Son nom a rapidement circulé en Isère. Mamoud Diallo est devenu en quelques heures un héros. Le jeune Guinéen de 20 ans, demandeur d'asile et commis de cuisine stagiaire dans une association à Autrans, s’est distingué en venant au secours de l’une de ses jeunes collègues de travail.

Les faits remontent à mardi dernier, le 29 janvier. La victime, qui œuvrait en cuisine, a été menacée par un collègue, pris de folie. Muni d’une scie à découper la viande, l’individu s’est ensuite saisi d’un couteau pour blesser grièvement la jeune femme au visage.

Orphelin et analphabète

Alerté par des cris alors qu’il ramassait les assiettes des vacanciers dînant dans une pièce voisine, Mamoud Diallo s’est précipité sur lui et est parvenu à le maîtriser. Malgré son petit gabarit, le demandeur d’asile, orphelin et analphabète, est parvenu à maintenir son supérieur, bien plus imposant, à l’éloigner de la victime, et à le calmer.

« Il lui a dit "Chef, il ne faut pas toucher aux filles" », a raconté le maire d’Autrans, Hubert Arnaud. « Je pense qu’il l’a fait spontanément, sans réfléchir », poursuit l’élu, vantant ses qualités d’homme « discret, gentil, bosseur, agréable ». « Je suis fier et content », s’est timidement livré Mamoud Diallo, reconnaissant avoir « pris des risques ».

« C’est un petit bonhomme avec une âme de guerrier »

A l’adjudant-chef Ludovic Brassac, qui a mené les auditions dans cette affaire, Mamoud Diallo a dit « qu’il voulait rester en France, et qu’il était fier d’avoir défendu une Française comme son grand-père avait combattu pour la France lors de la Première Guerre mondiale ». « C’est un petit bonhomme avec une âme de guerrier », estime le gendarme.

En France depuis un an, soutenu au quotidien par plusieurs Isérois, Mamoud Diallo aimerait être régularisé. « J’ai espoir », a-t-il confié. Les gendarmes ont appuyé sa demande auprès de la préfecture de l’Isère. « J’espère que ça pourra aboutir, parce que c’est mérité », considère Hubert Arnaud.