Nantes : Comment de petites caméras font « baisser la pression » chez les contrôleurs de la TAN
SECURITE•Depuis six mois, les agents de contrôle sont équipés de caméras piétons, fixées sur leur busteJulie Urbach
L'essentiel
- Les agents de contrôle des transports en commun nantais disposent désormais de caméras piétons.
- Lancé en juillet, le dispositif vise à répondre aux nombreuses agressions physiques et verbales à l'encontre des contrôleurs.
- Six mois plus tard, le bilan semble concluant
Les usagers des transports en commun nantais l’ont sûrement remarqué. Depuis la fin du mois de juillet, après le feu vert de la Cnil, les personnels chargés du contrôle des billets à bord des bus et des trams sont équipés de petites caméras. Le dispositif, fixé sur le buste des agents, avait été réclamé par les syndicats afin de répondre au problème des agressions (verbales ou physiques) dont ils sont fréquemment victimes. Et six mois après, presque jour pour jour, le premier bilan est « très positif », indique la direction de la Semitan.
Pascal Lucas, délégué CFDT et secrétaire du CHSCT de la Semitan, partage ce constat. Selon lui, la trentaine de caméras (il y en a en général une par binôme) a permis « d’apaiser la situation dans 80 à 90 % des cas ». « Quand on commence à se faire insulter ou bousculer et que l’on sent que la situation peut dégénérer, on a pour consigne de prévenir la personne en face que l’on va enclencher la caméra, rapporte celui qui est également contrôleur. Souvent, il n’y a même pas besoin de le faire, ça calme l’énervement. Au final, ça fait baisser la pression. »
De nouvelles caméras
Car ces petites caméras-piétons, qui ont fait leurs preuves depuis plusieurs années dans les transports en commun angevins, ne tournent évidemment pas tour le temps. Par contre, lorsqu’un agent décide de l’enclencher, une mémoire-tampon permet de stocker les images de la minute qui précède, « pour avoir du contexte ». « Ensuite, seules quelques personnes à la Semitan sont habilitées à visionner les vidéos, précise Didier Sauvetre, délégué CFDT. La police ou la justice peuvent demander à les utiliser uniquement dans le cadre d’une enquête. »
« C’est ce qui fait que je me sens un peu plus protégée, si jamais il m’arrive quelque chose, commente une contrôleuse, qui travaille à la TAN depuis quatre ans. A mon avis, la caméra en elle-même ne dissuade pas les vrais énervés, et il y en a ! » Si l’on pouvait craindre que certains usagers se sentent surveillés, le dispositif susciterait peu de remarques et même, à l’inverse, des réactions surprenantes : « On a des gens qui viennent faire la grimace devant l’objectif, continue cette employée. C’est assez bon enfant ! »
La direction de la Semitan, qui indique que la phase de test va durer encore six mois, en tirera officiellement un bilan à ce moment-là. Mais d’après Pascal Lucas, qui réclame davantage de moyens policiers, l’outil n’a pas évité une montée des incivilités sur le réseau en 2018. Selon lui, de nouvelles caméras auraient cependant déjà été commandées. Elles seront attribuées aux équipes d’intervention et de prévention.