SONDAGELa ville moyenne, ville idéale selon 43 % des Français

Vivre en ville en 2019 (1/7): La ville moyenne, ville idéale, selon 43% des Français

SONDAGELe « Baromètre des Territoires Ipsos – Villes de France », publiée ce mercredi, révèle un clivage entre les villes moyennes et les métropoles
Laure Cometti

Laure Cometti

Les Français des villes moyennes sont-ils plus heureux que ceux des métropoles ? C’est ce que révèle une enquête réalisée par Ipsos pour Villes de France* (une association d’élus de communes et agglomérations de taille infra-métropolitaine), publiée ce mercredi. Les habitants des villes de 10.000 à 100.000 habitants interrogés se disent plus satisfaits de leur cadre de vie que ceux des métropoles, de Paris et des zones rurales. Ils expriment toutefois un sentiment d’abandon de l’Etat.

« La tranquillité, le calme », le « sentiment de sécurité », la « proximité de la nature », l'« offre de transport » et le « cadre de vie urbain et paysager » sont les cinq critères que les Français recherchent le plus. Sur tous ces critères, les habitants des villes moyennes affichent les taux de satisfaction les plus élevés, sauf pour les transports.

Pour 32 % des sondés, la taille idéale d’une ville « pour y vivre » est comprise entre 5.000 et 30.000 habitants. Ils sont 43 % à préférer vivre dans une ville moyenne contre 35 % dans une commune rurale et 22 % dans une grande ville.

Toutefois, cela n’a semble-t-il pas d’impact sur la démographie de ces villes. « Leur croissance démographique est moins intense que celle des métropoles. Certaines villes moyennes perdent même des habitants, comme Nevers ou Forbach », observe Frédéric Santamaria, maître de conférences en aménagement de l’espace et urbanisme à l’université Paris Diderot.

Services publics, emploi… Des inquiétudes propres aux villes moyennes

Comment l’expliquer ? L’étude révèle également que les habitants des villes moyennes perçoivent leur territoire comme moins attractif en matière d’emploi. Ils ont également le sentiment que l’offre en matière de santé et de services publics s’est dégradée.

Derrière cette perception, il y a une « réalité incontestable » selon Frédéric Santamaria. « Dès les années 2000, les gouvernements ont mis en place une révision générale des politiques publiques et les grands services publics ont connu une diminution assez forte qui a principalement touché les villes de moins de 50.000 habitants. Cela concerne particulièrement la justice et la santé : concrètement des tribunaux ont fermé, des lits ont été supprimés dans des hôpitaux, quand ce ne sont pas des établissements entiers qui ont fermé », poursuit le spécialiste des villes moyennes.

Le sentiment que leur centre-ville est « en train de mourir » (partagé par 86 % des habitants des villes moyennes, comme dans les zones rurales, contre 76 % à Paris et 74 % dans les métropoles) découle aussi d’un phénomène réel. Selon l'agence Procos, qui évalue chaque année le taux de vacance commerciale (les locaux commerciaux vides) dans l’Hexagone, les villes de moins de 200.000 habitants sont plus en difficulté que les métropoles.

Les métropoles tirent leur épingle du jeu

Malgré ces difficultés, les Français interrogés ont le sentiment que les villes moyennes ne sont pas privilégiées par les politiques publiques. Les « chouchous » seraient les métropoles et Paris.

« Depuis une vingtaine d’années, les villes moyennes ne sont pas dans le viseur des politiques publiques d’aménagement, donc ce n’est pas très étonnant qu’elles se sentent un peu hors-jeu, surtout quand en parallèle des investissements massifs sont faits, par exemple pour le Grand Paris express », appuie Frédéric Santamaria.

« Les métropoles ont été très valorisées, en termes d’aménagement, et aussi grâce à des moyens supplémentaires de gouvernance [avec la formation de grandes métropoles], dans un contexte d’économie mondialisée », poursuit le chercheur. D’où un clivage entre « les métropoles, gagnantes des politiques publiques et de la mondialisation », et les villes moyennes. Un schéma à nuancer toutefois : « des recherches montrent qu’une 'redistribution silencieuse' s’opère, des territoires productifs vers les moins productifs, grâce au système de santé et de retraites ».

* Étude réalisée par internet via le panel Ipsos sur la période du 23 au 30 octobre 2018, auprès de 1.600 Français, 4 échantillons de 400 personnes résidant dans des zones rurales, des villes moyennes (10 000 à 100 000 habitants), des Métropoles (150 000 à 500 000 habitants) et dans Paris et la première couronne (représentatifs en termes de sexe, d’âge, de profession de la personne de référence du ménage et de région).