Journées du patrimoine: Les «barquettes», ou l'art de vivre à la marseillaise
TOURISME•Pour les Journées du patrimoine à Marseille, embarquez pour une balade à bord d’une barquette, ou visitez un chantier naval spécialisé dans leur rénovation…Adrien Max
L'essentiel
- Pour les Journées du patrimoine, l’association Boud’mer propose des sorties en mer à bord des barquettes, bateaux mythiques de Marseille.
- Denis Borg, propriétaire d’un chantier naval spécialisé dans la rénovation de ces bateaux, fait également visiter son atelier lors de ces Journées du patrimoine.
La pétanque, le pastis, l’OM, la Bonne Mère… et les barquettes. Si vous vous êtes déjà promené sur le Vieux-Port de Marseille, vous avez probablement aperçu ces bateaux typiques de la ville. De formes arrondies, ils ont été importés par des charpentiers napolitains à la fin du XIXe siècle, et ont supplanté petit à petit les bateaux traditionnels de l’époque.
Les embarcations étaient à l’origine des bateaux de travail, que ce soit de pêche, de cabotage ou de transport plus long. Elles servent aujourd’hui à la plaisance.
A l’occasion des Journées du patrimoine, l’association Boud’mer propose samedi et dimanche d’embarquer à bord de deux barquettes de l’association. « Nous proposons des sorties culturelles à bord de ces bateaux classés d’intérêt patrimonial. Nous conterons leur histoire, ainsi que celle de Marseille plus généralement », explique Patrick Georges, président de l’association. Il espère ainsi « participer au maintien des barquettes traditionnelles », notamment en entretenant fréquemment ces bateaux.
aAucune nouvelle construction
S’il y en a un qui s’affaire particulièrement à maintenir en vie les barquettes marseillaises, c’est bien Denis Borg. Propriétaire du chantier naval du même nom, niché aux pieds du palais du Pharo, il est le seul charpentier spécialisé dans ces embarcations. « J’ai repris le chantier en 2001 et depuis je continue l’histoire de mon père et de mon grand-père, c’est une affaire de famille », raconte-t-il. Une histoire de famille qui s’écrit sous ce hangar bordé par les eaux, et tapis de poussières de bois.
Les gestes sont précis, le savoir-faire parfaitement maîtrisé. Denis s’affaire à glisser une fine cordelette de coton entre les lames de bois, pour imperméabiliser l’embarcation. « On refait environ sept ou huit barquettes par an, mais lorsqu’elles arrivent ici elles sont vraiment en fin de vie, il y a quasiment tout à refaire », explique-t-il.
Si Denis est autant attaché à ces barquettes, et à son métier, c’est qu’il n’y a plus de nouvelles constructions, alors qu’il n’en reste qu’environ 600 : « Par manque de place, il n’y a pas assez de crochets au port, mais aussi pour une question de coût. Nous sommes des artisans, le nombre d’heure de travail est incompressible et avec pas moins de 600 heures, imaginez le coût ». Une rénovation oscille déjà entre 30.000 et 60.000 euros.
« On prend le temps de vivre »
Ces bateaux représentent pourtant l’art de vivre à la marseillaise. « Ce sont des bateaux qui naviguent à faible allure, sur lesquels on prend le temps de vivre. C’est une démarche identitaire. Avec leur forme, ils tiennent très bien la mer et chaque bateau est à l’image de son propriétaire. Certains l’aménagent juste pour faire une petite balade, d’autres y installent une cabine pour pouvoir partir en week-end, il y en a même qui installent des gréements pour naviguer à la voile », relate Denis Borg, tout en s’afférant sur cette jolie barquette à la coque rouge.
Il est impatient, lui aussi, de recevoir du monde pour les Journées du patrimoine. Il fera visiter son atelier samedi et dimanche de 9h30 à 19h30 au public, pour partager l’histoire de ces bateaux et son savoir-faire. Une histoire qu’il a contée au président Emmanuel Macron l’été dernier, au cours d’une visite pendant ses vacances à Marseille.