Un projet pour «interdire progressivement les véhicules les plus polluants dans les métropoles»
ENVIRONNEMENT•La ministre des Transports a levé le voile sur certaines mesures qui figureront dans la future loi des mobilités...Mickaël Bosredon
L'essentiel
- Des zones à faible émission seront censées limiter l’accès aux véhicules les plus polluants dans les centres-villes.
- La ministre des Transports souhaite aussi une évolution du Code de la route concernant les petits engins électriques urbains.
- Elle souhaite une réflexion pour ce qui touche à la livraison en centre-ville.
Après avoir annoncé, lors du Plan Climat, la fin de la voiture thermique en France pour 2040, le gouvernement s’est fixé un cap concernant le verdissement des véhicules. « Les industriels ont désormais une feuille de route et agissent pour aller vers un véhicule plus propre, et l’Etat accompagne ces transitions avec des systèmes de bonus-malus » indiquait ce vendredi Elisabeth Borne, la ministre des Transports, à l’occasion d’un déplacement à Bordeaux pour la fin de la semaine européenne de la mobilité. Elle en a profité pour faire des annonces concernant des mesures qui figureront dans la future loi d'orientation des mobilités (LOM), attendue pour octobre.
Limiter l’accès des véhicules les plus polluants au cœur des métropoles
« Un levier que l’on veut promouvoir avec François de Rugy, ce sont les zones à faible émission : il s’agit de définir des zones, qui ont vocation à s’élargir dans le temps, dans lesquelles on limite d’abord, puis on interdit progressivement, l’accès aux véhicules les plus polluants dans le cœur des métropoles. C’est un outil qui a démontré son efficacité partout en Europe, où il y en a plus de 200, alors que malheureusement en France aujourd’hui nous n’en avons que deux [Paris et Grenoble]. Cela peut être aussi l’interdiction d’accès aux poids lourds dans les centres-villes, la priorité aux petits camions propres pour les livraisons. Nous avons lancé un appel auprès de nos propres villes, et je pense pouvoir vous dire que Bordeaux répondra à cet appel. »
Présent au moment de cette annonce, Alain Juppé a préféré temporiser : « en ce moment les Bordelaises et les Bordelais sont hyper sensibles aux questions de circulation et de stationnement, donc la moindre initiative doit être calculée avec prudence… »
Développer les infrastructures pour le transport de marchandise ferroviaire
« On doit aussi se préoccuper des grands flux de marchandises, et on ne peut pas se satisfaire de la part modale du transport ferroviaire et fluvial dans notre pays. » Elisabeth Borne annonce ainsi que ce sera « une priorité du gouvernement de développer ces modes alternatifs à la route : cela fera partie des priorités de la programmation des infrastructures, et nous ferons les travaux nécessaires pour avoir des autoroutes ferroviaires. »
La ministre a aussi insisté sur la problématique du « transport de marchandises dans le cœur des villes. » « Avec le déploiement du e-commerce, qui s’accompagne d’une explosion du nombre de colis livrés, on doit s’interroger sur notre comportement individuel : est-il indispensable d’être livré en 2 h ou en 24 h ? D’échanger trois fois car finalement on souhaite d’autres couleurs pour le produit commandé ? Tout cela génère beaucoup de trafic, notamment dans le cœur des villes, il faut en avoir conscience. »
Une évolution du Code de la route concernant les engins électriques urbains
Une réflexion sur les évolutions législatives pour accompagner l’émergence des modes doux est en cours, et ces évolutions « seront dans la loi d’orientation des mobilités. » Il sera ainsi prévu que les « trottinettes électriques et autres engins électriques qui peuvent aller très vite, ne doivent pas être sur les trottoirs, mais sur les pistes cyclables ou à défaut sur la chaussée, tout en laissant au maire la possibilité de faire des ajustements. Il y aura donc des évolutions du Code la route dans cette loi d’orientation. »
Des voies consacrées au covoiturage
« Je vais encourager sur les voies du domaine de l’Etat, des voies réservées pour les transports publics et le covoiturage. » La ministre a reconnu que « cela soulève des questions, sur le respect de ces règles, sur les questions de contrôle » et qu’elle était « en train d’en discuter avec le ministère de l’Intérieur. » « Nos concitoyens attendent des réponses rapides sur les besoins de mobilité, et ma philosophie est d’agir sur des leviers de ce type-là qui peuvent se mettre en place très rapidement, plutôt que d’attendre de grandes infrastructures qui peuvent prendre un certain temps. » Clin d’œil à la LGV Bordeaux-Toulouse…
Des navettes autonomes pour les bouts de ligne et dans les territoires ruraux
Dans les territoires ruraux, « nous n’avons pas réussi à apporter de bonnes solutions c’est pourquoi nous avons d’autant plus besoin de mobiliser l’innovation » a lancé la ministre. Elle reconnaît que « ce n’est pas simple de proposer des alternatives à la voiture individuelle quand on est dans des zones peu denses » et souhaite donner, dans la loi, des outils aux collectivités « pour apporter des réponses autres que des lignes régulières de transport public, mais des solutions comme le covoiturage ou les navettes autonomes, qui peuvent être utiles autant pour les bouts de lignes dans les métropoles, que dans les territoires ruraux. »