COP 24: «Nos élèves sont devenus de vrais ambassadeurs de l’écologie»
REPORTAGE•A l’occasion de la COP 24 qui se déroule cette semaine, « 20 Minutes » a visité une école maternelle parisienne pour le moins écolo…Delphine Bancaud
L'essentiel
- L’école maternelle La Pointe d’Ivry est engagée depuis 4 ans dans une démarche d’éducation au développement durable et a obtenu plusieurs distinctions dans ce domaine.
- Les élèves sont sensibilisés au tri sélectif, au recyclage, aux économies de ressources et participent au jardinage.
- Des actions qui leur permettent d’être prescripteurs du respect de l’environnement auprès de leurs parents.
Il n’y a pas d’âge pour être soucieux de préserver la planète. La preuve avec les élèves de l’école maternelle de la Pointe d’Ivry à Paris. Ce mardi matin, le directeur de l’établissement, Florent Aubry, passe une tête en grande section pour venir chercher un groupe de cinq enfants. C’est l’heure de leur initiation au développement durable.
Tous le suivent avec enthousiasme et s’installent en arc de cercle autour de lui. « Que fait-on à l’école pour préserver l’environnement ? », interroge le directeur. « On jette les déchets », « on arrose les plantes », « on éteint la lumière », répondent en chœur les élèves. « Et vous savez pourquoi je collecte les bouchons de bouteilles ? Je les donne à une association qui les fait fondre et qui recycle le plastique pour créer d’autres objets », explique-t-il aux élèves captifs.
« Si on pose la pile au pied d’un arbre, il va mourir »
Assis devant différents bacs de recyclage, le directeur les passe en revue, en veillant toujours à interagir avec les enfants. « Vous savez pourquoi il faut recycler les piles ? », leur demande-t-il. « Parce que sinon, ça casse la planète », s’exclame Charly. « Et si on pose la pile au pied d’un arbre, il va mourir », renchérit Clément. « Il ne faut pas non plus jeter les piles dans la poubelle verte, car elles dégagent des gaz dangereux », explique le directeur.
L’intérêt des élèves et leur aisance à répondre montrent qu’ils sont déjà sensibles aux questions écologiques. Pas étonnant, puisque l’école est engagée depuis quatre ans dans une démarche d’éducation au développement durable. La maternelle a même obtenu le label E3D niveau 3, ainsi que le label national et international Eco-école dans la thématique « déchets » depuis 2 ans. Des reconnaissances qui ont permis de faire connaître ces initiatives pédagogiques en dehors de l’école. Et sans doute aussi d’obtenir le financement d’un système d’arrosage automatique du jardin par le rectorat !
« Qu’est-ce que je fais avec le pipi des vers de terre ? »
« J’ai toujours été écolo dans l’âme. Quand je suis arrivé dans l’école et que j’ai vu qu’elle était dotée d’un immense jardin, j’ai décidé de lancer des actions pédagogiques dans quatre directions : le jardinage, la recyclerie (livres, ordinateurs…), le tri sélectif et enfin les économies de ressources (papier, eau, électricité) », raconte Florent Aubry, avant de convier ses élèves à participer à une nouvelle activité verte : le compost.
« C’est quoi ces épluchures ? », interroge-t-il, en ouvrant un bac rempli. « De la citrouille », répond Clément. « Du poireau », lance Zied. L’occasion de revoir avec les enfants les noms des fruits et légumes. « Toutes ces épluchures nous sont apportées par les parents. Nous en récoltons 2 tonnes par an grâce aux 25 familles qui participent à l’action », annonce fièrement Florent Aubry. Direction ensuite le « lombricompost, » histoire de regarder les vers de terre qui s’agitent. En bas du bac, des bouteilles en plastique récupèrent le jus de compost. « Et qu’est-ce que je fais avec le pipi des vers de terre ? », interroge le directeur. « Tu arroses les plantes avec », répond Nora. « Oui, car c’est un engrais extraordinaire », commente-t-il.
« On a même des tomates cerise »
Entraînant les enfants dans le jardin, Florent Aubry ouvre devant eux un énorme bac à compost. Les enfants se bouchent le nez. « Je n’aime pas les mouches », se plaint Sara. « Vous voyez, y a de la fumée car c’est une réaction chimique qui montre que les choses se décomposent », explique-t-il aux élèves fascinés. « A partir de février, on utilise le compost pour enrichir nos jardinières », poursuit-il.
Et les élèves ont de quoi faire, car autour de la cour, il y a 100 m2 de plantations diverses. « On a même des tomates cerise », montre Sara. Au cours de l’année, les enfants ont aussi planté des bulbes de tulipes, de narcisses, de perce-neige, ont ramassé des potimarrons, cueilli du thym… Et ils ont participé au concours « déchets d’œuvres » organisé par le directeur et impliquant 5 écoles du quartier. « Les élèves devaient produire une œuvre à partir de matériaux recyclés. Une exposition a ensuite été organisée pour montrer leurs productions aux gens du quartier », s’enthousiasme Florent Aubry. « Avec toutes ces actions, nos élèves sont devenus de vrais ambassadeurs de l’écologie. Ce sont des prescripteurs pour les parents. »