Report du projet de loi sur la PMA: «J’aimerais bien que le gouvernement donne un vrai calendrier»
INTERVIEW•La députée LREM Laurence Vanceunebrock-Mialon réclame le droit à la PMA pour toutes les femmes…Propos recueillis par Nicolas Raffin
L'essentiel
- Le projet de loi sur la PMA ne sera pas examiné avant plusieurs mois.
- Les associations favorables à la PMA pour toutes y voient une manœuvre avant les élections européennes.
- Laurence Vanceunebrock-Mialon affirme qu’elle n’est pas inquiète pour l’avenir de cette mesure.
L’examen à l’Assemblée du texte qui ouvre la procréation médicalement assistée à toutes les femmes (PMA) ne démarrera finalement pas avant le printemps 2019. « Il y a un décalage de quatre mois et demi ou cinq mois (par rapport au calendrier initial) en raison de l’encombrement du calendrier parlementaire », a indiqué jeudi à l’AFP le rapporteur de la mission d’information sur la bioéthique, Jean-Louis Touraine, député LREM.
« C’est une stratégie électorale avant l’intérêt des familles », a sèchement répliqué le président de SOS homophobie Joël Deumier. Celui-ci y voit une manière d’éviter des débats polémiques avant les élections européennes de mai. Pour la députée LREM Laurence Vanceunebrock-Mialon, qui a elle-même eu recours à la PMA pour concevoir ses deux filles avec son ex-compagne, le gouvernement tiendra ses promesses, mais gagnerait à être plus clair.
Que pensez-vous du report de l’examen de la PMA ?
Ce décalage dans le temps est lié à l’examen de la réforme constitutionnelle. Et je rappelle que si la révision constitutionnelle a été reportée cet été, c’est bien parce que l’opposition a fait de l’obstruction. Le texte sur la PMA sera bien présenté en conseil des ministres début 2019. Là où le bât blesse, c’est qu’on nous explique que sa présentation au Parlement se fera « dès que possible ». J’aurais bien aimé que le gouvernement se positionne plus clairement, puisque cela fait un petit moment qu’on décale la discussion de ce texte.
Faut-il y voir un recul du gouvernement ?
Je sais très bien que le gouvernement va aller jusqu’au bout de son idée. Mais il ne faut pas nous laisser dans une nébuleuse, avec une communication approximative qui laisse des brèches à l’opposition. Il ne faut pas trop attendre. Une femme qui avait 32 ans en 2013, à l’époque où on parlait déjà de PMA, en a déjà 37 aujourd’hui. Cela place les familles homoparentales qui veulent avoir des enfants dans une situation inconfortable. J’aimerais donc que le gouvernement donne un vrai calendrier.
Pensez-vous que la société a globalement accepté l’ouverture de la PMA à toutes les femmes ?
Nous sommes une minorité. Si vous prenez les familles homoparentales, avec deux femmes, c’est un tout petit pourcentage qui va pouvoir accès à cette technique médicale. Pour la plupart des Français, le thème de la PMA n’est pas un problème. En revanche, vous avez une petite partie conservatrice de la population qui se débat contre ce projet.
Je n’arrive pas à comprendre pourquoi cette minorité ne veut pas que nous ayons les mêmes droits, que nous restions des sous-citoyens. Au moment du mariage pour tous, on a décidé d’accorder des droits à une partie de la population qui n’en avait pas. Alors allons jusqu’au bout, et ayons les mêmes droits pour tous, aussi bien sur la PMA que sur la filiation.