TERRORISMEPourquoi l'enquête se poursuit après la mort de Cherif Chekatt

Attentat à Strasbourg: Pourquoi l'enquête se poursuit après la mort de Cherif Chekatt

TERRORISMELes enquêteurs vérifient si le suspect, abattu jeudi soir par les policiers, a pu bénéficier de complicités...
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Le suspect n°1 de l’attentat de Strasbourg a été abattu jeudi soir.
  • L’enquête se poursuit afin d’identifier d’éventuels complices ou soutiens durant sa cavale.
  • Daesh a revendiqué l’attaque, qualifiant Cherif Chekatt de « soldat du califat ». Pour l’heure, rien ne lie le suspect au groupe terroriste.

L’homme le plus recherché de France a été abattu, jeudi soir, par des policiers. Suspecté d’avoir semé la mort, deux jours plus tôt, à proximité du marché de Noël de Strasbourg, Cherif Chekatt a été repéré par une patrouille de la BST, rue de Lazaret. Pas très loin de l’endroit où l’avait déposé un taxi dans lequel il était monté après avoir abattu quatre personnes et blessé une dizaine d’autres. L’enquête se poursuit « pour identifier d’éventuels complices ou coauteurs susceptibles de l’avoir aidé ou encouragé dans la préparation de son passage à l’acte », a expliqué le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz.

Sept personnes ont été placées en garde à vue par les enquêteurs de la police judiciaire et de la DGSI. Le père et la mère de Cherif Chekatt, ainsi que deux de ses frères, sont entendus depuis mardi soir. Un autre proche du terroriste a été interpellé mercredi. Il est suspecté de l’avoir hébergé la veille de son passage à l’acte. Des auditions qui n’ont pas « donné grand-chose » mais ont permis d’en savoir un peu plus sur lui, confie une source proche du dossier. Deux autres proches du tueur ont été interpellés la nuit dernière. Selon nos informations, il s’agit d’un couple, proche de Cheriff Chekatt. Les enquêteurs se demandent s’ils ne l’auraient pas aidé durant sa cavale.

Un frère radicalisé et fiché S

Les enquêteurs s’intéressent aussi à Sami Chekatt, l’un des frères de Cherif Chekatt. Radicalisé, faisant lui aussi l’objet d’une fiche S, cet homme de 34 ans avait quitté le pays avant l’attaque du marché de Noël. Le parquet de Paris a décerné un mandat de recherche pour association de malfaiteurs terroriste contre lui, indique une source judiciaire. Selon les informations du Parisien, confirmées par plusieurs sources à 20 Minutes, il a été arrêté cette semaine en Algérie. Les policiers veulent savoir s’il était au courant du projet mortel de son frère ou s’il y a participé d’une manière ou d’une autre.

Selon une source ministérielle, il semble très « plausible » que la perquisition du domicile de Cherif Chekatt, mardi dernier, a précipité son passage à l’acte. Les gendarmes de la brigade de recherche de Strasbourg, épaulés par les militaires de la section de recherche, voulaient l’interpeller et l’entendre dans une affaire de tentative d’homicide. Toujours selon nos informations, il avait eu, cet été, un contentieux avec une autre personne au sujet d’un trafic de contrefaçons. Avec des membres de sa bande, il avait organisé une expédition punitive en août dernier, à Eckbolsheim (Bas-Rhin). Cinq personnes ont été arrêtées mardi matin. Au moins l’une d’entre elles était, comme lui, fichée S.

Un « soldat du califat » ?

Cherif Chekatt, lui, n’était pas à son domicile. Ce qui n’a pas empêché les gendarmes de perquisitionner les lieux et de découvrir une grenade défensive, une arme 22 Long Rifle chargée, des munitions et quatre couteaux. Quelques heures plus tard, il prenait la direction du centre-ville de Strasbourg. « Manifestement, il a été prévenu qu’il s’était passé quelque chose chez lui », remarque un bon connaisseur du dossier. Mais par qui ? Les enquêteurs veulent également découvrir ce qu’il a fait entre la tuerie et le moment où il a été repéré, dans le quartier du Neudorf. « A première vue, il s’est terré dans un trou à rat mais les investigations sont toujours en cours », souffle une source policière.

Peu après sa mort, Daesh a revendiqué l'attaque du marché de Noël de Strasbourg, qualifiant le terroriste de « soldat du califat ». Une « revendication totalement opportuniste », estime le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner. Pour l’instant, aucun élément permettant de lier Cherif Chekatt au groupe terroriste n’a été découvert. Il n’avait vraisemblablement pas de contact avec des gens se trouvant en Irak ou en Syrie. Les enquêteurs ont bien constaté qu’il avait utilisé l’application Telegram, permettant d’échanger des messages cryptés. « Plein de gens ont cette application et ça n’en fait pas des terroristes pour autant », observe un policier.