«Gilets jaunes»: Tensions à Paris et à Bordeaux, blocages, mobilisation en baisse... Le point sur l'acte 6
CONTESTATION•Quelque 80 « gilets jaunes » se sont rassemblés samedi midi devant la maison de Brigitte et d’Emmanuel Macron au Touquet, selon la préfecture du Pas-de-Calais…B.D et M.P avec AFP
L'essentiel
- L’acte 6 de la mobilisation des « gilets jaunes » a eu lieu ce samedi.
- Alors qu’ils étaient attendus à Versailles, les « gilets jaunes » se sont rassemblés en haut de la butte Montmartre, à Paris. Ils ont entamé une déambulation au hasard dans les rues de la capitale
- La mobilisation continue dans toute la France, avec des rassemblements et des blocages en région et aux frontières. A 18 heures, le ministère de l’Intérieur avait décompté un peu plus de 38.000 manifestants contre 66.000 samedi dernier à la même heure.
Défilés épars, poursuite de barrages routiers et blocages aux frontières… L’acte 6 des «gilets jaunes» a rassemblé ce samedi plusieurs dizaines de milliers de manifestants à travers le pays. En début de soirée, vers 18 heures, le ministère de l’Intérieur dénombrait 38.600 manifestants à travers le pays, contre 66.000 samedi dernier à la même heure. Retour sur cette nouvelle journée de mobilisation à trois jours de Noël qui s’est déroulée dans un climat plus ou moins tendu.
Dixième décès en marge du mouvement
Dans la nuit de vendredi à ce samedi, une dixième personne est décédée en marge du mouvement : un automobiliste est mort après avoir percuté un camion bloqué à un barrage filtrant de « gilets jaunes », à l’entrée d’autoroute de Perpignan-sud, a indiqué le procureur de Perpignan, Jean-Jacques Fagni.
Manifestation dans le calme à Paris
A Paris, pour ce sixième samedi consécutif de mobilisation, la préfecture dénombrait 2.000 manifestants peu avant 16 heures, selon une source policière. Vers 18 heures, 179 personnes avaient été interpellées et 36 placées en garde à vue dans ou en marge des manifestations, la plupart pour des « attroupements en vue de commettre des violences ». Parmi les gardés à vue figurait l’un des porte-voix des « gilets jaunes », Eric Drouet, 33 ans, chauffeur routier de Melun (Seine-et-Marne) qui avait contribué à lancer la mobilisation contre la hausse des carburants en novembre. C’est aussi lui qui avait appelé ce matin sur Facebook à se rassembler à Montmartre.
Les manifestants, encadrés par des forces de l’ordre, ont ensuite quitté le 18e arrondissement pour défiler dans le centre de la capitale, se séparant en groupes épars de dizaines de personnes déambulant sans itinéraire, parfois bloqués par les forces de l’ordre ou repoussés à coups de gaz lacrymogènes.
Vers 18 heures, des « gilets jaunes » manifestaient encore sur les Champs-Elysées, mais loin des images d’avenue en état de siège d’il y a quelques semaines. Des motards de la police ont été brièvement pris à partie par des manifestants, qui ont poussé à terre une de leurs motos et ont jeté des pavés et trottinettes sur les policiers. L’un des policiers a brièvement dégainé son pistolet. La circulation a été rétablie en début de soirée sur l’avenue, où cafés, restaurants et magasins sont restés ouverts une bonne partie de la journée, sauf quelques boutiques de luxe.
Blocage des camions aux frontières
Plusieurs blocages aux frontières avec l’Espagne, l’Italie ou l’Allemagne ont été observés, après un appel en ce sens de certaines figures du mouvement. Des manifestations de « gilets jaunes » ont perturbé aussi le trafic routier.
Des centaines de « gilets jaunes » se sont ainsi rassemblés au péage du Boulou près de la frontière espagnole « Le roi Macron donne des miettes aux gueux », pouvait-on lire sur des banderoles de manifestants. Ils ont été délogés par les forces de l’ordre à coups de gaz lacrymogène et se sont massés sur un pont, jetant des objets sur l’axe routier.
Selon Vinci, quelques entrées, sorties et barrières de péage étaient encore fermées sur le réseau vers 18 heures, notamment sur l’autoroute A7.
De Tarbes à Bordeaux, en passant par Bordeaux et Le Touquet
A Tarbes (Hautes-Pyrénées), 1.700 « gilets jaunes », d’après la police, ont défilé puis se sont rassemblés devant la préfecture. Ils ont rendu hommage à toutes les personnes tuées dans des circonstances liées à leur mouvement, avant de se diriger vers le péage d’Ibos, à Tarbes-ouest.
A Bordeaux, la mobilisation a rassemblé plus de 2.600 personnes, selon la préfecture, contre 4.500 samedi dernier. Aucun incident n’était recensé en milieu d’après-midi, alors que les précédentes manifestations avaient dégénéré en heurts violents avec la police. Les forces de l’ordre ont cette fois fait usage de canons à eaux et de gaz lacrymogènes tandis que des manifestants lançaient projectiles, pétards et engins d’artifice.
A Toulouse, la préfecture a fait état de 2.500 manifestants. Dix-huit d’entre eux ont été interpellés avec différentes armes (parmi lesquelles une hache) et pour des dégradations ou pour des violences à l’encontre des forces de l’ordre. Des incidents ont eu lieu à différents endroits de la ville avec des jets de projectiles, de produits chimiques (acide) à l’encontre des forces de l’ordre, des incendies de poubelles et des barricades érigées sur certaines voies de circulation.
Enfin quelque 80 « gilets jaunes » se sont rassemblés samedi midi devant la maison de Brigitte et d’Emmanuel Macron au Touquet, selon la préfecture du Pas-de-Calais. Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes contre des manifestants qui tentaient de forcer le dispositif policier. A noter qu’un pantin à l’effigie du président Emmanuel Macron a été décapité vendredi soir lors d’une manifestation de « gilets jaunes » à Angoulême, d’après la préfecture de Charente.