Notre-Dame-des-Landes: L'abandon du projet n'est «pas digéré du tout» confie Alain Mustière
AEROPORT•L'ancien président des Ailes pour l'Ouest, principale association pro-aéroport, revient sur la décision de l'abandon du projet...Frédéric Brenon
L'essentiel
- Le leader pro-aéroport reste « persuadé aujourd’hui que le gouvernement a fait fi de l’aménagement du territoire par peur de la violence ».
- Un an après, il considère cette décision comme «complètement injuste».
Il y a un an, jour pour jour, Edouard Philippe annonçait officiellement l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. La fin d’un projet vieux de 40 ans qui aura déchiré la Loire-Atlantique. Comment Alain Mustière, l’un de principaux défenseurs du projet, vit-il cet anniversaire forcément particulier ? « La décision n’est pas digérée du tout, confie l’ancien président de l'association Des Ailes pour l'ouest. Elle est complètement injuste. La justice, la démocratie, nous avaient donné raison. On avait raison sur tout mais, à la fin, on a tort. Bon, c’est dur, mais il faut l’accepter. »
Ce chef d’entreprise, devenu l’un des leaders pro-aéroport, reste « persuadé aujourd’hui que le gouvernement a fait fi de l’aménagement du territoire par peur de la violence ». « Ils avaient peur d’un mort ! Tout l’aspect technique, l’urbanisme, le survol de la ville, la sécurité, n’ont pas pesé. La consultation de 2016 n’a pas été prise en compte. Cette incompréhension a créé, à mon avis, un désordre complet dans la population. »
« Des gens souhaitaient attaquer les zadistes »
De son point de vue, c’est l’entourage d’Emmanuel Macron qui a fait basculer la décision en défaveur du transfert à Notre-Dame-des-Landes. « Je croyais qu’on allait l’emporter mais, en même temps, quand Macron est venu à Nantes, je voyais bien qu’il y avait Hulot, de Rugy, Cohn-Bendit autour de lui. Ensuite, les trois médiateurs, trois pieds nickelés, ont été nommés et on sentait que tout était pipé. Leur mission n’était que de justifier qu’il ne fallait pas faire Notre-Dame-des-Landes. »
Des regrets sur son action, il prétend « ne pas en avoir ». A part peut-être concernant la mobilisation de son camp. « Les pour n’étaient pas mobilisables d’une façon populaire comme ont su le faire les contre. Alors qu’en nombre on était plus nombreux. C’est plus difficile de mobiliser pour quelque chose que contre. On le fait calmement. Quand on est contre, on hésite moins à casser. Mais la violence n’a jamais été notre politique. J’ai eu des demandes de gens qui souhaitaient casser la préfecture ou attaquer les zadistes, je m’y suis toujours opposé. »
« Humainement c’est difficile »
Même constat pour les élus locaux « mobilisés peut-être un peu tard ». « Je pense à tous ceux qui s’aperçoivent aujourd’hui qu’ils vont être survolés. Ils avaient tellement l’impression que le transfert aurait lieu… L’ambiguïté, c’est que le dossier était entre de bonnes mains. Le président, le Premier ministre, étaient favorables. Sauf que la décision n’était pas prise. Et pour ne pas gêner Paris, les élus locaux affichaient un soutien mesuré. »
Alain Mustière, l’avoue, il a mal vécu les semaines qui ont suivi ce fameux 17 janvier 2018. « Humainement c’est difficile. Il y avait plein de gens investis, je voyais leur déception et, en tant que leader, j’en porte la responsabilité. » Pour autant, « on ne vit pas de ressentiment », assure-t-il. « Il y a bien d’autres engagements dans la vie. L’important c’est de ne pas rester passifs sur les grands enjeux. On a tous quelque chose à dire. »