FOCUSA La Réunion, le prix du carburant est en grande partie fixé par l'Etat

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FOCUSL'île est secouée depuis le 17 novembre par un mouvement de protestation contre le prix du carburant. Celui-ci obéit à des règles différentes de celle de la métropole et l'Etat y joue un rôle important...
Mathilde Cousin

Mathilde Cousin

L'essentiel

  • A La Réunion, des « gilets jaunes » protestent contre le prix du carburant.
  • Le prix du carburant obéit à des règles différentes de celles de la Métropole et l’Etat y joue un rôle important. Ce dernier fixe un prix maximum chaque mois.

A La Réunion aussi, les habitants s'élèvent contre le prix des carburants. Ce mois-ci, le litre de gazole coûte au maximum 1,28 euro et il faut débourser 1,56 euro pour obtenir un litre de sans-plomb. Des prix qui pèsent sur une île où 23 % de la population est au chômage, selon l’Insee. A la différence de la métropole, les prix du carburant sur l’île de La Réunion ne sont pas libres : ils sont fixés par l’Etat. Chaque mois, la préfecture communique le prix maximum du gazole et du sans-plomb.

Les taxes n’ont pas le même poids dans le prix payé à la pompe qu’en métropole. A La Réunion, la fiscalité représente en novembre 50 % du prix au litre pour le sans-plomb, et 37,8 % du prix du litre de gazole, selon des données publiées par la préfecture. Ces taxes comprennent l’octroi de mer, qui touche les biens importés sur l’île, et la taxe spéciale de consommation. Cette dernière taxe remplace la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) qui s’applique en métropole. Il n’y a pas non plus de TVA à La Réunion pour le gazole et le sans-plomb.

Pas d’augmentation de la principale taxe pendant trois ans

Le taux de cette taxe spéciale de consommation est fixé par le conseil régional. En 2017, cette taxe a rapporté un peu plus de 221.000.0000 d’euros. C’est la région qui en a le plus bénéficié : elle a reçu 58 % de cette somme. Le reste a été réparti entre les communes (23 %), le département (17 %) et certaines intercommunalités (3 %).

Mercredi, Didier Robert, le président du conseil régional, a annoncé avoir obtenu de l’Etat que cette taxe n’augmentera pas en 2019, 2020 et 2021. L’Etat voulait aligner le taux de cette taxe sur celui de la TICPE. « Les Réunionnais ont un taux réduit de taxes sur les carburants qui est différent de celui de la TICPE (Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) et le projet était de l’aligner sur la TICPE, mais c’est cet alignement qui est donc bloqué pour les trois prochaines années », a expliqué mercredi Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement.

44 % du prix du litre de gazole est composé du prix du carburant avant qu’il n’arrive dans l’île

Pèse également dans le prix à la pompe le prix dit CAF (coût, assurance, fret). C’est le prix du carburant au moment où il arrive dans l’île, avant que différentes taxes n’y soient ajoutées. Ce prix CAF n’est pas négligeable : en novembre, il représente 44 % du prix final du litre du gazole et 34 % du prix du litre de sans-plomb.

A ce prix CAF et la fiscalité, il faut ajouter la marge brute du grossiste (7 % du litre de gazole et 6 % du litre de sans-plomb), la marge brute du détaillant (9 % du litre de gazole et 7 % du litre de sans-plomb) et les frais de passage par le dépôt (1,6 % du litre de gazole et 1,3 % du litre de sans-plomb). Enfin, une redevance est versée au grand port maritime, le point d’entrée des hydrocarbures sur l’île. Celle-ci s’élève à 0,78 % du prix final du litre de gazole et à 1,3 % du litre de sans-plomb. Autant de strates qui se retrouvent dans le prix final.