FAKE OFFNon, les proviseurs ne reçoivent pas de prime liée à la discipline

#PasdeVague: Non, les proviseurs ne reçoivent pas de prime selon leur discrétion disciplinaire

FAKE OFFDans le sillage du hashtag #Pasdevague, une rumeur affirme que les chefs d'établissement scolaire reçoivent une prime lorsqu'ils organisent le moins de conseils de discipline possible...
Alexis Orsini

Alexis Orsini

L'essentiel

  • Sur Twitter, une rumeur est véhiculée sous le hashtag #PasdeVague, initialement lancé pour dénoncer le silence observé dans les établissements autour des violences scolaires.
  • A l'en croire, les proviseurs toucheraient une prime s'ils ne déclarent aucun incident dans leur établissement ou organisent le moins de conseils de discipline possible.
  • Si ces personnels de direction touchent bien une prime indexée sur leur objectif de mission, aucune somme ne leur est versée pour leur « silence » disciplinaire, comme le confirme le ministère de l'Education nationale.

Dans la foulée des nombreux témoignages de professeurs dénonçant, sous le hashtag #PasdeVague (et sur 20 Minutes) le silence autour des violences scolaires – au cœur de l’actualité après la diffusion de la vidéo d'un élève tenant une enseignante en joue avec une arme (factice) –, une rumeur rencontre un certain succès en ligne.

Certains internautes n’hésitent en effet pas à avancer une explication au silence supposé de certains chefs d’établissement sur ce sujet. « Les proviseurs reçoivent une prime lorsqu’il n’y a aucun incident signalé au cours de l’année dans leur établissement. Étonnez-vous que les profs manquent de soutien… [… ] », affirme par exemple un tweet partagé plus de 400 fois.

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« Quand les chefs d’établissement ont une prime pour organiser le moins de conseils de discipline, signe d’un établissement calme #PasDeVague », « Les chefs d’établissement obtiennent une prime et sont bien notés pour leur carrière [s’ils] excluent peu d’élèves dans leur établissement. […] » avancent d’autres tweets.

La rumeur n’a toutefois rien de véridique, comme l’explique le personnel enseignant contacté par 20 Minutes.

FAKE OFF

Le ministère de l’Education nationale est catégorique : « Aucune prime du personnel de direction n’est indexée ou rattachée à l’activité disciplinaire du chef d’établissement ».

Bruno Bobkiewicz, proviseur du lycée Paul Eluard à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et secrétaire général du Syndicat national des personnels de direction de l’éducation nationale (SNPDEN), le confirme : « C’est complètement faux, il n’y a pas de prime au "pas de vague". On ne touche pas de prime non plus si on tient peu ou pas de conseils de discipline. »

Les chefs d’établissement peuvent bien bénéficier d’une prime, mais celle-ci se base sur des critères assez larges : « Quand on arrive dans un établissement, on fait un diagnostic de la situation sur différents points. Il en découle une lettre de mission du recteur d’académie, qui donne lieu, tous les trois ans, à une évaluation sur l’atteinte des objectifs fixés et à une part [de prime] variable, qui est en moyenne de 2.000 euros ».

Ces objectifs ne portent toutefois pas forcément sur la discipline : il peut s’agir d’une réorganisation des services administratifs, de la réussite des élèves d’une classe spécifique…

Bruno Bobkiewicz reconnaît toutefois : « Ce qui n’est pas complètement faux, c’est que le conseil de discipline fait partie des indicateurs de pilotage observés : leur nombre peut être évoqué, et on peut nous demander pourquoi il y en a eu autant. Mais l’inspecteur d’académie tient compte de la situation et des explications avancées, et il est capable d’entendre pourquoi les objectifs n’ont pas été atteints. »

La façade du lycée Charles-Tillon, à Rennes.
La façade du lycée Charles-Tillon, à Rennes. - C. Allain / 20 Minutes

« Exclure un élève, c’est reporter le problème dans un autre établissement »

Reste que la tenue d’un conseil de discipline – décidée par le seul chef d’établissement – répond à une procédure assez stricte. « On ne peut pas lancer un conseil de discipline en claquant des doigts, d’autant qu’au sein d’un établissement, tout le monde n’a pas la même vision de la sanction : le chef d’établissement peut avoir un regard différent du personnel enseignant sur une situation donnée », explique le secrétaire général du SNPDEN.

« Le conseil de discipline n’est pas un jugement personnel, ce sont des personnes qui se prononcent à bulletin secret. Il peut arriver qu’un chef d’établissement explique à un enseignant être contre la tenue d’un conseil de discipline car le contenu du dossier a peu de chance d’aboutir », précise Stéphane Crochet, secrétaire général du syndicat des enseignants SE-UNSA.

La potentielle expulsion des élèves reste en outre une décision délicate, qui n’est pas forcément la plus efficace. « Exclure un élève revient à reporter le problème dans un autre établissement. Il faut bien sûr parfois le faire mais on ne répond pas à tous les problèmes ainsi », conclut Bruno Bobkiewicz.

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