Qui est Boris Le Lay, le blogueur breton qui déverse sa haine sur Internet?
JUSTICE•La justice le soupçonne d'être l'administrateur d'un des principaux sites de la «fachosphère»...Jérôme Gicquel
L'essentiel
- Figure de la « fachosphère », Boris Le Lay a déjà été condamné plusieurs fois par la justice française.
- En fuite depuis plusieurs années, il reste pour l’heure introuvable malgré un mandat d’arrêt international émis à son encontre.
- Le procureur François Moulins veut fermer un site ouvertement raciste dont il est soupçonné d’être l’administrateur.
Boris Le Lay refait encore parler de lui. Figure de la « fachosphère », le blogueur ultranationaliste breton est aussi bien connu de la justice. Avec plus d’une dizaine de condamnations pour « injures publiques et raciales », « incitation à la haine » ou « menaces de mort », il possède un casier judiciaire pour le moins chargé. Mais Boris Le Lay, en fuite depuis plusieurs années, échappe pour l’heure à la justice malgré un mandat d’arrêt international émis à son encontre.
Selon le journal Le Monde, on le soupçonne désormais d’être l’administrateur du site d’extrême droite DemocratieParticipative.biz, qui se vante d’être « le plus lu par les jeunes blancs décomplexés ». Le site, ouvertement raciste, antisémite, antimusulman et homophobe, est dans le viseur de François Molins, procureur de la République de Paris.
« Ce qui se fait de plus radical dans la fachosphère »
Ce dernier a assigné en référé les opérateurs de télécoms afin qu’ils bloquent le site, une démarche encore inédite sur la Toile. Neuf opérateurs, dont les quatre principaux (Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free) seront donc assignés le 8 novembre au tribunal de grande instance de Paris dans le cadre de cette procédure d’urgence. Selon une note de la Direction générale de la police nationale et de la préfecture de police, « plusieurs éléments concordants » laissent penser que Boris Le Lay en est l’administrateur.
Agé de 37 ans, le Breton, originaire de Rosporden dans le Finistère, s’est déjà fait un nom depuis plusieurs années dans la « fachosphère ». « Ce n’est pas celui qui pèse le plus, certains font beaucoup plus d’audience que lui. Mais il représente ce qui se fait de plus radical avec un discours antisémite très dur et assumé », indique le journaliste Dominique Albertini, qui a cosigné avec David Doucet le livre La Fachosphère, publié en 2016 chez Flammarion.
Son site Breizh Atao déréférencé par Google
Membre du groupuscule nationaliste breton Adsav pendant sa jeunesse, Boris Le Lay a d’abord été un fervent défenseur d’Israël en fondant en 2006 l’association Breizh-Israël. Il a ensuite complètement viré de bord « en versant dans un antisémitisme débridé, tout en revendiquant son nationalisme breton », poursuit Dominique Albertini.
Directeur de l’Agence Bretagne Presse, Philippe Argouarc’h peut en témoigner. En 2010, Boris Le Lay, inscrit comme rédacteur bénévole sur le site, s’est vu soudainement retirer son accréditation. « On a découvert qu’il tenait des propos racistes et antisémites d’une rare violence sur un autre [blog] et on l’a aussitôt exclu », assure Philippe Argouarc’h. C’est à ce moment-là que Boris Le Lay aurait mis sur pied son site Breizh Atao, qui a été en partie déréférencé en 2017 par Google suite à une nouvelle condamnation du blogueur, mais reste toujours actif.
Installé au Japon ?
Échappant à la justice, Boris Le Lay serait installé au Japon. Le blogueur breton y a en tout cas séjourné plusieurs années, travaillant comme cuisinier dans une crêperie. Stéphane Péan, à l’origine de l’association des Bretons du Japon, l'a rencontré. « Le chef m’a présenté à lui. Mais le courant n’est pas du tout passé entre nous. Il était très froid et fuyant. Je voyais qu’il n’avait pas du tout envie de parler », raconte Péan, l’un des seuls à avoir croisé la route du blogueur.
A la suite de cette rencontre, il a eu droit à un billet assassin publié sur le site Breizh Atao de Boris Le Lay. « J’ai alors découvert qui était le personnage. J’avoue avoir eu un peu peur de le recroiser car des gens m’ont dit qu’ils avaient eu peur de lui », assure-t-il. Depuis, certains auraient aperçu Boris Le Lay en Bretagne. D’autres sont persuadés qu’il se cache toujours au Japon, continuant à déverser sa haine sur les réseaux sociaux. En attendant, Boris Le Lay reste toujours introuvable pour la justice française.