L'autoroute A45 enterrée: Aucune annonce officielle, mais «une évidence» selon des députés de la majorité
INFRASTRUCTURE•La ministre des Transports Elisabeth Borne a reçu ce mercredi matin des députés LREM d’Auvergne Rhône-Alpes pour une réunion consacrée aux infrastructures…Elisa Frisullo
L'essentiel
- L’abandon définitif de l’A45, évoqué par l’une des députées présente à la séance de travail avec la ministre des Transports Elisabeth Borne, n’aurait toutefois pas été officiellement annoncé.
- Des solutions alternatives à l’A45 ont été sérieusement évoquées ce mercredi matin au ministère.
Le projet d’A45 entre Lyon et Saint-Etienne, très clairement menacé ces derniers mois, est-il définitivement enterré ? C’est en tout cas ce qu’a annoncé au Progrès la députée LREM de la Loire Valéria Faure-Muntian, ce mercredi matin, à la sortie d’une réunion avec la ministre des Transports Elisabeth Borne sur les infrastructures en Auvergne Rhône-Alpes. Une séance de travail organisée au ministère à Paris en présence de plusieurs parlementaires de la région, dont Jean-Luc Fugit, député de la 11e circonscription du Rhône.
« Il n’y a eu aucune annonce officielle lors de cette réunion sur l’arrêt de l’A45 », a nuancé auprès de 20 Minutes le député, opposé à la réalisation de cette autoroute en projet depuis une trentaine d’années entre Brignais et La Fouillouse pour remplacer l’actuelle A47, vétuste et en permamence saturée.
Des solutions alternatives sérieusement étudiées
Selon ce député, cette réunion de travail était destinée à travailler sur des alternatives à l’A45, comme le préconisait en février dernier le rapport Duron sur les infrastructures. « L’A45 est un projet qui n’est pas consensuel et qui ne verra pas le jour, c’est une évidence », précise toutefois Jean-Luc Fugit, rappelant que l’A45 a « du plomb dans l’aile » depuis des mois.
« Cette autoroute est une mauvaise réponse à une vraie problématique », renchérit-il, conscient comme nombre d’opposants à l’A45 que les infrastructures reliant les deux villes aujourd’hui sont insuffisantes et insatisfaisantes. Parmi les solutions alternatives à l’A45 évoquées ce mercredi avec la ministre, les élus ont notamment planché sur la réfection de l’A47, du pont de Givors et du Nœud de Ternay, et l’amélioration de la desserte en TER.
Les 400 millions d’euros de l’Etat conservés ?
Les 400 millions d’euros prévus par l’Etat pour cofinancer ce projet autoroutier, déclaré d’utilité publique en 2008, pourraient être conservés pour moderniser ou rénover les infrastructures existantes.
« L’objectif serait notamment de rendre la ligne TER Lyon-Saint-Etienne plus efficace et de doubler sa capacité d’accueil, en passant de 20.000 à 40.000 voyages par jour », ajoute le député Jean-Luc Fugit.
Les opposants heureux
Le ministère des Transports ne s’est, pour l’heure, pas exprimé sur l’abandon officiel du projet. Mais sur les réseaux sociaux, les opposants à l’A45 n’ont pas tardé à réagir. A commencer par les élus EELV de la région qui ont souligné ce mercredi sur Twitter « cette grande victoire pour l’écologie avec l’arrêt de l’A45, ce grand projet imposé et inutile ». « La mobilisation a payé ! Maintenant travaillons à des alternatives ambitieuses à la hauteur de l’enjeu climatique et des territoires ! », ont-ils ajouté.
« L’abandon du projet, s‘il est confirmé, est une très grande victoire, fruit d’une mobilisation citoyenne exemplaire », a réagi la coordination des opposants à l’A45. Ces derniers, qui ont prévu de se réunir mercredi soir, ont toutefois averti qu’ils attendaient «des garanties de l’Etat, un vrai plan B et pas du rafistolage de l’existant, A47 et TER compris. »
Les fervents défenseurs de l’autoroute devraient en revanche attendre une communication officielle d’Elisabeth Borne pour s’exprimer sur l’abandon éventuel du projet. Une issue qu’ils redoutent depuis plusieurs mois. Le 11 octobre, à l’issue d’une rencontre avec la ministre des Transports, Laurent Wauquiez avait d’ailleurs fustigé l’absence de réponses d’Elisabeth Borne sur l’A45.
« J’ai bien compris dans ses propos que l’Etat s’apprêtait à tuer l’A45 mais ce qui m’a le plus choqué, c’est l’absence de toute autre proposition, d’itinéraire de substitution », avait-il déclaré au Progrès. « Pas d’étude sérieuse pour améliorer la liaison ferroviaire, aucun montant à lui consacrer avancé, rien non plus de concret pour une solution routière alternative », avait ajouté le président LR d’Auvergne Rhône-Alpes.