Elle se sentait « invincible » quand elle est arrivée à Nantes, après avoir grandi dans un village breton « où il ne se passait pas grand-chose ». Léonie, 20 ans, a malheureusement changé d’état d’esprit après une mésaventure survenue dans le tramway. « Je rentrais toute seule de soirée, il était environ 5h, se rappelle l’étudiante. Un homme a posé ses pieds sur le siège, comme pour me bloquer le passage. Il a crié, de plus en plus fort, m’a insulté, jusqu’à menacer de me violer. »

Une fois la peur passée, Léonie et sa sœur, Johanne, décident de réagir. C’est la naissance de Women Walk, un dispositif qui permet à des femmes qui ne se connaissent pas d’entrer en contact pour faire un bout de chemin ensemble. La semaine dernière, le projet a été récompensé par l’association Femmes du digital Ouest.

Plusieurs dizaines de « raccompagnements » déjà organisés

Car, en quelques mois, après que les deux sœurs ont intégré l’incubateur Maia Mater, quelque 500 Nantaises, âgées pour la plupart de 17 à 30 ans, se sont rassemblées dans ce groupe Facebook sécurisé. Elles y partagent leurs trajets à venir, en transports en commun ou à pied. Plusieurs dizaines de « raccompagnements », surtout entre le Hangar à Bananes et le centre-ville, se seraient déjà organisés.

« Women walk permet à deux ou plusieurs filles qui font le même trajet d’entrer en contact et de le faire ensemble, récapitule Johanne, 23 ans. Le but est vraiment de réduire le sentiment d’insécurité que l’on peut éprouver lorsque l’on marche toute seule dans la rue. Personnellement je regarde souvent derrière moi, je ne suis pas tranquille, quand je cherche mes clés. Tout s’envole lorsque je suis accompagnée. »

Rentrer de boîte, du ciné, du travail…

Selon les sœurs, les utilisations sont multiples. « Ça peut être après une soirée en boîte, car on ne rentre pas toujours avec son groupe d’amis, note Johanne. Mais notre outil peut aussi servir pour rentrer chez soi après le ciné, après le travail, ou pour faire du jogging. »

Sarah, 28 ans, n’a pas hésité à rejoindre cette page qui la « rassure ». Alors que l’automne débute et que la nuit va tomber de plus en plus tôt, elle dit redoubler de prudence après avoir vécu, elle aussi, une mauvaise expérience cet été. « J’étais à moins de 10 mètres de mon appartement quand je me suis fait bousculer par-derrière, se rappelle-t-elle. C’était vers Mangin, il était environ 2h du matin, je n’étais pas ivre. J’ai vu des mains venir arracher mon sac en bandoulière. Je me suis retrouvée par terre, la veste déchirée. Il est parti avec toutes mes affaires. Depuis, je suis comme tombée de mon nuage. »

Les créatrices de Women Walk pensent désormais à créer une appli, d’ici à la fin de l’année, afin de permettre une mise en relation plus efficace. Elles espèrent ainsi étendre leur réseau dans d’autres villes françaises, et pourquoi pas à l’international.