Obésité, sous-alimentation et changement climatique: Des scientifiques alertent sur le lien entre ces trois maux
LIENS•« Ces vingt dernières années, obésité, dénutrition et changement climatique ont été considérés séparément », dénoncent des spécialistes…20 Minutes avec AFP
L'obésité, la malnutrition et le changement climatique « ont des moteurs communs » et représentent une même menace pour l’humanité, expliquent des experts dans un rapport, publié ce lundi dans la revue médicale britannique, The Lancet. Ces derniers préconisent de mettre en place des solutions complémentaires pour combattre ces trois maux.
Les « moteurs communs » ? « De puissants intérêts commerciaux, une réponse politique insuffisante et un manque de mobilisation de la société civile ». Par conséquent, les solutions doivent elles aussi être communes, estiment ces spécialistes.
« Ces trois phénomènes interagissent »
« Ces vingt dernières années, obésité, dénutrition et changement climatique ont été considérés séparément et la lenteur des réponses politiques est inacceptable », explique le rapport. « Ces trois phénomènes interagissent : le système alimentaire est non seulement responsable des pandémies d'obésité et de dénutrition, mais génère aussi 25 à 30 % des émissions de gaz à effet de serre », assurent les spécialistes, qui pointent en particulier « l’élevage de bétail ».
« Nos systèmes de transport dominés par la voiture favorisent un mode de vie sédentaire (avec trop peu d'activité physique) tout en générant de 14 à 25 % des émissions de gaz à effet de serre ». Selon ce rapport, le système de production alimentaire (basé sur des « multinationales de la nourriture et de la boisson focalisées sur les profits »), les politiques agricoles, les modes de transport et l’urbanisation sont donc les différents maillons d’une même chaîne, qui étrangle l’humanité et la planète.
Le changement climatique pourrait aggraver la sous-alimentation et l’obésité
« Sous-alimentation et obésité vont sans doute être considérablement aggravées par le changement climatique », prédisent les experts. Les phénomènes climatiques extrêmes, comme les sécheresses, pourraient à la fois priver certaines populations de nourriture et faire monter le prix des fruits et légumes, ce qui augmenterait la consommation d’aliments industriels.
Les spécialistes préconisent une réponse globale qui doit passer par des politiques de santé publique (recommandations en faveur de régimes alimentaires sains, promotion de l’activité physique…) et des politiques budgétaires et fiscales (financement de modes de production durables, taxes pour faire baisser la consommation de viande rouge ou favoriser le transport non motorisé…).
Les multinationales de l’alimentaire encadrées de la même manière que celles du tabac
Pour les auteurs du rapport, les multinationales de l’alimentaire doivent être encadrées de la même manière que celles du tabac. Ils proposent la création d’une « convention-cadre sur les systèmes alimentaires », calquée sur la convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLA). Ce texte, adopté en 2003 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), vise à réduire la consommation de tabac mais aussi à lutter contre le lobbying de cette industrie pour limiter son influence sur les politiques publiques.
« Les points communs (entre l’industrie de la malbouffe et celle du tabac) sont les dégâts qu’elles provoquent et le comportement des entreprises qui en tirent profit », ajoute-t-il. Selon l'OMS, 1,9 milliard d'adultes dans le monde sont en surpoids, dont 650 millions sont obèses, ce qui est un facteur de risque pour le diabète, les maladies cardiovasculaires et le cancer. Dans le même temps, 462 millions d'adultes souffrent de maigreur.