Oui, une « gilet jaune » a bien été frappée au casque par un policier
FAKE OFF•Une vidéo virale montre une « gilet jaune » frappée au casque par un policier et traînée au sol sur plusieurs mètres à Rennes…Alexis Orsini
L'essentiel
- Environ 2.000 manifestants étaient présents à Rennes pour l’acte 10 des « gilets jaunes » samedi dernier.
- Une vidéo virale montre une « gilet jaune » frappée au casque d’un coup de matraque par un policier avant d’être traînée sur plusieurs mètres.
- La scène est authentique, comme le confirment à « 20 Minutes » la manifestante en question et le vidéaste qui a filmé la séquence.
Ce week-end, peu après l’acte 10 des « gilets jaunes », parmi les innombrables vidéos partagées sur les réseaux sociaux, l’une est devenue virale. Et pour cause : elle symbolise les violences policières dénoncées par nombre de manifestants depuis le début de la mobilisation.
Cette séquence d’environ 30 secondes montre une « gilet jaune » subir un coup de matraque sur le casque, avant d’être traînée au sol sur plusieurs mètres par deux membres des forces de l’ordre.
a« Un policier qui met un coup de matraque gratuitement EN PLEINE TÊTE à un [gilet jaune] déjà maîtrisé et qui n’opposait aucune violence !! » s’offusque la légende de cette vidéo visionnée près de 2 millions de fois mais également reprise sur de nombreuses pages Facebook comme sur Twitter.
La scène, authentique, a bien été filmée à Rennes, où défilaient environ 2.000 manifestants ce samedi 19 janvier : sa version complète permet de mieux comprendre le déroulé des évènements.
FAKE OFF
« Il était 16h35 précisément » nous indique Marc, l’auteur de ces images, qui a vérifié l’heure de l’enregistrement. S’il a lui-même mis en ligne cette vidéo raccourcie sur Facebook, il en propose également l’intégralité, d’environ 4 minutes, sur YouTube.
On y voit ainsi au croisement de la rue d’Isly et du boulevard de la Liberté, la « gilet jaune », une bouteille à la main, un masque de protection sur le visage, à côté des policiers qui chargent dans sa direction. Contactée par 20 Minutes, la femme en question, Soizic, indique : « J’étais devant les CRS, mains levées, ils ont commencé à charger, je suis restée à l’arrière. »
Les forces de l’ordre partent ensuite dans l’autre sens et tournent le dos à Soizic, qui regarde dans leur direction (à 00 : 28). Celle-ci disparaît alors brièvement du champ : on aperçoit, sur la vidéo, un petit objet noir atterrir aux pieds des policiers. L’un d’eux se précipite alors vers la « gilet jaune » et l’attrape par l’épaule pour la tirer vers lui, avant qu’un collègue ne vienne lui asséner un coup de matraque au casque en passant.
Elle est ensuite traînée sur plusieurs mètres tandis qu’un policier lance : « Elle nous fait chier depuis un quart d’heure ». Au final, avant qu’elle puisse quitter les lieux, son sac est vidé des nombreux objets cylindriques noirs qu’il contenait, au même titre que de ses sérums physiologiques.
« C’est le casque qui a tout pris »
« J’ai un peu mal au crâne mais je n’ai rien eu heureusement, c’est le casque qui a tout pris. En revanche j’ai des hématomes un peu partout, notamment sur le genou, je boitais encore un peu [dimanche] » nous précise Soizic, qui a découvert la vidéo en consultant les réseaux sociaux une fois rentrée chez elle. « Ca a été terrible à Rennes, ce n’est pas la première fois que je manifeste mais en décembre ce n’était pas du tout violent comme ça l’était là, surtout la BAC. »
Elle dément en revanche avoir jeté les projectiles présents dans son sac – qui sont en fait des débris des diffuseurs de gaz lacrymogènes policiers – sur les forces de l’ordre pendant le bref moment où elle sort du champ : « J’ai 50 ans, je suis grand-mère, vous croyez vraiment que j’allais me mettre en danger ? Je les gardais comme preuve pour montrer à mon fils ce que nous balançaient [les forces de l’ordre]. »
Marc, lui, livre toutefois une version légèrement différente de la scène : « Elle a un peu insulté les policiers et elle leur a lancé un ou deux projectiles, c’est sûr, mais c’était abusé de la frapper sur le casque. » Le vidéaste originaire de Quimper, qui couvre la mobilisation locale des « gilets jaunes » depuis plusieurs mois, nuance en outre : « Sachant que d’autres manifestants balançaient des pavés, ils auraient mieux fait d’attraper ces gens-là plutôt que cette dame. La manifestation était tendue dès le début, des lacrymos étaient lancées dès 14h30. »
Quant à la bouteille visible dans la main de Soizic, elle ne contenait ni urine ni produit inflammable, contrairement à ce que supposaient certains internautes en commentaire. « C’était du thé » affirme Soizic. « Je l’ai vue, en début d’après-midi, boire à cette bouteille » confirme pour sa part Marc.
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