Fessenheim: Ce qui est prévu pour l’avenir du territoire avec la fermeture annoncée de la centrale
ECONOMIE•Des annonces en faveur de l’emploi et de fiscalité ont été faites pendant le troisième comité de pilotage sur la reconversion du site de l’installation nucléaire de Fessenheim, préfigurant une signature définitive du projet de territoire en janvier 2019…Gilles Varela
L'essentiel
- Le comité de pilotage sur la reconversion du site de la centrale de Fessenheim s’est tenu jeudi en présence du secrétaire d’Etat Sébastien Lecornu.
- Déblocage d’un fond d’amorçage de dix millions d’euros pour une zone d’activités au nord de Fessenheim, avantages fiscaux, accompagnement des salariés des sous-traitants, projet infrastructures pour faciliter les mobilités, mais aucune date de fermeture précise de la centrale n’est annoncée.
La fin d’activité de la centrale de Fessenheim se profile, même si aucune date précise n’est réellement avancée. Pour autant, François de Rugy, ministre de la transition écologique et solidaire, a cependant confié jeudi sur France Info que cette fermeture n’est plus forcément liée à l’ouverture de l’EPR de Flamanville, laissant ainsi entrevoir une « fenêtre de tir » entre 2019 et 2022, avant la fin du quinquennat. Quoi qu’il en soit, depuis neuf mois, l’ensemble des collectivités et l’Etat travaillent à l’élaboration stratégique de l’avenir du territoire. Jeudi, le secrétaire d’Etat Sébastien Lecornu, en charge de la Transition écologique a, lors du troisième comité de pilotage qu’il présidait, fait part d’avancées et de confirmations significatives permettant d’envisager la signature définitive du projet de territoire en janvier 2019, même si beaucoup reste à faire.
Une mutation économique
C’est une inquiétude des collectivités à laquelle le secrétaire d’Etat Sébastien Lecornu a tenté de répondre en dévoilant le déblocage d’un fond de dix millions d’euros dès le 1er janvier 2019. Un fond d’amorçage pour aider à la reconversion économique du territoire avec notamment une zone d’activité qui sera créée au nord de Fessenheim. Une zone qui bénéficiera, comme l’ensemble de la communauté de commune de Fessenheim, d’une une fiscalité adaptée avec un versement de subventions, jusqu’à 15.000 euros par emploi créé. Insuffisant répondent certains élus locaux. « C’est l’Etat qui décide de mettre à mal un outil industriel, alors on peut s’attendre à ce qu’il s’engage un peu plus. Un plan de revitalisation sérieux, c’est de l’ordre de 200 millions d’euros, soit une demi-année de chiffre d’affaires de la centrale nucléaire », assure Raphaël Schellenberger, député (LR) de la circonscription de Fessenheim.
Pour l’heure, des terrains ont été identifiés comme sites d’accueil pour les entreprises et la viabilisation d’une trentaine d’hectares est d’ailleurs prévue dès janvier 2020. Pour piloter sa création, une société d’économie mixte (SEM) franco-allemande, chargée de l’aménagement de cette zone foncière va être créée. Ce qui « illustre que tous les partenaires ont pris la mesure de l’enjeu stratégique d’associer les parties allemandes au projet », s’est félicité Brigitte Klinckert, présidente du Département du Haut-Rhin. « Une goutte d’eau » pour Raphaël Schellenberger qui rappelle qu’il est nécessaire d’avoir au moins 100 hectares de viabilisés quand l’état n’en propose que 30.
Un point de discorde fort, la fiscalité
La commune de Fessenheim et son intercommunalité bénéficieront d’un accompagnement fiscal pour compenser la fermeture de la centrale. Elle recevra 30 millions d’euros sur 10 ans. Une annonce qui, loin d’apaiser, focalise les points de discorde. « C’est largement insuffisant, assure le maire de Fessenheim, Claude Brender. Ils donnent 30 millions qui seront repris de l’autre côté, puisque le mécanisme du FNGIR (un fonds de péréquation de taxes locales) n’est pas corrigé. Les collectivités vont continuer à payer comme si il y avait toujours la centrale, s’inquiète le maire. Il y a un taux constant pendant les trois premières années, mais après c’est dégressif et il y a les autres taxes qu’il faut payer de notre poche alors qu’elles ne faisaient que transiter par la collectivité. »
Sur le plan social, des avancées mais…
Les salariés des sous-traitants, (330 personnes), bénéficieront d’un accompagnement individuel. Mais la question sur le devenir des 1.000 emplois indirects (en temps complet), reste quant à elle entière, tout du moins tant que la reconversion du site et de nouvelles activités ne sont réellement effectives. « La centrale génère 90 millions de pouvoir d’achat des salariés sur le territoire tous les ans, soit un quart du chiffre d’affaires annuel de la centrale. C’est ça qui disparaît du territoire », déplore Raphaël Schellenberger. La discussion c’est sur la revitalisation du territoire, l’impact majeur c’est le fait qu’il y ait 1.000 emplois qui disparaissent directement et que des entreprises vont voir leur marché complètement déséquilibré, ça peut impacter plus que ce que l’on imagine aujourd’hui. »
De nouvelles Infrastructures
Dans l’optique d’améliorer la desserte du territoire et la mobilité, une étude franco-allemande sur la liaison ferroviaire Colmar Fribourg a été lancée en Septembre, avec un résultat attendu pour la fin de l’année 2018. Un point d’étape sur l’étude sera fait en novembre. D’autre part, le bouclage financier des travaux d’urgence de la desserte ferroviaire du Port de Colmar depuis Colmar a été annoncé. Cette ligne sert aujourd’hui au fret et sera capable d’accueillir les transports de voyageurs de la future liaison Colmar Fribourg. Elle desservira la future zone EcoRhena.
L’approvisionnement en énergie
Un appel d’offres photovoltaïque de 300 MW pour le département du Haut-Rhin, une première en France, et des échanges sont en cours en vue d’un lancement effectif d’ici à la fin d’année. A travers cet appel d’offres, le gouvernement a investi près 240 millions d’euros en garantissant le prix d’achat de l’électricité produite. D’autre part, en réponse à la demande des élus locaux, la concession hydroélectrique Lac Noir Lac Blanc pour installer une station de transfert d’énergie par pompage, va être relancée. Le contrat passé avec EDF va être dénoncé et les collectivités locales dédommagées.