EDUCATIONQuand Grand Corps Malade apprend le slam à des collégiens migrants

VIDEO. Lyon: Quand Grand Corps Malade apprend le slam à des collégiens migrants

EDUCATIONL'artiste est venu, mercredi après-midi dans un collège de Bron, animer un atelier auprès de 17 élèves allophones
Grand Corps Malade et Mc Solaar ont animé un atelier de slam à Bron auprès de collégiens migrants.
Grand Corps Malade et Mc Solaar ont animé un atelier de slam à Bron auprès de collégiens migrants.  - C. Girardon / 20 Minutes
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • Grand Corps Malade a animé, mercredi après-midi, un atelier de slam dans un collège de Bron. Son public? Des collégiens migrants ayant posé leurs valises entre Rhône et Saône il y a quelques mois seulement.
  • Leur enseignante les fait travailler sur des textes de slam pour apprendre les bases du français.

Jongler avec le verbe. Jouer sur les mots. Les élèves allophones du collège Joliot-Curie de Bron près de Lyon, ont eu droit à une leçon de français toute particulière. Jeudi après-midi, Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade a endossé le costume de professeur. Le temps d’un atelier, animé en compagnie de son complice Mc Solaar.

L’objectif ? Exprimer ses idées, ses sentiments ou ses émotions à travers l’apprentissage de la poésie et plus spécifiquement du slam. Un défi pour les 17 élèves, venus des quatre coins du globe, qui ne parlaient pas un seul mot de Français il y a encore quelques mois. Enfants migrants, mineurs isolés, ils ont débarqué entre Rhône et Saône, sans en maîtriser la culture, ni la langue. Certains ont squatté la rue avant d’intégrer les bancs du collège. D’autres dorment encore dans une voiture le soir après l’école.

Un projet fédérateur

Ici dans la « salle 111 », Alexia, Séku, Marina, Noda, Andreï, Paulo, Eter ou Ilyass bénéficient d’un programme spécial. Apprendre les rudiments du Français avant de pouvoir intégrer dans l’année les autres cours, dispensés dans le cadre d’un cursus scolaire classique. Pour cela, Inès Abed, leur enseignante, a misé sur le slam.

« Les musiques urbaines leur parlent davantage. Ils ont plus de faciliter à s’exprimer à l’oral. La dernière fois, on leur a demandé de se présenter en une minute à partir du texte Vu de ma fenêtre », explique-t-elle. « Ce projet de slam, mené tout au long de l’année, est fédérateur. Ils font rapidement des progrès. Pourtant, il n’est pas évident de se mettre à nu et encore, moins dans une langue qui n’est pas la sienne », observe-t-elle.



De la brousse à la banlieue

Séku, qui vivait dans la brousse ivoirienne, n’avait jamais été scolarisé. Il n’avait même jamais écrit, parlant seulement le dialecte de sa région. Sa spontanéité a touché Grand Corps Malade, ayant demandé aux élèves d’écrire un quatrain en travaillant les rimes. « J’ai des enfants. J’imagine comment ils pourraient réagir s’ils se retrouvaient dans un pays qu’ils ne connaissent pas avec des camarades qui ne parlent pas la même langue. Cela peut être très violent », souligne l’artiste.

Auteur d’une chanson intitulé Au feu rouge, dans laquelle il évoque l’histoire d’une réfugiée, le chanteur avoue que le thème lui « parle » et qu’il n’a fallu guère de temps pour le convaincre de venir à Bron. « C’est émouvant de les voir découvrir le Français. Après leur parcours, ils sont en train de se reconstruire ici », ajoute-t-il. « Par ce biais ludique, ils travaillent, ils récitent, ils font des blagues. Plus c’est rigolo, plus ça reste en tête, complète Mc Solaar. Mais au-delà, cela apporte la confiance en soi, cela permet de parler en public et c’est fantastique. »