«Une écotaxe déguisée»: La Bretagne se soulève déjà contre la vignette poids lourd
TRANSPORTS•Un collectif d’acteurs économiques est vent debout contre ce projet de taxe sur les camions…Camille Allain
L'essentiel
- Un collectif d’acteurs économiques est vent debout contre le projet de vignette sur les camions.
- Cette vignette a été évoquée par François de Rugy puis Elisabeth Borne pour « financer les infrastructures de transports ».
- La Bretagne craint que son isolement ne pénalise son économie, notamment l’agriculture et l’industrie agroalimentaire.
«La vignette, c’est niet. » Le collectif des acteurs économiques bretons contre l’écotaxe ne veut pas entendre parler du projet de vignette poids-lourd envisagée par le Gouvernement. François de Rugy puis Elisabeth Borne ont évoqué cette piste pour « financer les infrastructures de transports ». Le principe de cette nouvelle taxe devrait être arrêté d’ici fin octobre, pour une éventuelle mise en service en 2020.
En 2013, la Bretagne avait déjà pris la tête de l’armée partie en guerre contre les portiques écotaxe. Cinq ans plus tard, le projet de taxation des poids lourd ne passe pas mieux. « Cette vignette, c’est une écotaxe déguisée. C’est une nouvelle taxe qui va peser sur la ruralité et sur la Bretagne, mais pas seulement », peste le patron du Medef breton Joël Chéritel.
Derrière son porte-parole, c’est tout un collectif d’acteurs économiques qui crie au scandale. Pêcheurs, agriculteurs, abattoirs, transporteurs… La filière agroalimentaire, qui pèse si lourd dans l’économie régionale, ne veut pas entendre parler de cette vignette. « On n’acceptera rien. Les taxes censées financer les infrastructures existent déjà. C’est à l’État de les redistribuer », tempête Thierry Coué.
« Où est cet argent ? »
Le patron de l’antenne bretonne de la FNSEA cible notamment la hausse de 4 centimes du prix du diesel, censée pallier la suppression de l’écotaxe mais qui aurait « rapporté beaucoup plus » que les portiques pris pour cible pendant la révolte des Bonnets Rouges. « Où est cet argent ? », s’interroge le collectif.
Les craintes des professionnels portent toujours sur l’isolement de la Bretagne, qui serait la première région pénalisée par cette taxe, tant les camions y sont nombreux. « La Bretagne est une péninsule. Si on augmente les charges des agriculteurs et de l’industrie agroalimentaire, ils ne pourront pas suivre. Est-ce qu’on préfère importer des produits étrangers ? », dénonce Hervé Vasseur, président de Nutrinoë, association d’entreprises de nutrition animale.