MOBILISATIONMarseillais contre l'insalubrité et «gilets jaunes» manifestent ensemble

VIDEO. Marseille : « Gilets jaunes » et manifestants contre l’habitat insalubre défilent ensemble avant des échauffourées

MOBILISATIONLa marche pour le droit à un logement digne pour tous et celle des « gilets jaunes » ont convergé sur la Canebière. La manifestation a toutefois dégénéré devant la mairie…
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

L'essentiel

  • Le collectif du 5 novembre à Marseille a appelé à une marche pour « le droit à un logement digne pour tous ».
  • Cette marche a rejoint la manifestation des « gilets jaunes ».
  • La manifestation s’est toutefois soldée par des échauffourées.

Des Marseillais, défilant sur la Canebière, réclamant « un toit pour tous », avec, en guise de cortège, des « gilets jaunes » et des militants de la CGT. C’est l’étonnante scène qu’ont vécue les milliers de manifestants qui étaient ce samedi dans les rues de la deuxième ville de France. Le collectif du 5 novembre avait en effet appelé à une « marche pour le droit à un logement digne pour tous », près d’un mois après l'effondrement de plusieurs immeubles dans le quartier de Noailles. Une marche qui tombait en plein acte III de la mobilisation des « gilets jaunes ».

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Après s’être élancés tout près du lieu du drame, réclamant notamment la « réquisition des logements vides », les manifestants ont rejoint les 300 « gilets jaunes », les 100 motards et environ 350 manifestants appelés par la CGT à se mobiliser pour réclamer un changement de la politique du gouvernement, selon les statistiques de la préfecture de police.

« Convergence des luttes »

« Ce qui va se produire c’est une convergence des luttes (…). Plus le pouvoir joue le pourrissement en espérant que les gens vont se lasser (…) et plus les gens mettent dans leurs luttes, des aspirations de plus en plus amples », a déclaré lors d’une conférence de presse avant la manifestation, le leader de LFI et député des Bouches-du-Rhône, Jean-Luc Mélenchon, qui a ensuite rejoint les manifestants dans l’après-midi.

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« Les "gilets jaunes" et le mouvement de la rue d’Aubagne, au fond, c’est le même combat, estime Laetitia, 51 ans, un gilet jaune sur le dos. Ce sont des politiques pour les riches qui méprisent le peuple, alors qu’il faudrait remettre l’humain au centre, au lieu faire passer l’argent avant. » « Je suis venue à la marche du collectif du 5 novembre pour exprimer un ras-le-bol général, confie Virginie, 49 ans. On laisse à l’abandon les quartiers, et la mairie a mis en place une politique anti-pauvre ! »

« Une ville pour toutes et pour tous »

Avant de s’élancer vers la mairie, l’un des fondateurs du collectif du 5 novembre, Kévin Vacher, a pris la parole. « Hier soir, une vingtaine d’associations et syndicats se sont réunis pour une autre politique du logement, et une ville pour tous et toutes. Nous, associations, collectifs d’habitants et syndicats concernés par les problématiques du mal-logement, appelons l’ensemble des Marseillais à continuer à se mobiliser pour une autre politique pour la ville. »

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Arrivée devant l’hôtel de ville en silence, afin d’honorer la mémoire des huit morts, la foule compacte ne se disperse pas, alors que plusieurs CRS restent postés devant la mairie. La tension se fait de plus en plus palpable. Rapidement, des échauffourées éclatent : les CRS lancent des bombes lacrymogènes, une poignée de personnes brûlent les arbres du marché de Noël.

« On est des centaines de gens pacifiques, et on est gazé »

« On est des centaines de gens pacifiques, et on est gazé, certains avec des enfants, pour faire face à deux connards, » peste Amélie, alors qu’elle s’applique du sérum physiologique. Une répression policière dénoncée par plusieurs élus. Victime des grenades lacrymogène, Benoît Payan, président du groupe socialiste au conseil municipal, dénonce des faits « minables » sur les réseaux sociaux.

Des grenades lacrymogènes jetées sur des enfants, des familles, des victimes, des proches de victimes, des délogés et des Marseillais qui manifestaient pacifiquement sur le Vieux-Port. Ils ne demandaient que justice et dignité, le droit de pouvoir vivre dans des logements sûrs et sains. Minable. #BalanceTonTaudis

Posted by Benoît Payan on Saturday, December 1, 2018

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« Il y a des gens qui manifestent pour la dignité, et qui se font gazer, massacrés par les forces de l’ordre. », estime-t-il. « L’utilisation excessive et injustifiée de la force publique, - gaz lacrymogènes, charge de CRS contre des poussettes et des sinistrés - est une provocation », ajoute la sénatrice socialiste Samia Ghali.

Vingt-et une personnes interpellées

« Si je peux comprendre la colère de certains, je condamne néanmoins avec la plus grande fermeté des débordements qui ne résolvent en rien la situation particulièrement douloureuse que vivent les personnes sinistrées. Rien ne peut justifier d'ajouter encore du drame au drame », a réagi dans un communiqué Jean-Claude Gaudin suite aux échauffourées.

Jeudi, le collectif du 5 novembre avait lancé un appel au préfet de police, réclamant de « s’engager publiquement à respecter l’expression et l’intégrité physique des manifestants ». La précédente manifestation du collectif avait en effet dégénéré​, faisant plusieurs blessés du côté des manifestants, des journalistes et de la police.

Vingt et une personnes ont été interpellées, a indiqué la préfecture de police vers 21 heures, notamment pour les pillages d'une boutique de téléphonie et d'une bijouterie ainsi que pour l'incendie d'un véhicule de police sur la Canebière. Des palissades de chantiers et des poubelles ont également été brûlées. A la gare Saint-Charles, la Fnac a été vandalisée et les décorations de Noël arrachées par « des casseurs qui n'avaient pas de gilets jaunes », a indiqué une porte-parole de la SNCF.

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