POLITIQUEPas de réelle proposition contre l'habitat indigne proposée à Marseille

VIDEO. Immeubles effondrés à Marseille: Un conseil municipal tendu sans réelle proposition contre l'habitat indigne

POLITIQUEA Marseille se tenait le premier conseil municipal depuis l’effondrement d’immeubles rue d’Aubagne…
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

L'essentiel

  • Une minute de silence a été observée, ce jeudi, en hommage à aux huit morts de la rue d’Aubagne, lors du conseil municipal.
  • Le maire a été vivement attaqué par l’opposition. Il a défendu son bilan, sans proposer de réel plan contre l’habitat indigne.
  • Tout juste Jean-Claude Gaudin a déclaré vouloir demander à l’Etat la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, reprenant ainsi à son compte une revendication du collectif du 5 novembre.

Dans la vie, tout est une question de temps. De secondes d’abord. Il a fallu une poignée de secondes pour que huit personnes​ trouvent tragiquement la mort sous les décombres d’immeubles dans quartier de Noailles à Marseille. De minutes ensuite. Une courte minute durant laquelle les élus du conseil municipal se sont recueillis pour la première fois ensemble, ce jeudi, en hommage à ces morts.

Ce jeudi, sept semaines après le drame, la question de l’habitat indigne s’est invitée au dernier conseil municipal de Marseille de l’année. Et il a fallu trois longues heures aux élus pour débattre de cette épineuse question, aujourd’hui au cœur des 23 années de mandature de Jean-Claude Gaudin.

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« Une ville de gens de bonne compagnie »

Vingt-trois années durant lesquelles, affirme l’opposition, la question de l’habitat insalubre à Marseille n’aurait pas préoccupé la majorité en place, accusée de mépriser les problématiques des plus pauvres. « Ce drame découle de choix délibérés et politiques, de faire de Marseille une ville plus sage, plus start-up, plus croisière, une ville de gens de bonne compagnie », s’agace Jean-Marc Coppola du PCF.

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« Les habitants de la rue d’Aubagne ne sont pas morts de la pluie, du hasard, ni même du destin, abonde Benoît Payan pour le PS. Ils sont morts du mépris et de l’abandon. Vous avez préféré le logement pour spéculer au logement pour habiter. »

« J’ai entendu les douleurs »

Une responsabilité collective pour Stéphane Ravier (RN), qui s’est directement adressé aux adjoints au maire. « Si le capitaine a mal barré, aucun lieutenant ne l’a alerté. Vous êtes tous des bébés Gaudin », affirme le sénateur, dénonçant même un « système Gaudin. » Plusieurs élus de part et d’autre de l’hémicycle ont ainsi appelé ainsi à changer de méthode, pour prendre à bras-le-corps cette question.

Des accusations que balaie l’édile, qui a tenu à défendre son bilan en matière de logement, également critiqué par des manifestants rassemblés devant l’hôtel de ville. « J’ai entendu les douleurs, les colères et les critiques, et j’ai fait face dans la tempête », affirme Jean-Claude Gaudin.

« Facile de se transformer en procureur »

« Il est facile pour certains de se transformer en procureur et de tirer des accusations et conclusions dans le moindre fondement », a poursuivi l’élu, appelant à « ne pas préjuger » des résultats de l’enquête judiciaire ouverte notamment pour « homicides involontaires ». « Les éléments que j’ai en ma possession montrent que le 63 de la rue d’Aubagne [propriété de la ville] n’est pas à l’origine de l’effondrement du 65 [propriété privée] », avance Arlette Fructus, adjointe au logement, sans détailler davantage. A plusieurs reprises, les élus de la majorité ont accusé les « marchands de sommeil » d’être responsables de la situation critique à Marseille en matière d’habitat.

En effet, suite au drame, pas moins de 1.600 personnes ont été à ce jour évacuées. Le conseil municipal a adopté neuf rapports exceptionnels sur l’accompagnement de ces sinistrés. Des rapports qui portent, en vrac, sur la prise en charge des obsèques à une amnistie exceptionnelle des pénalités de retard aux bibliothèques pour les sinistrés dans l’incapacité de rendre leurs livres.

Etat de catastrophe naturelle

Toutefois, malgré les trois heures de débat, aucune mesure d’ampleur, ni « plan Marshall » pour lutter contre l’habitat indigne n’ont été annoncés. Tout juste Jean-Claude Gaudin a déclaré vouloir demander à l’Etat la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, reprenant ainsi à son compte une revendication du collectif du 5 novembre.

L’opposition a réclamé le vote de certaines de leurs propositions, comme le permis de louer ou la réquisition des logements vides. Une possibilité écartée par le maire. Sur les bancs de la majorité, le dernier mot sur ce débat autour de l’habitat insalubre, de plus en plus politique, a été donné à… Martine Vassal. Comme s’il se jouait déjà, dans cet hémicycle, la succession du maire, qui vit là les derniers mois de son ultime mandat.

Les municipales en filigrane

Lorsque la présidente de la métropole et du conseil départemental prend la parole, le silence se fait soudainement. Le discours a des airs d’acte de candidature, pour celle qui a annoncé et voté récemment un plan contre l’habitat indigne. « Mon engagement s’adresse à tous les Marseillais. Il a été, est et sera total, dans l’intérêt général, et non pas comme certains dans la récupération. »

La nouvelle année, c’est dans quelques jours. A Marseille, les élections municipales sont dans dix-huit mois, mais elles semblent être pour demain, tant elles sont en filigrane des débats autour de la crise actuelle. Dans la vie, tout est une question de temps.

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