Nantes: Quatre cents avocats ont manifesté contre la réforme de la justice ce mercredi
COLERE•Le projet du gouvernement leur fait redouter «la fin de la justice de proximité»...D.P. avec AFP
Quelque 400 avocats venus de 15 barreaux du Grand Ouest ont manifesté mercredi à Nantes contre la réforme de la justice pour dénoncer un projet qui leur fait redouter « la fin de la justice de proximité ». Les 400 manifestants, selon la police, 500 selon le président de la Conférence régionale des bâtonniers de l’Ouest, Me Jean Brouin, ont défilé depuis la préfecture jusqu’au palais de justice en scandant le slogan « accès à la justice ».
Dans les barreaux des régions Pays de la Loire et Bretagne, une journée « justice morte » a été décrétée, avec renvoi des audiences, et une trentaine d’avocats se sont réunis devant la cour d’assises de Nantes en début de matinée pour exprimer leurs craintes concernant les « tribunaux criminels départementaux » prévus par le projet.
La crainte de « la fin de la justice de proximité »
« C’est un signal fort de disqualifier des infractions pour les renvoyer devant » ces tribunaux où il n’y aura pas de jurés, a estimé Me Jean-René Kerloc’h, bâtonnier de Nantes. Selon lui, il est essentiel, par l’intermédiaire des jurés, « d’associer les citoyens à l’acte de juger ». Dans le cortège, de nombreux avocats portaient un rabat rouge sur leur robe, « pour symboliser la justice morte ». Parmi eux, Me Matthieu Herla, 33 ans, a dit craindre que la réforme ne signifie « la fin de la justice de proximité ».
« On se bat surtout pour les justiciables », a fait valoir cet avocat de Saint-Nazaire, tandis que son confrère Me Loïc Bourgeois, de Nantes, expliquait être venu défendre « l’accès au droit pour les plus démunis ». Me David Quintin a lui fait trois heures de route depuis Saint-Brieuc pour s’opposer à une réforme « votée dans des conditions inacceptables ».
« Des centaines de kilomètres pour accéder à son juge »
A Paris, les oppositions de gauche et de droite ont dénoncé une adoption « en catimini » après le vote du projet de loi par l’Assemblée nationale dans la nuit de mardi à mercredi. « Le justiciable rural va être amené à faire des centaines de kilomètres pour accéder à son juge », a dénoncé Me Quintin, tandis que Me Kerloc’h a dit redouter que « la soif de justice qui s’exprime actuellement dans la saisine des juridictions, ne s’exprime plutôt dans la rue ».
Le bâtonnier de Nantes a aussi insisté sur les risques que représentent la dématérialisation de la justice, estimant que « le fait de rencontrer son avocat, son juge, c’est essentiel pour la cohésion sociale ».