Notre-Dame-des-Landes: Un an après, le combat (et les inquiétudes) des riverains de l'aéroport de Nantes
AEROPORT•Les habitants des communes situées autour de l'aéroport Nantes-Atlantique demandent toujours le transfert...Julie Urbach
L'essentiel
- Une manifestation est organisée samedi, à Nantes, à l’appel des associations de riverains, excédés par les nuisances.
- Alors que le trafic de l’aéroport Nantes-Atlantique a encore augmenté en 2018, et qu’un réaménagement se profile, des habitants se battent toujours pour le transfert de la plateforme.
«Le développement de l’aéroport Nantes-Atlantique est incompatible avec la protection des habitants ». Un an après l’abandon du projet de transfert, et alors que la fréquentation de l’aéroport nantais a encore battu tous les records en 2018, la lutte a changé de camp. Menée jusqu’ici par les zadistes, ce sont les riverains de Nantes-Atlantique qui ont repris le flambeau.
Samedi matin, à partir de 10h, une nouvelle manifestation est d’ailleurs organisée, à Nantes. Avec toujours, comme principal mot d’ordre, le déménagement de l’aéroport, même si ce n’est pas à Notre-Dame-des-Landes. En effet, la colère n’est pas redescendue à Saint-Aignan-de-Grandlieu ou dans les communes aux alentours, depuis ce fameux 17 janvier 2018.
Les « compensations exemplaires » toujours attendues
« Les nuisances sonores ne font qu’augmenter, se désole Sonia, 40 ans, qui habite Bouguenais, à quelques kilomètres de la piste. Cet été, sur la terrasse, c’était infernal. Et les enfants à l’école, survolée toute la journée, comment peuvent-ils se concentrer ? » « Dans mon jardin, les feuillages sont noirs. On a peur de la pollution, des possibles effets pour la santé, embraye Roseline, 65 ans. Avec mon mari, on envisage de partir dans le Morbihan quand il sera à la retraite. Tant pis si on perd de l’argent à la revente de la maison. Au moins, là-bas, il n’y a pas d’avions ! »
Pour ceux qui resteront, l’avenir est encore très flou. Alors qu’une concertation doit avoir lieu à partir du mois de mars, rien n’a changé dans le quotidien de ces habitants, à qui Edouard Philippe avait pourtant promis des « compensations exemplaires ». Un an après, les associations pressent le gouvernement d’agir, mais craignent que les moyens ne suivent pas, alors que l’Etat parle d’un fonds d’indemnisation de 20 millions d’euros.
60.000 habitants concernés à ce jour
« On estime à 100 millions l’enveloppe nécessaire au dédommagement des riverains et au déménagement des établissements scolaires, avance Joël Sauvaget, le président du Coceta, le collectif des citoyens exposés au trafic aérien. Aujourd’hui, 60.000 habitants sont concernés. Lorsque l’on atteindra 9 millions de passagers, d’ici quelques années, ils seront 80.000 ! Le plan de gêne sonore actuel nie cette réalité. »
Pour tenter de faire reculer le gouvernement, les associations mettent aussi en avant la « gabegie financière » que représente l’agrandissement. « Les 500 millions d'euros dont on parle ne concernent que la plateforme, calcule Dominique Boschet, président de l’Acsan (association contre le survol). A cela, il faut ajouter les 425 millions d’indemnisation au concessionnaire, le fonds pour la population… On dépassera le milliard d’euros, et ce sera aux citoyens de payer. »
« On s’est fait blouser de A à Z »
En attendant, les riverains tentent de s’organiser, entre campagnes citoyennes de mesure de bruit et distribution de tracts sur les marchés. Des antennes locales du Coceta ont poussé dans les différentes communes voisines de l’aéroport, où des autocollants « Non aux nuisances » s’affichent sur les boîtes aux lettres. Mais, si certains assurent qu’ils participeront au Grand débat national pour tenter de faire pression sur l’Etat, et qu’ils sont prêts à « un combat sur les 10 ou 15 prochaines années », d’autres avouent être « résignés » quant à la possible issue de cette lutte.
« On s’est fait blouser de A à Z, regrette une mère de famille. Quand on a acheté la maison, il y a une dizaine d’années, on nous disait que l’aéroport partirait. Ensuite, en 2016, un vote a été organisé et le «oui», la voix majoritaire dont je faisais évidemment partie, n’a pas été respectée ! Aujourd’hui, franchement, je n’ai plus confiance dans les institutions. Il n’y a que la violence qui fait bouger les choses. Mais les habitants ne semblent pas prêts à se comporter ainsi… »