Marseille: «L'Etat ne tient pas ses engagements», dénonce un collectif avant l'ouverture de la L2
CIRCULATION•L’ouverture de la rocade L2, attendue depuis près de 30 ans à Marseille, ouvrira en octobre…Adrien Max
L'essentiel
- Après près de 30 ans de travaux, la rocade L2 qui reliera l’A7 à l’A50 et inversement, ouvrira les 17 et 25 octobres prochains.
- Le collectif anti-nuissance L2 fait remarquer qu' « aucun » des engagements pris par l’Etat en matière de bruit et de pollution n’a été tenu.
On connaît désormais les dates d’ouverture de la L2. Cette rocade autour de Marseille, dont le projet remonte aux années 30, avant d’être finalement amorcé en 1992, ouvrira en deux temps. La mise en circulation du sens intérieur entre l’A7 et l’A50 dans le sens Aix-Aubagne s’effectuera le 17 octobre prochain, puis le sens extérieur entre l’A50 et l’A7 sera effectif le 25 octobre.
Une très bonne nouvelle pour les milliers d’automobilistes qui subissent chaque jour des kilomètres de bouchon autour de Marseille. Une moins bonne nouvelle pour les riverains qui devraient subir certaines conséquences, alors que plusieurs engagements avaient été pris par l’Etat.
« Plus de bruit qu’avant »
« La L2 participera également à améliorer la qualité de vie des habitants des quartiers traversés en atténuant les nuisances (bruit, pollution) et en développant des modes doux de circulation ; permettre le développement de modes de transports collectifs dans les secteurs traversés et, éventuellement à terme, sur le tracé même de la L2 en préservant la possibilité d’affecter une voie réservée aux bus », prévoyait l’Etat dans le projet de Loi de Finances de 2014.
Pourtant, selon le collectif Anti-Nuissances L2, qui regroupe diverses associations, l’Etat « ne tient pas ses engagements ». « Contrairement à ce qu’il était prévu, les couvertures initiales de la L2 devaient courir jusqu’à l’autoroute A7 alors qu’elle s’arrête au niveau de Saint-Marthe, soit plusieurs kilomètres en amont. Le coût de l’opération était chiffré à 400 millions d’euros et c’est passé à la trappe », détaille à 20 Minutes Richard Hardouin, président du collectif. Conséquence, les riverains subissent déjà plus de bruit qu’avant l’existence de la L2.
Mais Eric Legrigeois, directeur adjoint de la Dreal, explique que si la mise en circulation a bien lieu, les travaux ne sont néanmoins pas terminés. « Il y en a encore pour deux ans environ. La rocade est couverte à près de 50 %, les riverains sont donc moins impactés qu’avec l’ancienne route. Pour les grands immeubles qui ne sont pas protégés par des murs antibruit, des travaux d’isolations vont être entrepris », assure-t-il.
Expérimentation contre la pollution
Du point de vue de la pollution, aussi, le bât blesse. « C’est une bombe à retardement, concède Richard Hardouin. La pollution atteint 37mg/m3 de dioxyde d’azote quand la norme est fixée à 40mg/m3. Sachant qu’on est actuellement à 70.000 véhicules par jour et qu’on va allégrement dépasser les 100.000 véhicules quotidiens lors de l’ouverture totale, je ne vois pas comment les seuils pourraient être respectés. »
Eric Legrigeois considère qu’il s’agit d’un problème qui se concentre essentiellement à la sortie des tunnels, tandis que la L2 ferait baisser globalement la pollution à Marseille en désengorgeant le centre. « Nous allons mettre en place un système de ventilation en fonction des taux de pollutions à la sortie des tunnels, mais c’est encore au stade de l’expérimentation », concède-t-il.
Encore de la patience
Richard Hardouin a proposé au préfet la mise en place d’un radar de pollution, mais également la création d’une voie réservée aux transports en commun et au covoiturage. Car les modes doux de circulation sont bien insuffisants. « Pas plus tard qu’hier une mère de famille m’expliquait que le parc de la Molline, au-dessus de la L2, fermait trop tôt pour qu’elle puisse aller chercher ses enfants à pieds. Du coup elle n’a pas d’autre choix que de prendre la voiture », relate-t-il.
Cette problématique devrait aussi être gérée par la métropole et la mairie, co-financeurs du projet, d’ici deux ans selon Eric Legrigeois. L’Etat demande donc encore de la patience dans un dossier qui traîne depuis 30 ans déjà.