L'essentiel

  • Près de 17.000 personnes selon la police et 25.000 selon les organisateurs, ont participé samedi à la marche pour le climat à Paris.
  • Parmi eux se trouvaient de nombreux « gilets jaunes ».
  • Ces derniers affirment que les problèmes écologiques et sociaux sont liés.

Gilet jaune sur le dos, Philippe se tient au milieu de l’avenue Philippe Auguste. « Je suis là pour faire converger la lutte des "gilets jaunes" avec la lutte pour le climat », explique ce Francilien de 55 ans. « Si on résout la question climatique, on réglera les problèmes sociaux », assure-t-il. Dans chacune de ses mains, il tient un petit panneau. Sur le premier, il a écrit : « Les systèmes ultralibérals (sic) et financiers nous tuent ! Kill us ! » Sur l’autre, il demande aux citoyens de se « réveiller ». « Nous sommes dirigés par des énarques qui ne connaissent même pas le prix d’une baguette. Eux, ils ne font pas leurs courses chez Lidl. Comment peuvent-ils nous comprendre ? »

Comme lui, de nombreux « gilets jaunes » avaient pris part à la marche parisienne pour le climat qui a réuni 17.000 personnes selon la police, 25.000 selon les organisateurs. Loin de scènes de violences qui ont été observées, ce samedi, dans le quartier des Champs-Elysées, l’ambiance dans le cortège, qui s’est élancé de la place de la Nation un peu après 14h, était plutôt bon enfant. Bénédicte est d’ailleurs venue avec ses filles. « Il ne faut pas céder à la peur et à la folie », souffle cette militante au sein de l’association Oxfam. D’autant qu’il est « extrêmement urgent » de se mobiliser aujourd’hui pour la planète. Alors, elle n’aurait manqué cet évènement pour rien au monde.

« On a qu’à interdire les 4x4 à Paris »

Un peu plus loin, Thierry enfile lui aussi son gilet fluo sur sa parka rouge pour défiler. « Je suis ici pour le climat, mais aussi pour porter les revendications des "gilets jaunes" », affirme ce parisien de 61 ans, qui critique l’idée consistant à instaurer une taxe carbone. « Si vous augmentez de quelques centimes le prix du carburant, qui sera touché ? Les gens les plus pauvres ! Ceux qui ont du pognon, ils s’en foutent ! » Le gouvernement, dit-il, pourrait agir autrement pour l’environnement. « On peut faire des tas de choses, on a qu’à interdire les 4x4 à Paris et n’autoriser que les petites voitures électriques », confie-t-il.

La pluie commence doucement à tomber. Un nuage verdâtre s’élève au-dessus d’un groupe de manifestants. « Ça sent l’écologie ici », sourit l’un d’eux. A quelques mètres, Emmanuelle, 60 ans. Elle aussi porte un gilet jaune. « Je pense qu’il y a une volonté commune de faire de l’écologie et de la politique autrement », estime cette petite femme blonde, une écharpe bleu clair autour du cou. En venant ici, elle voulait montrer qu’il était important « de ne pas distinguer les luttes sociales de la lutte pour le climat ». « C’est la même politique qui détruit la planète et les mouvements sociaux. » Elle aussi a un avis sur la taxe carbone, dont le Premier ministre a pourtant annoncé l’annulation. « Il ne faut pas taxer les plus pauvres, mais ceux qui peuvent payer plus. »

« Trouver des alternatives à la voiture »

« Instaurer cette taxe n’était pas la chose la plus urgente à faire », remarque également Gwenaëlle, 27 ans. « Il faut d’abord remettre en service les petites lignes de train, instaurer la gratuité des transports en commun. On pourra ensuite taxer les voitures. Mais il faut trouver d’abord des alternatives », assure cette Parisienne originaire de Bretagne, qui arbore aussi le fameux gilet avec son ami, Benjamin. D’ailleurs, observe-t-elle, cette mesure « ne finançait pas dans sa totalité » la transition écologique. « Les gens qui ont peu de moyens ont pris ça comme une attaque à leur portefeuille. »

Vers 16h30, le cortège arrive place de la République. Tu-tran, 31 ans, tient quatre sacs-poubelle qu’elle remplit avec les détritus retrouvés sur le chemin. La jeune femme est bénévole au sein d’Alternatiba, l’une des associations qui a organisé la marche. « Nous avons mis en place une brigade dont l’objectif est de garder propre la voie publique. C’est cohérent avec ce genre d’évènement en plus », explique-t-elle. « On aurait aimé avoir plus de temps pour expliquer aux gens l’importance de ramasser les déchets, de trier et de recycler. Mais vu les circonstances, on n’a pas pu. J’espère que les gens qui nous ont vu faire ont été sensibilisés. »