Toulouse: Cent ans après, la ville honore 3.898 Poilus morts pour la France
HISTOIRE•La Ville rose a lancé de nombreuses manifestations pour les 100 ans de la fin de la Première Guerre mondiale…Nicolas Stival
L'essentiel
- Depuis ce mercredi, le bâtiment du Crédit Municipal de Toulouse accueille l’exposition « Après la guerre».
- Cette expo insiste sur les transformations de la ville à la suite du conflit, mais permet aussi d'honorer près de 4.000 Toulousains morts pour la France.
Installations artistiques, comme la prochaine illumination du Pont-Neuf en bleu-blanc-rouge, conférences, expositions… Jusqu’au 12 décembre, Toulouse se souvient de la Première Guerre mondiale, cent ans après l’Armistice. Et elle se rappelle donc forcément de ses Poilus morts pour la France. De Charles, François, Henri Abadie à François Yverseng, 3.898 noms s’affichent sur un vaste panneau à l’entrée du Crédit Municipal, rue Urbain-Vitry.
Ce bâtiment de l’hypercentre abrite depuis ce mercredi jusqu’au 18 novembre l’expo multimédias « Après la guerre ». Grâce à une tablette mise à disposition des visiteurs, ceux-ci peuvent partir sur les traces de leurs ancêtres.
Un simple nom, et le reste des informations apparaît : date et lieu de naissance, date et lieu de décès, régiment, grade… Connaître le prénom peut être utile : il y a par exemple 14 Bousquet dans cette base, élaborée à partir du Livre d’or de l'ancien ministère des pensions.
« Toulouse était éloignée du front, mais elle a aussi subi beaucoup de pertes »
« On s’est appuyés sur ce document d’archives réalisé par la ville, indique Pierre Gastou, responsable du service iconothèque et numérisation aux Archives municipales. Toulouse était éloignée du front, mais elle a aussi subi beaucoup de pertes. » Ce projet de Livre d’or a été lancé dans tout le pays suite à la loi du 25 octobre 1919. Il s’agissait de recenser les « morts pour la France » entre le 2 août 1914 et le 24 octobre 1919, sur le champ de bataille ou à cause de blessures ou maladies contractées sur le front.
Les 3.898 hommes listés à Toulouse (qui comptait 150.000 habitants en 1914) n’étaient pas forcément nés dans la Ville rose, « mais ils y habitaient lorsqu’ils ont été mobilisés », précise Pierre Gastou. Un certain Joseph Bousquet, par exemple, couché pour l’éternité à côté de ses compagnons d’armes, avait vu le jour à Barcelone et possédait la nationalité espagnole.
En outre, ne figurent dans ces données que les membres de l’infanterie (certes l’écrasante majorité des soldats), pas ceux de la marine ni de l’aviation balbutiante. En outre, les Poilus morts des suites de leurs blessures après le 24 octobre 1919 sont absents, tout comme les nombreux disparus.
Il n’empêche : cet alignement de noms rappelle une nouvelle fois l’ampleur de la tragédie. Ces données sont également disponibles sur Internet, via le portail open data de Toulouse Métropole et le site Mémoire des hommes, riche de plus de 1,4 million de fiches individuelles numérisées de soldats français morts en 14-18.
Toulouse a décollé après le conflit
Il serait dommage de passer à côté du reste de l’exposition, ramassée dans l’espace mais riche en images et documents : film sur les lieux emblématiques toulousains de la Grande Guerre, panneaux rappelant les célébrations de l’Armistice, le retour des soldats rescapés ainsi que les conséquences du conflit sur le développement de la ville (industrie, hôpitaux, aviation).
« La guerre a été une tragédie, mais elle a aussi eu un impact économique sur Toulouse, observe Pierre Gastou. C’est devenu l’une des grandes villes de l’arrière. » 100 ans plus tard, elle se souvient.