Baromètre des territoires (5/7): Comment Tarare tente de dynamiser la vie de ses commerces pour échapper au syndrome ville morte
REPORTAGE•Le premier baromètre des territoires réalisé pour l’association des villes de France fait apparaître un clivage entre les grandes métropoles, qui seraient les « chouchous » des politiques publiques, et les petites villes. Ces dernières souffrent notamment dans le domaine des commerces. Exemple à Tarare près de Lyon, où toute une stratégie est mise en place pour redynamiser les enseignes de proximitéCaroline Girardon
L'essentiel
- Ancien fleuron de l’industrie textile, Tarare fait partie des villes qui, en raison de l’urbanisation périphérique notamment, a vu progressivement son centre-ville se vider de ses commerces.
- Aujourd’hui, la commune compte 13 % de locaux commerciaux vacants.
- Une situation à laquelle tente de remédier la ville, qui fait partie des 222 communes intégrées au programme « Action cœur de ville ».
Une ville nichée « entre Paul Bocuse et les frères Troisgros ». Située à 45 kilomètres de Lyon et autant de Roanne, Tarare, bourgade de 11.000 habitants, a subi de plein fouet les conséquences de la mondialisation. Ancien fleuron de l’industrie textile, la ville a vu son activité péricliter dès le milieu des années 70. La paupérisation s’est développée et le phénomène n’a eu de cesse de s’amplifier les deux décennies suivantes.
>> Notre dossier sur le baromètre des territoires
Un exemple parmi tant d'autres d'un sujet qui préoccupe les habitants des villes moyennes selon le baromètre des territoires IPSOS-Villes de France : si 71% jugent l'offre commerciale satisfaisante, c'est bien inférieur aux grandes agglomérations, et surtout 86% des habitants des villes moyennes estiment que les centre-villes sont en train de mourir.
A Tarare, l’urbanisation périphérique, qui a découlé de cette période, a eu pour conséquence de « dévitaliser le centre-ville ». De nombreuses enseignes de proximité ont mis la clé sous la porte et l’avènement des ventes en ligne n’a pas arrangé la situation.
13 % des commerces vacants
Aujourd’hui, Tarare recense 180 commerces mais compte 13 % de locaux vacants. Une situation à laquelle tente de remédier la ville, qui fait partie des 222 communes de France, intégrées dans le programme « Action cœur de ville », mis en place par le gouvernement. L’Etat va débloquer cinq milliards d’euros sur cinq ans afin de donner un coup de pouce aux « villes moyennes » et « ramener de la vie en centre-ville ».
« Cela va constituer un accélérateur dans la mise en place de nos projets », réagit Bruno Peylachon, le maire de Tarare, précisant avoir obtenu une aide supplémentaire de 1,8 million d’euros de la région. En lien avec la COR, communauté d’agglomération de l’Ouest Rhodanien, la ville a commencé par instaurer une pépinière d’entreprises.
Des loyers progressifs
« Il s’agit d’aider les commerçants à s’installer chez nous en proposant par exemple des loyers progressifs. Pendant deux ans, ils paient un loyer en dessous des prix du marché », explique l’élu. Le chef Philippe Bellan, qui gère le restaurant The Popotte et deux autres établissements, a été le premier à en bénéficier.
« Lorsque le commerce dans lequel je travaillais a fermé en 2015, la mairie est venue me trouver en me demandant de rester », précise-t-il avant d’ajouter : « La première année, en tant que sous-locataire, j’ai obtenu une réduction de 35 % de loyer et de 15 % la seconde. Le fait d’être aidé par la ville m’a surtout été très utile pour convaincre les banques de me prêter l’argent nécessaire ».
« Click and Collect » et service de conciergerie
Parmi les autres pistes de réflexion pour redynamiser les commerces : « Le click and collect ». Un service qui permettrait aux consommateurs de commander en ligne dans les enseignes du centre-ville pour ensuite retirer leurs articles dans l’une des boutiques de proximité. Mais aussi un système de conciergerie. « 5.200 emplois se trouvent à Tarare. L’idée serait de pouvoir faciliter la vie des salariés, qui viennent de l’extérieur. Prenons l’exemple d’un costume à apporter au pressing. Un service viendrait chercher la pièce sur le site où travaille l’employé, l’emmènerait au pressing et le rapporterait ensuite à la personne », détaille Bruno Peylachon.
Grâce à ces mesures, « l’objectif serait, d’ici à quelques années, de descendre en dessous des 10 % des commerces vacants. Cela prendra du temps mais la ville va se transformer », promet le maire, qui voit d’un bon œil la récente implantation du géant pharmaceutique Boiron sur ses terres et l’achèvement de la liaison entre les autoroutes A89 et A6, plaçant désormais Tarare à 30 minutes de Lyon.