INNOVATIONAdieu cuillère et fourchette, la Georgette débarque à la cantine du lycée

Toulouse: Adieu cuillères et fourchette, la «Georgette» débarque à la cantine du lycée

INNOVATIONDéjà sur les tables des grands chefs étoiles, la « Georgette », un couvert innovant « made in Ariège », est utilisée depuis lundi en restauration collective…
Béatrice Colin

Béatrice Colin

L'essentiel

  • La « Georgette », un couvert innovant « trois en un », est désormais utilisée par le restaurant scolaire du lycée international de Colomiers.
  • Conçue en Ariège, la « Georgette », lauréate du concours Lépine en 2016, est déjà sur les tables de nombreux restaurants étoilés.

Et si les cuillères et fourchettes disparaissaient des tables françaises après y avoir trôné pendant plus de quatre siècles ? Une petite révolution, sortie de la tête d’un Ariégeois, est en train de faire son chemin.

Après s’être invitée dans les restaurants des plus grands chefs étoilés, de Georges Goujon à Franck Renimel, la « Georgette » a fait son entrée en début de semaine sur les plateaux de cantine des élèves du lycée international Victor-Hugo, à Colomiers.

Une première pour ce couvert innovant « trois en un » créé par Jean-Louis Orengo. Après l’avoir rencontré sur un salon professionnel, le cuisinier de l’établissement scolaire a proposé à la direction de remplacer la fourchette et les deux cuillères par la « Georgette », médaillée d’or au concours Lépine en 2016.

Un couvert plus écologique

« Cela s’intègre dans notre démarche de développement durable et de limitation du gaspillage alimentaire. Au lieu d’avoir trois couverts nous n’avons plus qu’un, et nous conservons le couteau pour les viandes dures. Cela permet de diviser par trois la consommation d’eau et pour les personnes qui travaillent en cuisine portent moins de poids », relève Laure Mouden, la proviseure de l’établissement, qui voit défiler près de 1.500 élèves dans son restaurant scolaire.

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Pour les habituer à cette nouveauté, tous ont reçu en amont une « Georgette » biodégradable à tester chez eux.

« On n’a pas l’habitude de manger avec les deux côtés, mais on s’y habitue. C’est bien d’avoir de la nouveauté, surtout quand on sait que derrière il y a un objectif écologique. Les vieux couverts seront recyclés et donnés à des associations », assurent Amandine, Célia et Océane, trois élèves de Terminale qui ont partagé sur les réseaux sociaux leur nouvel équipement culinaire.

Pour que les adolescents puissent se l’approprier, Jean-Louis Orengo a dû adapter son couvert à la restauration collective. Il a ainsi ajouté une petite cuillère en bout de queue et investi dans un outil de production pour pouvoir répondre à la demande si d’autres représentants de restauration collective venaient à sonner à sa porte.

« En 2015, nous avons produit 15.000 Georgettes, en 2017 nous sommes passés à 100.000, l’an dernier nous avons doublé ce chiffre. Il y en a un peu plus luxe en Titanium, vendue 40 euros, et d’autres biodégradables entre 20 et 30 centimes. Pour nous, le plus important, c’est la capacité de la "Georgette" à être adoptée », assure son créateur.

Financer un conservatoire des traces

« Si ça marche, nous nous inspirerons de ce qui se fait ici pour développer le produit ailleurs », assure Kamel Chibli, le vice-président de la région Occitanie en charge de l’éducation.

« La "Georgette" est déjà offerte à tous les hôtes étrangers que nous recevons, cela prouve que nous pouvons faire confiance aux produits locaux, que ce n’est pas qu’un slogan. Mais avant tout, c’est l’histoire d’un homme passionné, c’est une belle histoire, cela peut devenir une grande histoire », assure l’élu.

L’idée est venue à Jean-Louis Orengo lors d’une expédition dans le grand nord canadien. Pour réduire ses bagages, il n’avait embarqué qu’une cuillère, à qui il manquait une fourchette.

Ce naturaliste est passé pendant des années pour un doux rêveur avec sa « Georgette ». Mais il a tenu bon avec en ligne de mire une idée fixe si jamais son couvert faisait recette : ouvrir un conservatoire des traces à Saint-Lizier, dans son Ariège natal. Qu’elle soit de l’homme ou de l’ours, pour Jean-Louis Orengo ces traces sont un moyen « de conserver l’histoire de la vie ».