REPORTAGESur les Champs-Elysées, «c'était une bande de jeunes venus casser»

Manifestation sur les Champs-Elysées: «Ce n'était pas des "gilets jaunes", mais une bande de jeunes venus casser et piller»

REPORTAGEAu lendemain d'une journée de mobilisation dans la capitale, la ville de Paris constate les dégâts...
Thibaut Le Gal

Thibaut Le Gal

L'essentiel

  • Paris a connu une nouvelle journée manifestation des «gilets jaunes» samedi.
  • La journée de mobilisation a connu des violences et des dégradations.
  • A proximité des Champs-Elysées, les commerçants constataient ce dimanche les dégâts.

On rassure d’emblée tous les amoureux de Paris : la tour Eiffel surplombe encore fièrement la ville et les bateaux-mouches vaquent lentement à leur flânerie. Même l’Arc de Triomphe, tagué la semaine dernière, a passé une nuit tranquille, malgré les « scènes de chaos » dénoncées samedi soir par Anne Hidalgo.

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Au lendemain d’une quatrième journée de mobilisation des «gilets jaunes», entachée de nouvelles violences, Paris panse ses plaies en cette fin de matinée. Depuis plusieurs heures déjà, les équipes d’entretien sont sur le pont pour nettoyer les rues et les bâtiments endommagés. « On a beaucoup de boulot, beaucoup de ramassages », souffle un agent de la mairie, à proximité des Champs-Elysées.

« La plus belle avenue du monde » et ses alentours gardent les stigmates d’une journée d’affrontement entre forces de l’ordre et « casseurs ». Au sol, les cartouches de munitions se mélangent aux morceaux de pavés. Ici où là, aussi, des restes de barricades n’ont pas encore été évacués.

Des restes de la mobilisation à Paris.
Des restes de la mobilisation à Paris.  - TLG/20minutes

« Ce n’était pas des "gilets jaunes", mais une bande de jeunes venus casser et piller »

Le gérant de « La maison du caviar », rue Vernet, constate les vitrines endommagées de son restaurant. « Ce n’était pas des "gilets jaunes", mais une bande de jeunes venus casser et piller en fin de journée. Ils ont bien vu qu’ils ne pouvaient pas entrer car nous avions prévu des agents de sécurité, alors ils ont frappé avec des pavés sur les vitres. C’était impressionnant mais on n’a pas eu peur. »

« Personnellement, je comprends les revendications des manifestants, ajoute-t-il. Mais ce que je regrette, c’est que nos employés ont été empêchés de venir travailler, ont eu leur scooter cassé, ou qu’ils se soient fait gazer ou menacer par des [lanceurs de balle de défense] ».

La vitrine endommagée de
La vitrine endommagée de  - TLG/20minutes

Un peu plus loin, des ouvriers enlèvent les protections de bois installées sur la devanture d’Al-Jazeera Perfumes, comme sur de nombreux magasins. « Ils ont tenté de mettre des coups de pompe, mais on n’a pas eu de casse. On avait décidé de se calfeutrer, et ça a bien tenu », se satisfait l’un d’eux, outils en main.

« En deux heures, on va tout remettre en ordre. Cette fois, on était mieux organisés, et puis beaucoup de gens se sont fait attraper, ça a sûrement joué ». Les services de police ont procédé samedi à un nombre record de 1.082 interpellations en marge de la manifestation à Paris.

Des ouvriers enlèvent les planches de protection
Des ouvriers enlèvent les planches de protection - TLG/20minutes

« Globalement, ça a tenu. Les CRS sont très vite intervenus », se satisfait aussi un employé du Drugstore Publicis, que certaines personnes ont tenté d'incendier à l'aide de sapins la veille.

Des distributeurs cassés samedi 8 décembre.
Des distributeurs cassés samedi 8 décembre. - TLG/20minutes

« Ils ont brûlé nos deux camions avec toutes les livraisons à l’intérieur »

Après trois actes de manifestation dans la capitale, beaucoup avaient anticipé la nouvelle journée. « On était plusieurs à ne pas aller bosser hier. C’était trop difficile la semaine dernière pour venir, il y avait des cadavres de voitures partout, des pavés volaient au-dessus de nos têtes, raconte un salarié d’un hôtel à proximité des Champs. Du coup, l’hôtel avait annulé toutes les arrivées prévues samedi et fermé ses portes pendant la manifestation ».

Camion brûlé à proximité des Champs
Camion brûlé à proximité des Champs - TLG/20minutes

Avenue d’Iéna, un fleuriste a eu moins de chance. « La semaine dernière, ils sont rentrés dans le magasin pour vandaliser. Cette fois, ils ont brûlé nos deux camions avec toutes les livraisons à l’intérieur. On se retrouve la veille de Noël sans pouvoir livrer », relate, très émue, la responsable. « Heureusement, depuis ce matin, nos amis et nos clients passent nous voir. Certains nous ont même préparé des gâteaux, ça nous touche beaucoup », ajoute-t-elle.

Le camion d'un fleuriste brûlé à proximité des Champs
Le camion d'un fleuriste brûlé à proximité des Champs - TLG/20minutes

La mairie de Paris a estimé que la journée du 8 décembre a occasionné plus de dégâts matériels que huit jours auparavant. Ces dégradations et la pluie battante n’empêchent pas les touristes d’affluer sur les Champs-Elysées vers midi. Nombre d’entre eux dégainent d’ailleurs leurs téléphones pour ajouter à leurs souvenirs de voyage dans la capitale une photo de vitrine brisée.