SOS Méditerranée: Après l’attaque de ses locaux, l’ONG annonce des poursuites judiciaires pour «rétablir la vérité»
ATTAQUE•L’ONG SOS Méditerranée, qui affrète l'« Aquarius » va porter plainte contre les membres de Génération identitaire qui avait attaqué leurs locaux début octobre…Adrien Max
L'essentiel
- SOS Méditerranée a subi une attaque par 22 personnes à son siège à Marseille le 5 octobre dernier.
- L’ONG a décidé de poursuivre judiciairement les protagonistes de cette violente attaque.
- Contrairement à son habitude, l’organisation humanitaire va poursuivre chaque personne responsable de diffamation à leur encontre afin de rétablir certaines vérités.
Une attaque qui ne restera pas sans réponse. Il est 14 heures en ce vendredi 5 octobre à Marseille, lorsqu’une jeune fille frappe à la porte d’SOS Méditerranée, l’ONG qui affrète l' « Aquarius » pour porter secours aux migrants en Méditerranée. Elle explique vouloir devenir bénévole. Mais derrière elle, 21 autres personnes dissimulées en profitent pour forcer l’entrée et faire irruption dans les locaux de l’ONG, avec force. Ils finissent par faire sortir brutalement trois membres de l’équipe, séquestrent les autres et déploient une banderole accusant SOS Méditerranée d’être « complice du trafic d’être humains ».
Sophie Beau, la directrice de l’ONG présente lors de l’attaque, raconte cette épreuve avec les traits graves.
« Nous n’avons pas pris la parole plus tôt car nous en étions incapables. La quasi-totalité de l’équipe était présente au moment des faits, nous sommes tous encore en état de choc, et certains ont eu des interruptions temporaires de travail et ne sont toujours pas revenus travailler », a expliqué Sophie Beau. »
Violence en réunion, séquestration, diffamation
Preuve des séquelles de cette violente attaque, SOS Méditerranée a choisi un lieu à l’écart du centre-ville de Marseille pour annoncer les poursuites judiciaires engagées, lors d’une conférence de presse. « Depuis notre existence, nous avons connu d’innombrables attaques auxquelles nous avons toujours refusé de répondre, pour se concentrer sur notre mission de sauvetage. Un palier a été franchi et nous sommes obligés de réagir et de rétablir certaines vérités aujourd’hui », a déclaré Francis Vallat, président d’SOS Méditerranée.
« Une information judiciaire a été ouverte pour des violences en réunion, diffusion d’images violentes, violence physique et séquestrations, ce qui caractérise bien les faits. Au-delà de l’action des 22 militants, nous souhaitons que ses poursuites soient également engagées contre le commanditaire de cette action, qui a forcément été préparée », a réclamé maître François de Cambiaire, l’un des trois avocats bénévoles de l’ONG.
Mais SOS Méditerranée souhaite aller encore plus loin en poursuivant également toutes personnes ayant fait l’apologie de l’attaque, ou ayant relayé des propos antisémites et diffamatoires envers l’ONG et ses membres.
« Nous devons remettre la vérité au centre des débats, nous avons toujours respecté le droit, c’est notre éthique, que ce soit le droit maritime international ou les droits nationaux. Nous nous sommes toujours coordonnés avec les autorités légales. Non nous n’allons pas chercher les migrants en Libye, et nous ne sommes jamais rentrés dans leurs eaux nationales. Et non, nous n’avons jamais eu de lien avec les passeurs, nous les dénonçons », a fait savoir Francis Vallat. »
« L’impunité est terminée »
L’ONG va donc déposer plusieurs plaintes « dans les prochains jours » dont une à l’encontre de Stéphane Ravier, sénateur RN des Bouches-du-Rhône. « Il déclarait que l’impunité était terminée pour l’Aquarius. En effet l’impunité est terminée, mais pour lui », a ironisé Francis Vallat.
SOS Méditerranée souhaite désormais se concentrer sur sa mission, qui passe par l’obtention d’un nouveau pavillon. « Je suis prudent à court, voire moyen terme, mais je ne peux pas croire qu’on refuse un pavillon à un bateau qui n’a jamais enfreint les règles sur le long terme », a fait savoir le président. La mobilisation continue donc.