Alsace: «Vous souvenez-vous des fractions ?», on a suivi de futurs collégiens à un stage de réussite d'été
REPORTAGE•Pour anticiper l’entrée au secondaire et (re)travailler des notions de français et de mathématiques, des élèves de CM1 et de CM2 ont droit, fin août, à des stages de réussite d’été, comme à Schiltigheim (Bas-Rhin)…Bruno Poussard
L'essentiel
- Depuis 2017, les stages de réussite d’été à destination des CM1 et des CM2 ont remplacé les stages de remise à niveau avant la rentrée.
- A coups de trois heures le matin de lundi à ce jeudi, ils sont une trentaine, à Schiltigheim (Bas-Rhin) à en profiter en petits groupes.
- Avec six instituteurs, ces jeunes élèves retravaillent des notions de français et de maths tout en préparant leur arrivée au collège.
L’heure de la récré est terminée. Mais au retour en classe, ils ne sont que quatre ce mercredi. « Vous souvenez-vous des fractions ? » demande l’institutrice Agnès Knittel. Le temps de dessiner une pizza divisée en quatre quarts au tableau, reparler brièvement des numérateurs et dénominateurs, un jeu, le Fraction bingo, est ensuite vite sorti.
Les élèves, eux, se regroupent à la même table. Une grille sous les yeux, ils cherchent le camembert correspondant aux fractions sur papier piochées les unes après les autres. Avec 5/11e, Noémia tient la première. « Comment tu as fait ? » l’interroge l’enseignante de primaire. A côté, Lyne aide Freddy : « Je t’explique, là où c’est coloré, tu peux compter. »
Un apprentissage en petits groupes et plus ludique
La rentrée est prévue le 3 septembre. Mais ces quatre élèves alsaciens, eux, ont repris dès ce lundi. Et ils ne sont pas les seuls. Dans les salles mises à disposition par le collège Rouget-de-Lisle de Schiltigheim (Bas-Rhin) – situé en zone d’éducation prioritaire –, ils sont une trentaine de futurs ex-CM2 ou ex-CM1 à profiter d'un stage de réussite en cette dernière semaine d’août.
L’occasion d’apprendre différemment, en six petits groupes et dans une ambiance plus détendue et parfois plus ludique dans leurs futurs locaux. Agnès Knittel s’en réjouit : « Les fractions, c’est un gros morceau pour eux, une nouvelle présentation des nombres. En passant par le jeu, ils comprennent souvent bien. C’est un moyen de raviver les notions avant la rentrée. »
« Des grandes dents et des verrues partout »
Autre matière, autre apprentissage ludique dans la foulée : un jogging d’écriture pour le français. Cinq minutes d’écriture libre sur un thème pour travailler, avant tout, la syntaxe. « J’aimerais que vous fassiez le portrait d’un monstre », demande l’institutrice. Et de préciser : « En écrivant, ils se remettent en route et s’exercent un peu la main. »
A quatre, chacun a le temps de lire sa production à haute voix juste après. Entre-temps, un monstre « à trois têtes, 14 pattes, plusieurs yeux » ou encore une méchante bête « avec des grandes dents et des verrues partout » ont vu le jour sur leurs cahiers. A coups de trois heures tous les matins, ces élèves reprennent en douceur jusqu’à ce jeudi midi.
Et une entrée au collège à « démystifier »
En 2017, ces stages de réussite (gratuits) ont remplacé ceux de remise à niveau (lancés neuf ans plus tôt sous un autre nom). Recentrés autour des élèves de CM2 et CM1 (à la fin de l’été mais aussi au printemps), ils visent autant à acquérir des notions manquantes en français et en mathématiques qu’à préparer l’entrée dans le secondaire. D’où l’intérêt de les réaliser, si possible, au collège.
Devant les questions (« Les casiers c’est quoi ? » ; « Le CDI c’est où ? ») et l’appréhension de stagiaires du collège Rouget-de-Lisle, l’institutrice Delphine Schmitt-Dubois a même organisé une visite mardi : « Ils avaient peur de se perdre, on a fait un jeu pour repérer bâtiments ou numéros des salles. Ça les rassure car c’est un grand saut pour eux. » Inspecteur de l’éducation nationale, Christophe Gleitz confirme : « Ces stages visent aussi à démystifier l’entrée au collège et les mettre en confiance. Ils ont le sentiment d’être là avant tout le monde, c’est une découverte privilégiée. »
Des élèves retenus par leurs enseignants mais volontaires
Dans une salle à côté, trois CM1 ont encore un an avant le collège. Mais ils travaillent, eux, d’abord l’orthographe et la structure des phrases. Les fameux COD et COI, ça vous parle ? Les compétences à revoir ont toutes été listées par leurs enseignants de l’année précédente. Ce sont eux qui les ont retenus avant de convaincre leurs parents de l’intérêt. Mais tous ces enfants sont volontaires.
Comme les enseignants, rémunérés en heures supplémentaires pour aider ces élèves à (re)gagner en confiance. « Au début, j’ai accepté pour des raisons financières, reconnaît à son tour Nadine Trautmann. Mais c’est devenu un plaisir de se remettre en route avec de petits effectifs et des enfants motivés. » Des élèves aussi plus concentrés et plus à l’aise avant la (vraie) rentrée.