SOCIALQuatre questions sur la mobilisation des «gilets jaunes» ce dimanche

VIDEO. Blocage des «gilets jaunes»: Quatre questions sur la mobilisation de ce week-end

SOCIALAprès la mobilisation de samedi, qui se poursuit dans certaines régions, les politiques commencent à s'exprimer sur ce mouvement social spontané...
Des gilets jaunes restent mobilisés près de Valenciennes, dans le Nord dimanche 18 novembre 2018.
Des gilets jaunes restent mobilisés près de Valenciennes, dans le Nord dimanche 18 novembre 2018. - AFP
Oihana Gabriel

O.G. avec AFP

Un mouvement qui va se poursuivre ? Qui va faire bouger le gouvernement ? Qui va trouver sa place dans l’échiquier politique ?Au lendemain de la mobilisation des «gilets jaunes», qui a rassemblé près de 288.000 personnes dans toute la France et se poursuivait par endroits, tous les regards sont tournés vers l’Elysée et Matignon, restés en retrait. 20 Minutes tente de faire le point sur quatre grandes questions ce dimanche.

Les blocages ont-ils repris ce dimanche ?

Samedi, près de 290.000 personnes ont manifesté sur 2.034 sites à travers la France.Dimanche matin, des blocages persistaient sur environ 150 sites. Des barrages filtrants et des blocages ont été observés dans plusieurs régions de France. Des «gilets jaunes» ont lancé en milieu de matinée une opération parking gratuit à Eurodisney, en Seine-et-Marne. «Nous on veut prolonger le mouvement aujourd'hui, demain. On est plusieurs à avoir posé une semaine de vacances pour continuer», a déclaré à l'AFP Arnaud, 47 ans, fonctionnaire territorial.

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Dans le sud-est, la mobilisation des «gilets jaunes» se concentre dans le Vaucluse. Une centaine de motards mènent une opération escargot, «encadrée par les forces de l'ordre pour sécuriser le parcours» sur la nationale 7. Des barrages sont recensés le long de l'autoroute A7, rendant notamment les entrées impossibles à Avignon Nord, Orange et Bollène. Des barrages filtrants ont été repérés à Montélimar (Drôme), Chalon-sur-Sâone (Saône-et-Loire) et en Haute-Loire.

A Caen, les forces de l'ordre sont intervenues dimanche vers 10h30, pour lever deux points de blocage installés par des manifestants sur le périphérique de la ville. A Rennes, pour assurer la sécurité de manifestants restés sur le périphérique, la préfecture avait annoncé samedi soir la fermeture partielle de la rocade. Ils étaient toujours présents dimanche matin, mais en nombre réduit. En Nouvelle-Aquitaine, des barrages filtrants ont été installés sur de grands axes routiers, comme sur le Pont d'Aquitaine. Dans les Pyrénées orientales, des actions se poursuivent au péage du Boulou sur l'A9, dernier péage avant l'Espagne. Les voies sont bloquées entre l'Espagne et la France, occasionnant six kilomètres de bouchon, entre la frontière et Le Boulou.

Quel est le bilan de samedi ?

Les manifestants, qui protestent contre la hausse des taxes sur le carburant et la baisse du pouvoir d’achat, ont bloqué samedi autoroutes, ronds-points, hypermarchés ou organisé des opérations de péage gratuit.

Des « gilets jaunes » se sont aussi rendus près de l’Elysée, où les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes. S’ils n’ont pas réussi à paralyser la France, tout le territoire a été touché par leurs actions, organisées en dehors des partis et des syndicats.

Mais le bilan humain est lourd avec un mort, une manifestante de 63 ans percutée par une conductrice prise de panique, et plus de 400 blessés - dont 14 gravement y compris parmi les forces de l’ordre - et les dégradations ont été nombreuses. 282 personnes ont été interpellées.

Quelle est la réaction du gouvernement ?

Ecouter et (en même temps) rester ferme. Difficile équilibre que celui du gouvernement. Ni Edouard Philippe, qui avait annoncé mercredi des mesures d’accompagnement aux ménages, ni Emmanuel Macron, en déplacement dimanche à Berlin et dont la cote est au plus bas, ne se sont exprimés, laissant Christophe Castaner monter au front.

Lequel s’est exprimé ce dimanche matin sur RTL. « Le gouvernement est attentif à toutes les mobilisations, nous devons maintenant continuer à répondre aux attentes des Français y compris en termes de pouvoir d’achat », avait martelé samedi le ministre de l’Intérieur, tentant de conjuguer le « en même temps » : à la fois écouter et rester ferme.

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« Il y a une mobilisation qui est là, il ne faut pas la nier » mais « ce n’est pas le raz-de-marée attendu », selon un conseiller de l’exécutif. Les chiffres sont comparables à certaines grandes manifestations organisées ces dernières années par les syndicats.

« Chacun était à sa place hier, j’étais en lien permanent avec le président de la République et avec le Premier ministre pour les informer des questions de sécurité », a justifié dimanche le locataire de Beauvau, déplorant qu’en face, « personne n’a voulu discuter, négocier ».

De son côté, le ministre de la Transition écologique François de Rugy a indiqué au Parisien que le gouvernement poursuivrait « la trajectoire prévue » en matière de fiscalité écologique.

Cependant, selon un sondage publié par le Journal du Dimanche, 62 % des Français jugent qu’il faut « donner la priorité au pouvoir d’achat quitte à aller moins rapidement sur la transition énergétique » dans les prochaines années.

Quelles sont les réactions des politiques ?

De l’extrême droite à l’extrême gauche, des élus, parfois vêtus de gilets jaunes, s’étaient rendus samedi auprès de manifestants. La plupart l’ont fait discrètement pour ne pas prêter le flanc aux accusations de récupération.

Mais ce dimanche, plusieurs responsables politiques y vont de leur analyse de ce mouvement né sur la Toile. « Les «gilets jaunes» doivent poursuivre leur action tant que le gouvernement poursuit la sienne » a déclaré sur France Inter Geoffroy Didier, secrétaire général délégué des Républicains.

« Je crains que le gouvernement n’ait pas compris, les choses vont s’aggraver pour lui », a prévenu sur Franceinfo Sébastien Chenu, porte-parole du Rassemblement national. Le président des Patriotes Florian Philippot a même appelé sur Cnews à « à la dissolution de l’Assemblée nationale ».

A l’autre bout de l’échiquier, le Nouveau parti anticapitaliste estime qu’il « va falloir mettre en mouvement le mouvement social, syndicats, associations et partis politiques, pour qu’ils donnent des prolongements à cette colère ».

Laurent Wauquiez, patron de LR, était au Puy-en-Velay, d’où il a appelé le président à « corriger ses erreurs ». Le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, venu place de la Concorde dans la capitale, s’est félicité d'« un immense moment d’auto-organisation populaire ».

Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, prévient lui que « sans dialogue, en jouant le pourrissement, le gouvernement prend le risque de dérapages ».

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