TERRORISMEPeut-on croire Daesh quand il revendique l’attentat de Strasbourg?

Attentat à Strasbourg: Quel crédit accorder à la revendication de Daesh?

TERRORISMELes enquêteurs n’ont jusqu'ici établi aucun lien entre Cherif Chekatt et Daesh mais l’organisation terroriste a revendiqué l’attentat commis à Strasbourg…
Appel à témoin des autorités pour retrouver le suspect de l'attentat de Strasbourg, Cherif Chekatt.
Appel à témoin des autorités pour retrouver le suspect de l'attentat de Strasbourg, Cherif Chekatt. - POLICE
Vincent Vantighem

Vincent Vantighem

L'essentiel

  • Cherif Chekatt a tué au moins trois personnes, mardi soir à Strasbourg.
  • Les forces de l’ordre l’ont abattu, jeudi, après 48 heures de traque.
  • Dans un communiqué, Daesh a revendiqué l’attentat.

«Un soldat de l’État islamique. » Daesh n’a pas attendu très longtemps après la mort de Cherif Chekatt pour revendiquer l’attaque qu’il a commise, mardi soir, sur le marché de Noël de Strasbourg (Bas-Rhin). Dans un communiqué diffusé par A’maq, son agence de propagande, l’organisation explique que l’attaque a été menée « en réponse à l’appel de prendre pour cible les ressortissants des pays de la coalition ».

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Impossible pour autant de prétendre que le jeune homme de 29 ans était vraiment lié à l’organisation terroriste. Christophe Castaner a d'ailleurs qualifié la revendication de Daesh de « totalement opportuniste » ce vendredi matin.Rémy Heitz, le procureur de Paris, a bien indiqué que Cherif Chekatt n’avait jamais été candidat à un départ en Syrie, malgré « son attitude prosélyte ». Et selon les informations de 20 Minutes, les enquêteurs n’ont retrouvé ni lettre d’allégeance ni drapeau de Daesh lors de la perquisition conduite chez lui. Finalement, seuls les témoins qui l’ont entendu crier « Allahou Akbar » dans les rues de Strasbourg permettent, aujourd’hui, de tisser un lien entre lui et le groupe installé en Syrie et en Irak.

A Trappes, à Las Vegas, des terroristes qui n’en sont pas vraiment

La faiblesse de ces éléments a naturellement conduit certains experts à mettre en doute la revendication de Daesh. Ces dernières années, le groupe terroriste a été accusé, à plusieurs reprises, de faire preuve d’opportunité après différentes attaques, dans le but de faire croire à l’opinion publique qu’il disposait toujours d’une importante force de frappe sur la planète.

En octobre 2017, le FBI américain avait clairement mis en doute la revendication de la fusillade ayant fait 50 morts à Las Vegas (Nevada), indiquant que l’auteur des faits n’avait « aucun lien avec un groupe terroriste international ». Adepte du jeu et amateur de boissons alcoolisées, l’auteur des faits, Stephen Craig Paddock, s’était suicidé avant l’arrivée des secours, jetant un peu plus le trouble. Généralement, les terroristes de Daesh tentent, en effet, de mourir les armes à la main quand les policiers viennent les arrêter.

Le suspect de la fusillade de Las Vegas, Stephen Paddock (photo Facebook).
Le suspect de la fusillade de Las Vegas, Stephen Paddock (photo Facebook). - Shutterstock/SIPA

Fin août, le groupe islamiste a également revendiqué l’attaque de Trappes (Yvelines) au cours de laquelle un homme a poignardé sa mère et sa sœur. Peu de temps après, Gérard Collomb, alors ministre de l’Intérieur, avait relativisé en expliquant que l’auteur des faits présentait davantage le profil « d’un déséquilibré » que d’un « engagé » aux ordres du groupe terroriste.

Un Père Noël retenu en otage par Daesh

Peut-il en être de même avec Cherif Chekatt ? La question a finalement peu d’importance, selon Myriam Benraad. Professeure de sciences politiques à l’université de Leiden (Pays-Bas) et spécialiste de l’Irak, elle a notamment étudié les revendications de Daesh. « C’est un groupe avec des leaders, des combattants en Syrie et en Irak et des militants partout sur la planète, indique-t-elle. Il n’y a pas besoin de trouver un élément concret entre le groupe et son militant pour comprendre qu’il a agi en son nom. »

D’autant que, récemment, dans l’un de ses magazines, l’organisation terroriste s’est félicitée « d’inspirer des soldats ». La propagande ayant fait son chemin, elle n’aurait ainsi plus besoin de conseiller précisément les djihadistes qui souhaitent passer à l’acte aux quatre coins du globe. Directrice de SITE, un organisme chargé de la surveillance de la propagande djihadiste, Rita Katz rappelait, dès mardi, que les fêtes de fin d’année avaient toujours été l’un des objectifs de Daesh.

Citant pour cela l'exemple de l'attaque du marché de Noël de Berlin (Allemagne) en 2016. Et reproduisant, en guise de preuve, un dessin de l’organisation djihadiste représentant un père Noël pris en otage par un terroriste tout de noir vêtu.

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