«Gilets Jaunes» à Saint-Etienne: Pour des nombreux commerçants, «l'année est foutue» à cause des blocages ou des manifestations
ECONOMIE•Certains ont vu leur chiffre d'affaires chuter de 50 à 100% depuis le 17 novembre...Caroline Girardon
L'essentiel
- La CCI, chambre de commerce et d’industrie de Lyon Métropole, demande à l’Etat de « rétablir l’ordre ».
- Certains commerces de la région déplorent une perte de leur chiffre d’affaires de 50 à 100 % suite aux blocages ou manifestations des «gilets jaune ».
«L’ordre doit être rétabli ». La CCI, chambre de commerce et d'industrie de la Métropole de Lyon, Saint-Etienne et Roanne, a fait part de son inquiétude. « Tout en comprenant certaines revendications des "Gilets Jaunes" », elle a souhaité condamner « les blocages et les actes de violences qui entraînent des effets collatéraux considérables pour de nombreuses entreprises ».
« Les entreprises qui se situent à proximité des barrages en place depuis plus de trois semaines sont dans une situation préoccupante », insiste-t-elle. Et d’évoquer de nombreux commerces « en cessation de paiement ». « Plusieurs d’entre eux ont vu leurs chiffres d’affaires chuter de 50 %, 80 %, voire 100 % », rappelle-t-elle. C’est le cas de Daniel Loctin, qui gère trois établissements de restauration rapide à Saint-Etienne.
« L’année est foutue »
« L’année est foutue, ça nous a tués, déplore-t-il. Depuis le 17 novembre, la situation est compliquée ». Les manifestants se sont postés à un rond-point de la zone industrielle où se trouve l’un de ses restaurants. « Le public est particulièrement réticent à l’idée de venir ici maintenant. Les jeunes hésitent. La clientèle familiale ne se déplace plus ». Résultat : le 17 novembre, son chiffre d’affaires a chuté de 95 %. « Le dimanche, les forces de l’ordre nous ont conseillé de fermer, ce que l’on a fait », raconte Daniel Loctin. Les jours suivants n’ont pas été plus concluants.
« Le premier week-end, on a perdu plusieurs dizaines de milliers d’euros de chiffre. La semaine, on est sur une baisse de 38 %. Les samedi et dimanche, le drive qui représente 40 % de notre chiffre d’affaires, est fermé », poursuit le patron qui envisage désormais de « faire une demande de chômage partiel ». « Nous rencontrons un autre problème : tous nos produits sont frais. Quand vous ne le vendez pas, vous êtes obligés de les jeter. En ce moment, nous faisons face à de grosses pertes financières et nous sommes frappés d’une double peine », poursuit-il.
Des retards ou des annulations de livraison
D’autres ont vu leurs activités de production et de distribution fortement entravées par des retards ou des annulations dans les livraisons. « Habituellement nous sommes livrés tous les deux jours. Désormais, c’est beaucoup plus aléatoire », constate Malek Sahli, gérant du Casino situé sur la place du Peuple à Saint-Etienne. S’il ne peut chiffrer pour l’instant les conséquences, l’homme affirme néanmoins que les pertes seront importantes. « On devrait se situer autour d’une baisse de 30 % de notre chiffre d’affaires », prédit-il, redoutant les semaines à venir. « On est dans la dernière ligne droite. Si on loupe les fêtes de fin d’année, on rate l’année. »
Laurent, qui est responsable d’une boutique de prêt-à-porter, s’inquiète également de possibles débordements ce week-end. « La situation de ces derniers jours a été tendue. On voit quelques jeunes faire une sorte de repérage. On redoute qu’ils ne passent à l’action samedi car on entend les rumeurs, on voit les appels à venir faire du shopping gratuit sur les réseaux sociaux », explique-t-il.
Les CCI de France ont d’ailleurs demandé que les entreprises « lourdement impactées » par les désordres et les blocages, puissent bénéficier de « mesures d’accompagnement rapides » par l’Etat. Un dispositif «Activité partielle » a été mis en place pour que les chefs d’entreprise concernés postulent et fassent connaître leur situation.