VIDEO. Lutte contre les noyades: «La priorité, c'est la sécurité», des cours de natation gratuits en Gironde pour les enfants
REPORTAGE•Le conseil départemental de la Gironde propose chaque été depuis cinq ans des cours de natation gratuits à destination des 7-13 ans, sur 12 sites naturels du département...Mickaël Bosredon
L'essentiel
- Cette année, 720 enfants ont été formés sur les 12 sites départementaux.
- Il s'agit essentiellement d'initiation à la nage, pour lutter contre les noyades.
- Les noyades accidentelles sont en hausse en France, particulièrement chez les enfants.
Sur les bords du lac de Blasimon (Gironde), la série de noyades accidentelles qui a touché la France ces dernières semaines, est dans tous les esprits. Surtout chez les parents des enfants venus prendre des cours de natation. Ce domaine naturel, niché au cœur du vignoble de l’Entre-Deux-Mers, est en effet l’un des douze sites en Gironde qui accueille chaque été des initiations gratuites à la natation pour les enfants, dispensées par le conseil départemental de la Gironde pour la cinquième année consécutive.
Cette année, ce sont 720 enfants (âgés de 7 à 13 ans) ne sachant pas nager qui ont ainsi reçu des cours. « La priorité de notre apprentissage, insiste Cyril Peltier, l’un des cinq éducateurs professionnels, c’est la sécurité. Il faut que, si l’enfant tombe à l’eau accidentellement, il puisse revenir par ses propres moyens jusqu’au bord. Il s’agit d’une initiation, pour permettre de lutter contre les noyades en apprenant aux enfants à avoir confiance dans l’eau. »
« Des progrès considérables » en un peu plus d’une semaine
Roxane Bourgeois, maman de Karl, 10 ans, a conscience qu’il est « primordial » que tous les enfants « sachent nager. » « D’autant plus que nous avons, en Gironde, beaucoup de gravières où il n’y a pas de bord comme sur un lac. » Mais le sien a eu du mal à accepter de revenir dans l’eau, après une expérience « traumatisante » dans un cours de natation il y a trois ans, la technique consistant littéralement à « jeter l’enfant à l’eau ». « Cela n’était pas adapté pour mon fils. Une maman m’a parlé de ces cours du conseil départemental il y a 15 jours, et l’approche me semblait plus adéquate. »
Après avoir réussi à décrocher une place, cette habitante de Gensac est ravie. « En un peu plus d’une semaine il a fait des progrès considérables. L’éducateur est très patient avec les enfants, et s’adapte en fonction de chacun d’eux. Karl a même accepté de retourner en piscine à la rentrée du coup. » Le problème pour Roxane Bourgeois, est que la piscine la plus proche se situe soit à Libourne, soit à Bergerac. C’est-à-dire à… une demi-heure de route de son domicile.
Des sites basés dans les zones déficientes en piscines
Les douze sites du conseil départemental proposant ces cours de natation, sont précisément basés « dans les zones géographiques du département déficientes en piscine », explique Cyril Peltier. Et même au bord de l’océan, les cours sont nécessaires, et sont dispensés sur le lac de Carcans-Maubuisson.
L’initiation se déroule sur 10 séances d’une heure, du lundi au vendredi, pendant deux semaines consécutives. « La trame que nous proposons est très logique, et commence par l’immersion : il faut que l’enfant sache mettre la tête sous l’eau, détaille Cyril Peltier. Ensuite on lui enseigne l’étoile de mer, afin qu’il acquière l’équilibre dans l’eau et enfin nous terminons par la propulsion, pour qu’il puisse se déplacer. L’enseignement de la respiration est également très important pour pouvoir nager sur plusieurs mètres. »
Les enfants peuvent évidemment revenir d’une année sur l’autre s’ils le souhaitent. C’est le cas de Tom, 8 ans, présent à Blasimon pour la deuxième année, afin de consolider les acquis de la première année. « Et puis, cette fois-ci, j’apprends de nouvelles techniques, comme la nage sur le dos », se réjouit-il avant de se précipiter à l’eau.
Noyades en augmentation chez les moins de 6 ans
Selon une enquête menée par Santé publique de France, on a relevé cette année, entre le 1er juin et le 9 août, 952 noyades accidentelles en France, dont 198 mortelles. Des noyades qui sont en augmentation chez les enfants de moins de 6 ans : 255, contre 137 en 2015.
La Gironde, qui comprend 126 kilomètres de littoral et de nombreux lacs, n'a pas été épargnée par ces drames.