VOTRE VIE, VOTRE AVISLes non-fêtards du 31 décembre témoignent

Nouvel An : Surenchère, trop d'alcool cette année... Voilà pourquoi ils ne fêteront pas le 31 décembre

VOTRE VIE, VOTRE AVISIls ont décidé de ne pas fêter le 31 décembre, par lassitude d’une soirée devenue plus contraignante que festive…
Jean-Loup Delmas

Jean-Loup Delmas

L'essentiel

  • Certains Français refusent de fêter le Réveillon.
  • Leurs arguments ne manquent pas, entre démesure inutile de la soirée et une année déjà bien remplie.
  • Ils témoignent pour 20 Minutes.

Edit du 31 décembre 2022 : A l'occasion du réveillon de la Saint-Sylvestre, nous vous proposons la relecture de cet article.

C’est la grande pression sociale de la fin d’année : que ferez-vous le 31 décembre à minuit ? Soirée de l’année, sortie du siècle, voyage extraordinaire, c’est la course à la nuit la plus folle dans toute la France. Toute ? Non, car de plus en plus d’irréductibles Gaulois décident de ne pas fêter le réveillon. Et ne leur dites surtout pas que c’est par manque d’amis ou de vie sociale. Ils ont des arguments bien plus profonds.

Pour beaucoup d’entre eux, 2018 est déjà largement assez remplie en fiestas et party en tout genre. « Entre mon diplôme, les anniversaires et surtout la Coupe du monde, je pense avoir déjà assez fait la fête et ruiner mon foie », raconte Sébastien, 26 ans et des reins qui auront connu plus d’alcool que d’eau au cours des douze derniers mois.

« Dur de s’emballer pour un décompte »

En plus d’une flemme de cette fête de plus, il reconnaît la trouver un peu naze en soi : « Quand on s’est enflammé sur le sacre des Bleus, son diplôme ou les 25 ans de son meilleur pote, c’est dur de s’emballer pour une soirée juste pour le décompte de minuit. » Bon, c’est sûr que crier « Bonne année tout le monde », c’est quand même moins cool que de hurler devant une course de Mbappé face à l’Argentine.


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Fort de ces 157 beuveries par mois le reste du temps, ce jeune médecin explique que la soirée du réveillon est rarement propice à la postérité : « Par expérience, une soirée vraiment folle est rarement prévue ou planifiée à l’avance. Plus on a d’attentes sur un événement, moins il a de chance d’être vraiment marquant. Je n’en peux plus de ces soirées du siècle qu’on me vend chaque 31 décembre… Une soirée folle commence souvent par un "On boit juste un verre". C’est l’imprévu qui fait la légende. » Du coup, pour lui, ce sera soirée posée avec son copain, et tant pis pour la fête.

Pour quelques soirées de plus

Qu’il se rassure, il n’est pas le seul à trouver la nature de la soirée du Nouvel An assez décevante. « Ce qui me dérange, c’est le côté imposé de la fête. Comme si on n’avait pas le choix, que le 31 il fallait sortir s’éclater », déclare Sarah avec la sagesse de sa trentaine. « Faire la fête pour faire la fête, cela sonne factice, pas naturel, forcé. » Elle sort même une citation de Jean Dubuffet de son chapeau, qu’on vous autorise à utiliser en 2019 à chaque fois que vous aurez la flemme d’aller à une soirée pourrie : « La vie est une fête bien plus intéressante que les pseudo-fêtes qu’on institue pour la faire oublier. » Profond n’est ce pas ? Ce sera donc un cinéma avec la famille qui attend Sarah ce soir.

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Hélas pour ces fans de citations philosophiques, faire la fête pour le réveillon est une tradition très ancrée, remontant à plusieurs millénaires avant cette fin d’année 2018. Si jamais vous passez au Louvre, vous verrez notamment deux rouleaux d’argile dans la partie de la Mésopotamie décrivant les festivités du Nouvel An de l’époque (une orgie et des prières, pour faire simple). On trouve les mêmes récits dans l’Egypte et la Rome antique. On n’est donc probablement pas près d’arrêter de fêter ce passage à la nouvelle année.

Mais de plus en plus le désacralisent. Valentin n’a lui pas encore son diplôme en poche, mais ses deux premières années de vie étudiante en faculté de sociologie l’ont fait relativiser l’importance de cette soirée. « Quand j’étais au lycée, le Nouvel An était LA fête de l’année absolument immanquable car c’était certain que ce serait la plus folle, la plus grande, la plus démente des soirées. A la fac, on tourne à deux soirées par semaine minimum, et certaines sont beaucoup plus épiques et indécentes que nos Nouvel An les plus fous. Du coup, on se sent beaucoup moins forcés de participer, on sait qu’on aura l’occasion de se rattraper. »

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Risque de surenchère

Autre bonne raison de ne pas se saouler jusqu’au bout de la nuit, des rattrapages l’attendent dans plusieurs matières à la fac et ce, début janvier. Les risques de trop faire le fêtard le reste de l’année (on déconne Valentin, profite de la vie).

Son compagnon d’amphi, Benjamin, qui a eu lui la bonne idée de valider chaque matière, partage l’analyse mais pas le constat : « Oui, les fêtes se sont beaucoup multipliées, mais au lieu de rendre le Nouvel An juste accessoire, certains se sentent obligés d’encore plus monter en puissance pour qu’il garde sa valeur de fête exceptionnelle. Ça part dans des locations de maison pour le week-end, des voyages au fin fond de l’Europe… A un moment, j’ai stoppé cette démesure juste pour la démesure. Où on va s’arrêter sinon ? Dans dix ans, ce sera quoi ? Trois semaines à New York en limousine pour être sûr de bien fêter la nouvelle année ? Je cherche des soirées plus naturelles, où on a pas à se prouver en permanence que la fête est cool. »

Les deux compères des bancs de la fac ne connaissent pas encore leur programme du soir. Mais Valentin a juré de se lever tôt pour commencer les révisions dès le 1er janvier. La fête, attendra.