestation contre un projet de surf park, à 10 km de l’océan
ENVIRONNEMENT•Un projet de bassin avec vague artificielle suscite la contestation, parmi les habitants de Saint-Père-en-Retz, en Loire-AtlantiqueJulie Urbach
L'essentiel
- Un projet privé de surf park, soutenu par la mairie, doit s'installer d'ici quelques années à Saint-Père-en-Retz.
- Ce dimanche, alors que des critiques montent, plusieurs centaines de personnes ont manifesté pour demander « la préservation des terres agricoles ».
«Le surf c’est dans la mer, pas à Saint-Père ! » « Surfeur d’eau douce, facture salée ! » Scène peu habituelle à Saint-Père-en-Retz. Ce dimanche matin, cette petite commune de Loire-Atlantique, située à une dizaine de kilomètres de la côte et à une cinquantaine de Nantes, a vu défiler plusieurs centaines de personnes de tous âges munies de pancartes et d’instruments de musique. Sous le soleil et dans une ambiance bon enfant, la foule a déambulé dans le bourg avant de rejoindre les salles de réception de la Bergerie. C’est juste derrière, sur un terrain agricole privé d’environ 6 ha, que doit s’installer un surf park. « La mobilisation est une grosse réussite, la résistance s’ancre, se félicite Hubert Morice, agriculteur du collectif Terres communes. Nous voulons l’abandon du projet, l’arrêt de cette urbanisation qui détruit nos terres. »
Ce que ces opposants (venus du Pays de Retz, mais aussi de Saint-Nazaire voire de Nantes) redoutent, c’est l’arrivée d’ici à 2021 ou 2022 de ce complexe de loisirs « jamais vu en France ». Le Bergerie surf camp, c’est son nom, permettrait aux fans de glisse débutants ou confirmés de pouvoir pratiquer le surf toute l’année sur une vague artificielle (de quelques centimètres à 2m de haut), au cœur d’un grand bassin de 200 m de long. Le projet, 100 % privé mais qui a le soutien de la mairie et de la communauté de communes, prévoit aussi un espace de restauration, une salle de séminaire, quelques bureaux et un dortoir. Une structure dont le coût s’élèverait à plus de 10 millions d’euros et permettrait la création de 15 à 35 emplois. Environ 30.000 surfeurs par an (à partir de 25 euros l’heure) y sont attendus. Les écoliers de la région pourraient aussi y avoir accès.
Les porteurs du projet se défendent
Mais en face, la riposte grandit. Les militants, qui ont reçu le soutien de la France Insoumise et de plusieurs associations environnementales, ont déjà déposé un recours gracieux après que le conseil municipal de Saint-Père en Retz a amendé, fin décembre, son Plan local de l’urbanisme (PLU), dans le but de permettre l’installation de la base de loisirs. Dans une pétition en ligne qui a dépassé les 2.000 signatures, ils dénoncent « un projet insensé, à 10km de l’océan », « opaque », et appellent à « la préservation des terres agricoles ».
Des critiques « erronées », répondent les porteurs de projet, jusque-là restés très discrets. « Nous ne construisons pas un Center Parc, assure Thibaut, de la société Nouvelle Vague, contacté par 20 Minutes. Il faut rappeler qu’en compensation du terrain, 12 hectares seront reclassées en surfaces agricoles pérennes, et 35 hectares qui devaient être construits ne le seront pas. Notre but est vraiment d’avoir le plus faible impact environnemental possible : pour la vague, la technologie choisie est peu énergivore. Notre souhait est même de tendre à l’autosuffisance l’été, grâce à des panneaux photovoltaïques et à la récupération de l’énergie des vagues. Quant aux 25.000 m³ d’eau, ils seront stockés et filtrés, donc nul besoin de vider le bassin régulièrement. »
Une nouvelle ZAD ?
Reste à savoir de quel côté le vent va tourner. Les entrepreneurs, des surfeurs passionnés dont l’objectif est de « démocratiser la pratique », devraient bientôt organiser une réunion avec la population pour « tenter de dédiaboliser ce projet ». « On va continuer de se battre en sensibilisant les gens, en allant sur le terrain juridique, promet quant à lui Hubert Morice. Mais si ça ne suffit pas, on n’exclut pas d’occuper la zone, en faire une nouvelle ZAD ! »
De son côté, le maire de Saint-Père réaffirme que « tout sera mis en œuvre pour compenser la perte d’activité du propriétaire, lui-même favorable au projet ». Jean-Pierre Audelin, qui voit dans ce futur surf park « un formidable moyen de faire tourner l’économie locale » de la commune, se dit confiant. « Ça m’étonnerait que ça n’aille pas jusqu’au bout ».