FAKE OFFUn étrange «Conseil de Genève des droits de l’homme et de la justice»

Non, le «Conseil de Genève des droits de l’homme et de la justice» n'a rien à voir avec le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU

FAKE OFFLe 25 novembre, cet organisme a appelé « le gouvernement français à répondre aux demandes des gilets jaunes ». Ce mystérieux conseil n’a rien d’officiel et son organisation est opaque…
Mathilde Cousin

Mathilde Cousin

L'essentiel

  • Un « Conseil de Genève des Droits de l’Homme et de la Justice » a appelé « le gouvernement français à répondre aux demandes des gilets jaunes ».
  • Cet organisme, malgré son nom, n’a rien d’officiel et n'a rien à voir avec l'ONU.
  • Il ne fait même pas partie des ONG ayant un statut consultatif à l'ONU.
  • Sa composition est opaque.

Edit : Nous republions et complétons un article paru le 29 novembre.

Dans un post de blog publié le 25 novembre, le « Conseil de Genève des Droits de l’Homme et de la Justice » appelle « le gouvernement français à répondre aux demandes des gilets jaunes ». Ce post a été partagé des milliers de fois sur Facebook, notamment sur des groupes de soutien aux « gilets jaunes ».

Le 6 décembre, cet organisme a expliqué tenir « le gouvernement français pour responsable de la montée des manifestations populaires dans le pays ». Ce nouvel appel a été relayé sur Twitter. Il a été retweeté plus d’un millier de fois le 9 décembre.

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Dans la note de blog datée du 25 novembre, « le Conseil de Genève des Droits de l’Homme et de la Justice » indique qu’il « a appelé samedi (le 24 novembre, journée de manifestations des gilets jaunes) le gouvernement français à respecter l’escalade des manifestations populaires dans le pays, à répondre à ses demandes et à s’abstenir de toute répression du droit de manifestation et de réunion pacifique garanti par le droit international ». L’organisation qualifie le mouvement de protestation « d’automne français. »

Une organisation bien peu transparente

Cette organisation n'a rien à voir avec le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, un organe officiel, qui n'a en commun avec lui que d'être aussi installé à Genève. L'ONU précise de surcroît à 20 Minutes que « cette ONG n'a aucun statut consultatif avec les Nations unies, contrairement à des milliers d'autres. »

Peu d’informations sur la composition de ce « Conseil de Genève » sont disponibles sur son site internet. Dans la rubrique « à propos de nous », il se définit comme une « organisation non gouvernementale », « vouée à la promotion du respect de l’éthique, des principes et des normes relatifs aux droits de l’homme. » Aucun nom de membre n’est indiqué.

Le site internet a été créé en mai 2018 en anglais et en arabe. Il existe en français depuis octobre. En juin, ce « Conseil de Genève » dit avoir organisé un séminaire au Danemark sur les droits de l’homme en Arabie saoudite. Un membre du parti social démocrate danois aurait participé à ce séminaire. Contacté par 20 Minutes, le parti n’était pas en mesure de confirmer si l’homme est bien membre des sociaux-démocrates. 20 Minutes a contacté d’autres participants de ce séminaire, sans retour de leur part.

Une deuxième organisation similaire

Le 19 novembre, ce Conseil de Genève a publié une note de blog en français présentée comme une dépêche de l’agence Reuters. Dans la version anglaise du site, il n’est plus fait mention de l’agence de presse. Cette fausse dépêche n’est disponible que sur le site du « Conseil de Genève ».

Cette note de blog cite trois organisations qui appellent conjointement « la communauté internationale à prendre fermement position contre les violations des droits de l’Homme en Arabie saoudite ». Sont signataires de cet appel le « Conseil de Genève », « l’Institut francophone des libertés » et la « Fédération internationale des droits de l’Homme et du développement », dont le responsable est un Palestinien.

Point troublant, cet « Institut francophone des libertés » possède un site internet qui est fortement inspiré de celui du « conseil de Genève » et qui a lui aussi été créé en mai 2018. La rubrique « à propos » des deux sites est quasiment identique.

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