Marseille: «On a fait venir la mairie qui a décidé que ce n'était pas grave», affirme le syndic d'un des immeubles
CATASTROPHE•Interrogé par l'AFP, le syndic du 65 rue d'Aubagne, qui s'est effondré lundi à Marseille, assure avoir pris toutes les mesures pour la sécurité...M.Cei. avec AFP
L'essentiel
- Les locataires du 65 rue d’Aubagne avaient récemment regagné leurs appartements malgré un arrêté en péril en 2017
- La situation était connue de la mairie selon le syndic de cet immeuble.
La sécurité a-t-elle été assurée au 65 rue d'Aubagne ? Cette copropriété, gérée par le syndic marseillais Liautard, fait partie des trois immeubles qui se sont effondrés ce lundi à Marseille. Ce syndic a assuré mardi avoir pris toutes les mesures utiles pour la sécurité. « Il ne s’agissait pas d’un immeuble mal habité ou de marchands de sommeil. Nous avons une trésorerie saine, dès qu’il y avait des travaux à faire, nous les avons faits », a déclaré le responsable du syndic, Jean-François Valenti.
Deux maçons intervenus en octobre dans les caves ont toutefois assuré y avoir vu un mur porteur à moitié écroulé : « En fait, cet immeuble tenait sur trois pattes » a résumé l’un d’eux, Christophe Ignacio. En 2017 déjà, un arrêté de péril imminent avait été pris pour l’un des appartements de l’immeuble, dont le plancher des toilettes et de la cuisine, pourri, s’était partiellement effondré.
Une évacuation en catastrophe
Malgré des signaux d’alerte, le syndic assure avoir suivi les recommandations. « Il y a eu deux expertises dans les 15 jours avant que l’immeuble ne tombe », a-t-il souligné. « On a réagi, on a fait venir la mairie qui a décidé que ce n’était pas grave, c’est le drame ».
Le 18 octobre, les habitants ont été évacués en catastrophe, par nacelle, car une cloison du hall d’entrée avait énormément gonflé et menaçait de céder. La municipalité a fait expertiser les lieux, ordonné des travaux de soutènement que le syndic assure avoir réalisé immédiatement. Les habitants, sauf un, ont ensuite pu regagner leurs logements « sur recommandation de l’expert mandaté par la justice », a souligné la mairie.
« La moitié de la toiture n’était plus en place »
Deuxième occasion manquée selon Jean-François Valenti, une semaine plus tard, il participe à une seconde expertise portant sur l’immeuble voisin, 63 rue d’Aubagne, acquis par la ville de Marseille après dix ans de procédure et appartenant aujourd’hui au bailleur social Marseille Habitat. La mairie affirme l’avoir « muré et sécurisé afin d’en empêcher l’accès » depuis cette date.
Mais les lieux sont « tombés en déliquescence », ce qui a pu entraîner l’effondrement de l’ensemble selon lui : « la moitié de la toiture n’était plus en place, il n’y avait plus de fenêtres, plus de portes, et il n’y avait plus les poutres qui maintenaient (les deux immeubles voisins) et faisaient ossature », selon lui. Pour autant, aucun ordre d’évacuation du 65 rue d’Aubagne n’est donné.
La mairie, qui a avancé l’hypothèse que la pluie ait provoqué le drame, a de son côté souligné un autre élément qui témoigne de la fragilité de ces immeubles : la copropriété du 65 faisait l’objet d’une procédure judiciaire lancée contre elle par les voisins du troisième immeuble, 67 rue d’Aubagne, concernant l’instabilité d’un mur mitoyen. Marseille Habitat s’y était associé, a rappelé la mairie.