Femme égorgée à Sarcelles, arrêt de bus vandalisé... Retour sur les vrais incidents et les intox de la nuit d'Halloween
FAKE OFF•Alors que la nuit d'Halloween a été marquée par une centaine d'interpellations, les intox et les contenus authentiques entourant la nuit du 31 octobre s'entremêlent sur Twitter...Alexis Orsini
L'essentiel
- Sur Twitter, de nombreux contenus publiés sous le hashtag « #purge » relayent des vidéos de violences ou de dégradations urbaines.
- Une rumeur virale a également affirmé qu'une femme aurait été égorgée à Sarcelles (Val-d'Oise) le 31 octobre après l'appel aux violences de ces derniers jours.
- 20 Minutes fait le point sur les vidéos d'événements qui se sont bien déroulés le 31 octobre et les contenus sortis de leur contexte ou tout simplement faux.
Lyon, Sarcelles, Borny, Uckange… Sous le hashtag « #purge » ou « #Halloween18 », les vidéos d’actes de vandalisme ou d’agressions perpétrés dans différentes villes de France connaissent une viralité importante sur Twitter ces derniers jours.
Ces actes ont-ils bien été commis en France le 31 octobre, à l’occasion d’Halloween, conformément à l’incitation à commettre des violences relayée par un étudiant isérois le week-end dernier… avant de plaider une « blague » et d’être interpellé pour cette idée de « purge » inspirée de la série de films American Nightmare ?
Entre vidéos authentiques, séquences sorties de leur contexte, et pures intox, on fait le point sur la véracité des contenus les plus viraux – alors que le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a dénombré une centaine d’interpellations au cours de la nuit d’Halloween.
FAKE OFF
« Mais c’est quoi ça ??? #Purge #Halloween18 » s’interroge notamment un internaute en partageant une vidéo où l’on voit plusieurs individus, entièrement vêtus de blanc ou de noir, bloquer la route d’automobilistes pour mieux saccager leur voiture.
Dans un second tweet, il souligne qu’il n’en sait pas plus sur l’origine de cette séquence : « Pour tous ceux qui disent "fake news", je n’ai aucune information sur cette vidéo, je ne fais que relayer une information qui se trouvait sur l’application Facebook dans le but de partager à la twittosphère et non de désinformer sur ce qui s’est passé ou pas sur la #purge »
Or, cette scène de violence est bel et bien sortie de son contexte puisqu’elle a en réalité été filmée à Bâle, en Suisse, en mai 2018, lors d’un affrontement entre hooligans bâlois et zurichois. Plus précisément, la séquence montre des « ultras allemands de Karlsruhe […] s’attaquer à plusieurs voitures », comme le rapportait à l’époque 20 Minutes.ch.
A Sarcelles, l’intox d’une femme égorgée… et la reprise d’une vidéo de violences
« Une femme a été égorgée à #Sarcelles après les appels à la purge émis sur les réseaux sociaux par un adolescent de 16 ans. » Le message, en date du 31 octobre (et aujourd’hui supprimé), est signé du compte Twitter « Alertes Infos », qui prétend relayer des « infos sourcées ».
« C’est faux, il n’y a pas eu de femme égorgée à Sarcelles » indique une source policière à 20 Minutes, confirmant le démenti déjà recueilli par CheckNews et l’AFP.
« Alertes Infos » a également relayé, dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, une vidéo prétendant illustrer « des violences […] en cours contre des policiers et des passants à #Lyon, dans l'#Essonne et à #Sarcelles » avec l’« extrait d’une vidéo montrant des jeunes commettre des violences envers des policiers à Sarcelles ».
Or, à défaut de pouvoir localiser précisément la séquence en question (et de confirmer que ces violences visent des policiers), on trouve trace de cette vidéo dès le 25 octobre sur le compte Twitter « Réalité Actuelle »… Ce qui prouve qu’elle n’a pas été tournée pendant la nuit d’Halloween.
A Uckange, un lampadaire pris pour cible
A Uckange (Moselle), un habitant a filmé une scène surprenante : « Ça coupe des lampadaires à la tronçonneuse, j’ai jamais vu ça #Purge2018 ».
aContactés, les gendarmes responsables du secteur n’ont pas été en mesure de répondre à nos sollicitations. Mais le maire d’Uckange, Gérard Léonardi (PS), a confirmé la véracité de la séquence à France Bleu Lorraine Nord, le 1er novembre, en précisant qu’il s’agissait d’un « guet-apens » visant à attirer les gendarmes sur place, où ils ont été accueillis « par des cailloux et des parpaings lancés sur les véhicules ».
Toujours selon l’élu, cet évènement serait bien dû à l’appel à la purge relayé sur les réseaux sociaux puisque « le seul but était de casser du gendarme ».
Un arrêt de bus a bien été vandalisé à Borny
Une autre vidéo filmée en Moselle est devenue virale : la dégradation d’un arrêt de bus, à Borny, dans la périphérie de Metz. On y voit un groupe briser une vitre avant de jeter un pétard sur le bus de passage à l’arrêt – avec la légende « purge dans Borny ».
« [La séquence] date bien de la soirée du 31 octobre, mais il est difficile de dire si elle est liée à la purge » nous indique une source policière, précisant au passage que la société JCDecaux a déposé plainte et que la compagnie de transport concernée s’apprête à faire de même.
Ces dégradations concernent l’arrêt Provence, sur la ligne du bus Mettis, comme le montre une vidéo tournée le lendemain par un agent d’entretien déplorant les dégâts.
Des casseurs filmés à Lyon
A Lyon, les scènes filmées par Julien Damboise, journaliste à LyonMag, ont été abondamment reprises et commentées sur Twitter : on y voit des casseurs, assez nombreux, courir dans le centre-ville.
« La vidéo a bien été filmée à Lyon le 31 octobre, mais il est là encore compliqué de s’avancer sur un éventuel rapport avec la purge » souligne une source policière, confirmant en outre que « 13 interpellations ont eu lieu ».
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