PISCINE«La tête sous l'eau? Impossible» On a assisté à un cours anti-aquaphobie

Nantes: «Mettre la tête sous l'eau? Impossible...» On a assisté à un cours contre l'aquaphobie

PISCINELa piscine Victor-Jara de Rezé, près de Nantes, propose depuis cette année des séances destinées aux personnes désireuses de vaincre leur peur de l'eau...
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • Ce mercredi avait lieu la première séance contre l'aquaphobie à la piscine Victor-Jara de Rezé
  • Il s'adresse aux adultes qui ne savent pas nager, et chez qui l'eau provoque des angoisses.

Quand ses petits-enfants plongent dans l’océan, elle reste sur le sable, à les regarder s’amuser. A 69 ans, Madeleine fait partie des 15 % de Français qui ne savent pas nager. Plus qu’un manque d’entraînement, cette retraitée souffre en fait d’aquaphobie. Chez elle, c’est l’idée de ne plus avoir pied qui l’angoisse complètement. A Rezé, près de Nantes, la piscine Victor-Jara vient d’ouvrir un cours pour ceux qui, comme elle, souhaitent s’en débarrasser.

Ce mercredi midi, la séance commence dès la douche, où Denis, le maître nageur (qui a reçu une formation spéciale) s’assure que tout va bien. « C’est important car pour certaines personnes, le simple fait d’avoir de l’eau qui coule sur le visage peut créer un blocage complet, raconte Rémy Faurie, le responsable du pôle aquatique qui a décidé de mettre en place ses sessions, après avoir reçu plusieurs demandes. D’autres arrivent à se débrouiller dans l’eau, mais toujours avec beaucoup de stress. L’objectif de ces cours, pas très répandus en France, est qu’une sortie à la piscine devienne un plaisir. »

Psychologie et sécurité

Dans le petit bassin (85 cm d’eau), les exercices s’enchaînent. On fait des mouvements de bras, puis on essaye de doucement lever les pieds du sol, en se reposant sur des frites. Mais quand vient le moment d’enfoncer progressivement sa bouche et son nez, Pascal, 52 ans, panique. « Mettre la tête sous l’eau, pour moi c’est impossible, rapporte le père de famille. Quand j’étais ado, en colo au Portugal, on m’a poussé dans le bassin. Je me rappelle encore très bien de la sensation de l’eau qui rentre dans mon corps. Je pensais ne jamais remonter… »

Pour le responsable de la piscine Victor-Jara, ces cours, où l’aspect psychologique prime, ont aussi une vocation sécuritaire. Alors que le nombre de noyades a considérablement augmenté cet été, il s’agit également d’apprendre à ces novices comment bien se comporter dans l’eau. « Beaucoup de personnes aquaphobes se disent oppressées, souligne Rémy Faurie. Même si on ne sait pas nager, c’est important de savoir flotter au moment où l’on se trouve en difficulté. »

Les cours, d’une durée de 40 minutes, doivent se poursuivre toute l’année (le mercredi de 12h30 à 13h10, il reste des places). Car les progrès peuvent être très lents chez ces adultes, qui n’ont souvent jamais eu accès à une piscine ou à des cours de natation pendant leur enfance. « Mais le plus dur est fait, note Rémy Faurie. Venir affronter sa peur, c’est déjà un très bon début. »