DERIVESComment éviter que WEI et soirées étudiantes ne finissent en drame?

Comment éviter que les week-ends d'intégration (WEI) et autres soirées étudiantes ne finissent en drame?

DERIVESUne charte a été signée ce mercredi après-midi par les représentants d'universités, de grandes écoles et d'associations étudiantes pour mieux encadrer ces soirées...
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

L'essentiel

  • En 2017, David Marret est mort à 20 ans au cours du week-end d’intégration de son université en Bretagne. Il avait peu dormi et avait beaucoup trop bu d’alcool…
  • Frédérique Vidal a réuni ce mercredi universités, grandes écoles et associations étudiantes pour signer une charte relative à l’organisation des événements festifs.
  • Via ce texte, les organisateurs d’événements festifs étudiants, renseigneront leur programme, leur budget, les « risques accidentels liés au lieu » et la quantité d’alcool prévue.

Cela devait être une soirée mémorable pour fêter le début de sa vie étudiante, mais ce fut la dernière de sa vie. « Le 28 septembre 2017, mon cousin David Marret est décédé à 20 ans lors d’un week-end d’intégration de la faculté dentaire de Rennes », raconte Morgane Montévil.

« Lors de la première soirée, il a beaucoup bu et peu dormi. Le lendemain, nouvelle fête avec énormément d’alcool. C’est là qu’il ne s’est pas senti très bien et qu’il a été pris en charge par quelques étudiants qui l’ont mis dans une tente de repos. Et ce n’est qu’au petit matin qu’il a été découvert sans vie », complète le frère de la victime, Sébastien Marret, dans une vidéo tournée pour le ministère de l’Enseignement supérieur. « Le drame que j’ai vécu, je ne le souhaite à personne (…) David aurait pu être le frère de n’importe qui », poursuit-il.

Le combat d’une famille

Pour transformer leur peine en un message utile, les proches de David Marret ont décidé de médiatiser cette tragédie afin d’alerter la communauté éducative du danger potentiel que courraient les étudiants lors des soirées universitaires. La vidéo de Sébastien Marret fait d’ailleurs partie intégrante d’une campagne de sensibilisation «top au Danger dans les soirées d'inté ! » lancée ce mercredi par le ministère de l’Enseignement supérieur. Et Morgane Montévil était présente ce mercredi au ministère pour soutenir la signature d’une charte relative à l’organisation des événements festifs lancée par les représentants d’universités, de grandes écoles et d’associations étudiantes. « Nous nous sommes impliqués pour que ce genre de drame n’arrive plus. Un week-end d’intégration, c’est lorsque les étudiants rentrent chez eux sains et saufs », a insisté la jeune femme.

« On a envoyé beaucoup de lettres. Et pour le coup, on a eu beaucoup de réponses. Le ministère de l’Enseignement supérieur a élaboré en octobre 2017, peu de temps après le décès de mon frère, un guide d’accompagnement. Tout le monde doit avoir l’information que ce guide existe (…) », indique aussi Sébastien Marret. Ce guide a déjà été distribué à la rentrée aux étudiants en charge des week-ends d’intégration, avec des conseils pratiques. Il rappelle aussi que le fait d’amener autrui, contre son gré ou non, à consommer de l’alcool de manière excessive lors de réunions liées aux milieux scolaires et socio-éducatifs est puni de six mois d’emprisonnement et de 7.500 euros d’amende.

« Il ne s’agit pas d’empêcher l’organisation de soirées étudiantes »

La charte qui a été signée ce mercredi, constitue un outil de plus dans cette lutte contre les dérives des soirées étudiantes. Elle devra être remplie par les organisateurs d’événements festifs étudiants. Elle renseignera notamment leur programme, leur budget, les « risques accidentels liés au lieu » et la quantité d’alcool prévue. Elle encourage en outre, les responsables associatifs à suivre des formations « à la réduction des risques et aux premiers secours » ou à faire appel à des secouristes professionnels. « Il ne s’agit pas d’empêcher l’organisation des soirées étudiantes, mais d’être sûr qu’il y a une formation minimum des étudiants qui les organisent. Chaque fois qu’ils voudront de l’accompagnement, les services de prévention et de santé des rectorats devront être présents et les établissements devront aussi leur prêter main-forte », a indiqué la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal. Une initiative saluée par Morgane Montévil : « On attend énormément de cette charte. Nous espérons aussi qu’il y aura une assistance médicale active lors de ces soirées », indique-t-elle.

Sur le terrain, certaines universités et grandes écoles ont aussi mis en place leurs propres process pour mieux encadrer les soirées. Comme à l’Ensam. « Il faut dire qu’en octobre 2017, une de nos soirées étudiante s’est mal passée. Elle avait été assez mal préparée et on n’a pas su arrêter les choses à temps », reconnaît Laurent Champaney, directeur général de l’Ensam.

Seize étudiants de l’Ensam d’Angers avaient ainsi été brûlés et tatoués aux bras lors d’une soirée d’intégration. Un électrochoc pour l’équipe dirigeante qui a mis en place des procédures avec les étudiants : « On prépare désormais nos soirées deux mois en avance. On fait toujours une analyse de risques (dangers spécifiques lors de cette soirée, nombre de participants…) afin de mettre en place une prévention efficace », explique Jean-François Jung président de l’union des élèves des arts et métiers. « Et pour chaque soirée, des étudiants sont désignés pour veiller à la sécurité de leurs camarades. Sur place, ils identifient les situations à risques, s’interposent quand il le faut et appellent les secours en cas de besoin », décrit Thomas Douche, vice-président de la vie étudiante. Un système qui fonctionne bien : « La prévention par les pairs est toujours mieux vécue par les étudiants, car elle n’est pas paternaliste », commente Lila Le Bas, présidente de l’Unef. Un modèle à dupliquer donc.