EFFONDREMENT A MARSEILLEA Marseille, les immeubles anciens «résistent bien s'ils sont entretenus»

Immeubles effondrés à Marseille: «Ces immeubles résistent bien dans le temps, à condition d’être bien entretenus», explique un architecte

EFFONDREMENT A MARSEILLEFabien Cadenel, architecte à Marseille, livre des explications sur les modes de construction des immeubles marseillais et sur leur manque d’entretien…
Adrien Max

Adrien Max

L'essentiel

  • Fabien Cadenel explique les modes de construction des immeubles populaires à Marseille au XVIIe siècle, réalisé avec deux murs porteurs et des poutres en bois.
  • Selon lui, ces constructions résistent très bien au temps, à condition d’être bien entretenus.
  • Mais l’entretien de ces immeubles n’est souvent pas réalisé à temps, ce qui a pour conséquence de largement les fragiliser.

Fabien Cadenel est architecte à Marseille depuis 1999, il connaît bien la problématique de la rénovation d’immeubles anciens et conseille plusieurs syndics à ce propos. Il livre à 20 Minutes un éclairage sur les modes de construction des habitats « populaires » de Marseille, une semaine après l'effondrement de deux immeubles de Noailles, occasionnant la mort de huit personnes.

Quelles sont les particularités de ces immeubles marseillais ?

Il s’agit d’immeubles de type « trois fenêtres ». Ces constructions datent de la fin du XVIIIe siècle, à une époque de grande croissance. Il fallait construire vite. Ils s’articulent autour de deux murs porteurs, reliés par des poutres de sept mètres utilisées dans la marine, sans mur intermédiaire. Les murs sont constitués de moellons, de gros cailloux, agrémentés par un mortier de chaux, ils ont moins de tenue que les murs en pierre de taille des immeubles de notables.

Certains évoquent la possibilité que ces immeubles reposent les uns sur les autres. Le premier maintien le second et ainsi de suite. Est-ce le cas ?

En visionnant les photos, j’ai pu voir que ces immeubles disposaient d’un sous-sol, et donc de fondations. Après il est possible qu’en 200 ou 300 ans, ces immeubles ont bougé à cause de mouvement de sol. Mais qui est vraiment capable de savoir s’ils s’appuient les uns sur les autres, même s’ils peuvent bouger pour de multiples raisons ?

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Est-ce que ces immeubles présentent des risques dans le temps ?

Non, ils vieillissent bien. Mais à condition d’être bien entretenus. Si l’enduit ou la toiture se dégradent, alors l’immeuble est exposé aux aléas météorologiques et l’eau va s’y infiltrer. Les murs vont se désolidifier et le bois peut s’affaisser. L’élargissement de certaines pièces ou de fenêtres va aussi fragiliser l’ensemble. C’est notamment le cas des commerces du rez-de-chaussée qui souhaite élargir leur vitrine, ce qui va affaiblir les murs.

Est-ce que ces immeubles sont généralement bien entretenus ?

A chaque assemblée générale de copropriétaires, je dois leur rappeler que l’entretien coûte de l’argent. Il y a une fâcheuse tendance à ce que les copropriétaires considèrent qu’ils n’ont pas besoin d’entretenir. Il y a un vrai manque de surveillance.
Les copropriétaires sont souvent la 3e ou 4e génération de propriétaire, et ils doivent engager des travaux très lourds, et donc très onéreux. Ils sont très importants par rapport au revenu locatif, certains n’ont pas les moyens de réaliser ces travaux. A titre d’exemple, j’ai un devis de 145.000 euros pour cinq copropriétaires, vous imaginez ? Beaucoup parlent de marchands de sommeil, mais j’en rencontre très peu.

Comment remédier à ce problème ?

Il est mentionné que les travaux doivent être menés sous l’égide d’un homme de l’art, or souvent ce n’est pas le cas. Mais des petits travaux peuvent avoir de grandes conséquences. Il y a bien souvent une absence de diagnostic, et donc on ne programme pas les travaux dans la durée. Ça ne peut donc que se dégrader et le coût ne cesse d’augmenter.
Les propriétaires sont mécontents car le coût des travaux est très important et ils ne sont pas accompagnés par des taux zéro, des aides de la mairie et il y a de moins en moins de subventions. Pourtant nous sommes là pour aider avec les syndics, les experts. Mais nous devons être épaulés par une volonté plus large. Cette catastrophe malheureuse fait resurgir cette nécessité, encore plus importante à Marseille qu’ailleurs.